À la tête du journal de la VRT depuis quatorze ans, ce journaliste émérite met un terme à la présentation de Koppen, émission rediffusée sur La Trois, pour se consacrer à d’autres projets télévisuels. Rencontre, entre ville et nature, avec un homme de médias, louvaniste et fier de l’être.

Bien qu’il soit né à Louvain, Wim De Vilder a grandi à Tervuren.  » Je vivais au bout de la splendide avenue de Tervuren où roule toujours le tram que j’empruntais pour me rendre à l’école, à Bruxelles, se souvient-il. Les personnes qui découvrent pour la première fois ce coin du Brabant sont généralement surprises par la vue magnifique sur le Palais des Colonies et le musée qui se trouve à l’arrière. La maison de mes parents se situe dans un quartier particulièrement vert. C’était un environnement privilégié pour passer son enfance, même si je n’ai réalisé ma chance que plus tard. On allait souvent se promener et jouer dans le bois tout proche…  » Aujourd’hui, bien qu’il soit revenu dans la cité qui l’a vu naître, plus précisément dans le village de Wilsele, le présentateur-vedette a gardé cet amour de la nature.  » J’ignore si ma jeunesse y est pour quelque chose mais je constate que je suis très lié à mon jardin et en particulier à ses arbres. Ceux-ci sont plus âgés que n’importe quelle habitation de la rue « , insiste-t-il, avant de changer de sujet et de parler ville, cette fois.

Vous avez étudié à Louvain et à Gand. Cette dernière a-t-elle séduit le Brabançon flamand que vous êtes ?

Certainement. A Louvain, j’étais entouré d’amis qui, dans l’ensemble, avaient reçu une éducation similaire à la mienne. A Gand, je me suis retrouvé dans une université plus pluraliste. Du moins, elle l’était à l’époque, c’est-à-dire il y a vingt ans. Sur les bancs, je m’y suis notamment fait une amie issue d’une famille très libérale… Ces deux années passées là-bas m’ont permis d’élargir mon horizon. J’aime toujours énormément cette cité. On y voit des junkies marcher à côté de bourgeoises en manteau de fourrure. Ce genre de contraste est moins visible à Louvain.

Vous êtes pourtant retourné y vivre après vos études…

J’aime la vie à Louvain. De nombreux changements positifs sont intervenus ces deux dernières décennies. C’est une ville agréable, à la fois riche et diversifiée. Culture, shopping, restaurants : tout y est. Mais ma curiosité me pousse à voyager un peu partout et particulièrement dans des endroits étonnants et improbables. Je ne me contenterai jamais de rester ici bien que ce soit un endroit parfait pour y poser ses valises et se sentir chez soi.

Pourquoi vous sentez-vous  » comme à la maison  » à Louvain ?

Pour être bien, j’ai besoin de me sentir en sécurité. Ce sentiment de protection, je le trouve dans cette commune. Certes, elle est petite, mais l’innovation y a sa place. C’est différent de Bruges, où j’ai toujours un peu le sentiment de me promener dans un musée à ciel ouvert. J’espère que ma ville n’évoluera pas dans cette direction, bien qu’elle devienne de plus en plus nette et proprette. Aujourd’hui, elle est apaisante, mais il ne faudrait pas en faire trop. Louvain doit rester estudiantine même si la vie universitaire se déroule généralement ailleurs, dans une sorte de circuit parallèle. C’est précisément parce que cette ville accueille beaucoup de jeunes qu’elle demeure en mouvement. C’est également la présence des bâtiments historiques qui la rend rassurante. En plus, le centre est devenu piéton, ce qui donne encore davantage l’impression d’être bien chez soi. Cela dit, je ne suis pas en faveur des espaces urbains entièrement piétonniers car ils maintiennent la vie à l’extérieur de leurs murs. Je pense qu’on doit aussi pouvoir s’y déplacer en voiture.

Est-ce une ville intéressante pour sortir ?

Il me semble que oui. Je vais volontiers au restaurant et l’offre est diversifiée, même si j’entends souvent les habitants se plaindre du manque d’originalité. J’avoue que je suis d’accord avec leurs propos. Il pourrait y avoir davantage de concepts innovants, branchés, contemporains. L’audace culinaire fait un peu défaut, contrairement à Gand, où l’on s’en sort mieux de ce point de vue-là. La vie nocturne se focalise aussi sur la jeunesse. Le week-end, il ne se passe pas grand-chose. On ne trouve pas vraiment de café dansant sympa… même si je ne serais sans doute pas leur meilleur client. A dire vrai, je ne suis pas un grand sorteur. Pour une expo ou un concert, je me rends plutôt à Bruxelles ou à Gand. La distance ne m’effraie pas.

Vous vous sentez aussi bien en pleine nature…

Je fais beaucoup de sport durant mon temps libre, particulièrement de la course à pied. A proximité de chez moi, il existe quelques endroits agréables pour un jogging, comme le long du canal Louvain-Dyle. Au départ, il y a encore pas mal d’usines mais plus on s’éloigne, plus l’environnement devient plaisant. La piste finlandaise aménagée à Kessel-Lo, avec son revêtement en copeaux de bois qui rend le déplacement plus confortable, mérite aussi d’être mentionnée. Je ne suis pas un grand fan de cyclisme mais je me rends quand même au centre-ville à vélo. Il faut à peine dix minutes depuis mon domicile. Et puis, j’apprécie toujours beaucoup le parc de Tervuren. J’y vais avec plaisir et à n’importe quelle période de l’année car chaque saison a son charme. Les arbres centenaires sont magnifiques et l’arboretum, avec ses variétés exotiques, vaut le coup d’oeil. Je ne suis pas un expert en la matière mais je connais quand même le nom de la plupart des espèces indigènes. Sur place, j’observe toujours attentivement les arbres. Non seulement parce qu’ils sont très impressionnants mais aussi parce qu’ils témoignent en silence d’une tout autre époque.

Parlez-vous un dialecte local ?

A la maison, on utilisait le néerlandais courant ou du moins une langue entre les deux. Mon père était professeur de diction et tolérait peu les écarts. Mais à Tervuren, mes amis employaient une sorte de dialecte que je tentais aussi de parler. Parce que c’était cool et que les mots en français ou francisés rendaient la sonorité amusante. Ce n’était pas une langue particulièrement jolie à l’oreille mais elle était très vivante. De moins en moins de gens l’utilisent mais les vrais habitants de Tervuren savent distinguer immédiatement une personne vivant près de la place d’une autre venant de la Kapellestraat située plus haut ! Les premiers diront  » kies  » pour le mot  » kaas  » et les seconds parleront de  » kees « . A Louvain, le dialecte est toujours de mise, même si les personnes que je fréquente l’emploient peu. Mon compagnon le maîtrise plutôt bien et le parle encore de temps en temps. Une chouette expression est  » Pakt attense !  » qui signifie  » Sois prudent ! « . Un trottoir se dit  » brooë  » et un singe  » mèttekou « . Je comprends ce dialecte et de nombreux autres. Sans doute parce que mes parents sont originaires de Flandre-Orientale, que je côtoie des personnes issues de Flandre-Occidentale et que le Limbourg n’est pas très loin.

Existe-t-il une mentalité louvaniste ?

On dit souvent que Louvain est un peu le centre intellectuel de la Flandre mais je ne ressens pas ce sentiment de supériorité. De nombreux Flamands issus de Flandre-Occidentale ou du Limbourg vivent désormais ici, et au vu de cette mixité, je ne pourrais pas décrire ce que serait une mentalité purement louvaniste. Quant aux produits locaux, il est vrai que la Stella Artois est originaire d’ici mais je n’y connais pas grand-chose car je ne suis pas un buveur de bière. Je remarque aussi que la viticulture locale prend de l’ampleur. Le vin du Hageland se développe et les changements climatiques ont un effet positif sur sa production. C’est à Rotselaar, en périphérie de Louvain, que débutent les champs de vignes. C’est un autre endroit agréable où se promener.

Etes-vous un citoyen du monde, quelqu’un qui pourrait vivre n’importe où ?

Je m’adapte facilement à un autre environnement mais j’ai aussi besoin de me retrouver dans ma propre maison ou mon jardin. Je ressens souvent un besoin d’évasion et de voyages. Comme beaucoup, j’ai un jour rêvé de vivre à New York… Mais j’ai 44 ans et je ne m’imagine pas tout quitter ainsi. Non seulement parce que la qualité de vie ici est excellente mais aussi et surtout parce que j’y ai tissé des liens sociaux forts. Je reste attaché à mes racines et je ne me vois pas tout recommencer ailleurs.

Par Pierre Darge / Photos : Julien Pohl

 » J’observe toujours attentivement les arbres. Non seulement parce qu’ils sont très impressionnants mais aussi parce qu’ils témoignent en silence d’une tout autre époque. « 

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