Après son best-seller Les Déferlantes (en cours d’adaptation cinématographique), l’auteure française Claudie Gallay publie un roman brûlant et déchirant sur l’amour et le deuil impossible. Le Festival d’Avignon sert de décor à ce corps à corps avec l’art et l’espoir.

L’écriture est-elle pour vous une île ?

( Marquant la surprise.) Peut-être, ouià Mais une île dont on sort, sinon c’est dangereux. Peu importe que l’écriture soit un jardin ou une montagne, c’est ma juste place.

Vos rituels d’écriture ?

Je me lève tôt et m’y mets tout de suite, en m’abreuvant de café et de silence. Outre cette retraite isolée, j’ai besoin d’être au contact du mouvement du monde.

Ce roman est habité par  » le destin de quelques hommes qui ont des rêves et y renoncent « . Quel était votre rêve d’enfant ?

Avoir une vie différente de celle qui était tracée. J’ai eu une enfance paysanne très belle, mais je sentais instinctivement qu’il y avait quelque chose ailleurs.

A quel rêve n’avez-vous pas renoncé ?

Il est important de ne pas trahir son rêve d’enfant. Le succès des Déferlantes m’a donné la liberté, mais je refuse d’être piégée par le confort. Il faut respecter la petite voix en soi.

Qu’évoque pour vous Avignon ?

Tout comme mes héros, la ville est belle, conflictuelle, chaleureuse, close et attachante. Je l’ai habitée et je l’ai fuie avant d’y revenir. Lors du Festival, elle se transforme en rêve, mais tous les sentiments y sont exacerbés.

Qu’elle est votre comédienne préférée ?

Fanny Ardant pour sa voix, son corps, son physique, sa présence.

Et le comédien ?

Gérard Depardieu, un Gargantua plein de fêlures, qui peut tout jouer. J’ai aussi de la tendresse pour le parcours de ce gars, venu d’un milieu modeste. Et Fabrice Luchini, qui a su faire redécouvrir des auteurs comme Céline.

Que peut sauver l’art ?

L’art étant la part de rêve qui nous permet de penser autrement, il nous sauvera.

Qu’est-ce que la beauté ?

C’est ce qui vous touche, résonne en vous et fait qu’on est vivant. Inguérissable optimiste, je vois la beauté même dans le noir.

Qui vous la procure ?

Un paysage lunaire en Egypte, Bach, Léo Ferré sur scène, Claude Nougaro, un tableau de Soutine ou mon chat endormi sur mes genoux.

De quoi vous sentez-vous coupable ?

De trop aimer, de ne pas assez aimer, de mal aimer, de ne pas donner assez de temps.

L’amour,  » impulsion brûlante  » ou déchirure ?

Une impulsion brûlante qui nous met à vif. Au fil du temps, elle se change en sentiment plus doux, plus épais.

Quand pleurez-vous ?

Quand disparaissent des êtres que j’aime. Quand quelqu’un s’en va, on est face à l’irréparable, l’incompréhensible.

Le monde est-il enchanteur ou désenchanté ?

La beauté de la nature et des animaux m’enchante dans le quotidien, mais cela me déçoit qu’on ne la préserve pas. L’actualité me met en colère : quel gâchis d’abîmer tant d’hommes !

La vie est-elle une roulette russe ?

Pour certains peut-être. Une vie est courte, mais si merveilleuse. J’ai mon anniversaire aujourd’hui. Si je perds en jeunesse, en beauté et en vitalité, je gagne en attachement et en émerveillement.

L’amour est une île, par Claudie Gallay, Actes Sud, 351 pages.

KERENN ELKAÏM

Je vois la beauté, même dans le noir.

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