Imaginez un territoire à peine trois fois plus grand que celui de la Wallonie, où la vie sauvage se manifeste en tout lieu et à tout moment. Sur ce petit morceau de terre tropicale vivent pas moins de 5 % des espèces animales connues dont un dixième des espèces d’oiseaux qui peuplent notre planète. Le Costa Rica compte également plus de variétés de papillons que toute l’Afrique et est riche de 200 espèces de mammifères. Cette diversité animale est noyée dans un océan végétal hors du commun : les forêts costaricaines abritant 800 variétés de fougères et 1 400 espèces d’orchidées qui fleurissent depuis le rivage jusqu’au sommet des montagnes.

Cette profusion extraordinaire s’explique par la situation géographique du Costa Rica, point de jonction entre deux continents dont les espèces ont migré pendant des millions d’années. Très tôt, les Costaricains ont compris que cette biodiversité était un fabuleux trésor à protéger. Une chance unique d’attirer les amoureux de la nature. Le tourisme est ainsi devenu la première source de revenus du pays, avant la culture de la banane et du café. Au Costa Rica, les réserves et les parcs nationaux couvrent 24 % du territoire. Dans cette démocratie pacifique et sans armée depuis un demi-siècle, tout est mis en £uvre pour faciliter l’observation de la nature.

Croisière sur les canaux de Tortuguero

Même en adoptant un rythme paisible, une quinzaine de jours suffisent pour explorer ce petit pays et découvrir ses merveilles naturelles. Les milieux géographiques variés se succèdent ainsi sur des distances parfois très courtes. Le voyageur est convié à une sorte de tour du monde en accéléré, depuis les frais alpages jusqu’aux forêts étouffantes des plaines côtières.

C’est par avion que l’on accède au parc national de Tortuguero. Cette région comporte une forêt tropicale et des marécages reliés par un labyrinthe de canaux extraordinaires, situés à quelques centaines de mètres seulement de l’océan Atlantique. Des lodges, construits sur les berges du lagon de Tortuguero, accueillent les touristes tout surpris d’être passés en moins d’une heure du brouhaha de la capitale San José aux frondaisons bruissantes de la forêt tropicale. C’est à bord de barques plates que l’on part explorer les canaux du parc. Par endroits, l’épais feuillage occulte le bleu du ciel. La pénombre s’installe et l’on se régale alors du spectacle des iguanes géants, des singes hurleurs, des caïmans immobiles et des lézards Jésus-Christ qui s’élancent à grandes enjambées sur l’eau. Ce royaume de marécages et de forêts entremêlés recèle quelque 300 espèces d’oiseaux avec, en vedettes, le toucan et le cacique huppé.

Exception faite des régions difficiles d’accès comme celle de Tortuguero, le Costa Rica se visite par la route et de préférence à bord d’un solide 4 x 4. Malgré le mauvais état des voies secondaires, mieux vaut emprunter ces chemins de traverse où d’admirables paysages s’offrent ainsi au voyageur. Preuve en est, l’invraisemblable route des crêtes aux lacets vertigineux qui descend de 640 mètres de dénivellation en 15 kilomètres vers San Gerardo de Dota, un hameau niché dans une vallée riche en rivières à truites et peuplée du mythique quetzal, cet oiseau fascinant que les ornithologues du monde entier viennent observer. Son plumage émeraude irisé est si chatoyant que les Amérindiens l’ont assimilé au dieu Quetzalcóalt, le serpent à plumes. Le quetzal arbore une poitrine d’un pourpre brillant et une élégante queue formée de longues plumes. Observer cet oiseau rare et craintif est un réel privilège.

Sur la route, les paysages se succèdent sans se ressembler. Des montagnes, on accède peu à peu à de belles plages sauvages et dangereuses. Il faut en effet atteindre la région de Manuel Antonio pour pouvoir nager en toute sécurité. Depuis quelques années, cette bourgade baignée par les eaux calmes du Pacifique s’est hissée à l’avant-scène des stations balnéaires du Costa Rica. Dotée d’infrastructures, elle offre une excellente base de départ pour explorer le parc national. Des singes capucins à face blanche y sont presque à portée de main, sur les basses branches au-dessus de la plage. Plus loin du rivage, quelques coatis – charmants mammifères au museau allongé – batifolent dans les feuillages. C’est à peine s’ils aperçoivent tout près d’eux de paisibles paresseux, plongés comme il se doit dans un profond sommeil. Facile à observer, ce sympathique animal serait  » paresseux  » en raison d’une substance toxique contenue dans les feuilles dont il se nourrit et qui ralentit le fonctionnement de son système nerveux. Ailleurs de chatoyants colibris qui butinent et se chamaillent allègrement sans porter la moindre attention à cette poignée de touristes hypnotisés par la beauté de leur vol immobile, comme suspendu hors du temps. Le colibri est le seul oiseau à pouvoir voler en arrière ou à faire du surplace pour mieux se nourrir du nectar des fleurs.

La péninsule de Nicoya

Creusée d’entailles profondes, d’anses marécageuses et de baies aux plages cernées de falaises, la côte occidentale de la péninsule de Nicoya descend en dents de scie vers le sud-est. La forêt tropicale sèche se fond alors dans la forêt humide, grouillante de vie. La route non goudronnée, en très mauvais état, offre des vues grandioses sur le littoral. A proximité de Tambor, l’hôtel Tango Mar surplombe une plage splendide. Cet hôtel 4 étoiles perdu au bout du monde est tenu par une joviale Brugeoise.

Si les amateurs de farniente en bord de mer seront peut-être déçus par les plages costaricaines, tel n’est pas le cas des surfeurs. Le pays offre ainsi toute l’année une mer à 30 °C et de belles vagues, dont certaines de classe internationale. Au nord-ouest de la péninsule de Nicoya, les rouleaux de Tamarindo attirent les passionnés. On y entend d’ailleurs davantage parler l’anglais, version californienne, que l’espagnol. La vie nocturne de Tamarindo est très animée, depuis les plages où résonne, tard dans la nuit, le son de la guitare jusqu’aux bars et aux night-clubs fréquentés par les surfeurs.

A l’intérieur des terres, la nature reprend ses droits. Le Costa Rica étend ainsi son manteau végétal le long d’une épine dorsale jalonnée de volcans. Parmi ceux-ci, le cône parfait de l’Arenal. Réveillé depuis 1968, ce volcan encore jeune est réputé pour la régularité et la violence de ses éruptions. A l’ouest, la Laguna de Arenal est la plus grande étendue d’eau douce du Costa Rica. Ce lac artificiel occupe une dépression coincée entre deux cordillères. Les montagnes couleur émeraude qui le surplombent, projettent d’envoûtants camaïeux de verts sur sa surface limpide. Une véritable féerie !

Photos : Iwao Motoyama

Costa Rica en pratique, page 138.

Stéphane Disière

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