Depuis la semaine dernière, les héros fou- traques de Zoolander ont retrouvé le chemin des salles obscures, quinze ans après la sortie du premier volet, et Ben Stiller a renoué avec son acolyte Owen Wilson. Leur mission ? Débusquer un tueur en série visant les pop stars et, du coup, voler au secours de la belle Valentina Valencia, incarnée par Penélope Cruz. Mais la liste des invités (de marque, dans les deux sens du terme) ne s’arrête pas là : Saint Laurent, Costume National, Haider Ackermann et Dries Van Noten, ou à tout le moins leurs collections, font aussi partie du casting. Sans oublier bien sûr Valentino, avec la complicité duquel, il y a un an, le duo d’acteurs avait fait irruption en plein défilé, surjouant les mannequins jusque dans leur démarche chaloupée, devant un parterre de journalistes, de people et d’acheteurs à la fois amusés et surpris. Quelle meilleure façon d’assurer la promo du nouvel opus, alors en plein tournage, que de profiter de ce public trié sur le volet mais bienveillant ?

Ce n’est pas un hasard non plus si Alexandre Mattiussi, fondateur du label AMI, a choisi d’ouvrir sa troisième boutique parisienne pendant la Fashion Week, en juin dernier. Une manière de renforcer la visibilité et l’emprise de sa griffe, déjà vendue dans les enseignes pointues des quatre coins du monde… et dans laquelle les femmes piochent allègrement.  » On descend dans les petites tailles, a précisé le créateur à Isabelle Willot lorsqu’ils se sont rencontrés, mais le  » fit  » reste masculin et donc particulier, les manteaux sont un peu oversize, les pulls trop larges, c’est le look qu’elles ont quand elles portent les vêtements de leur mec que les filles viennent chercher chez nous.  » Un signe qui ne trompe pas, quand on sait qu’elles ont agi de même avec le vestiaire pour gars de Saint Laurent dès qu’Hedi Slimane s’est emparé de sa direction artistique, permettant au chiffre d’affaires de la maison de doubler en seulement trois ans.

C’est que la mode à l’usage des mâles conquiert inexorablement de nouveaux territoires, s’affranchissant des codes et déconstruisant toujours plus les diktats à chaque saison. Les cantonner aux couleurs sobres et aux lignes ultraconventionnelles, c’est bel et bien fini. Et s’il y a quelques années à peine, personne n’aurait imaginé les voir arborer des teintes pastel ou des motifs fleuris, les frontières avec le dressing féminin s’estompent désormais. Derek Zoolander et son comparse Hansel devraient apprécier.

DELPHINE KINDERMANS

S’AFFRANCHISSANT DES CODES ET DÉCONSTRUISANT TOUJOURS PLUS LES DIKTATS À CHAQUE SAISON.

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