Avec érudition et drôlerie, Juliette Nothomb nous livre chaque semaine ses recettes, tours de main et réflexions culinaires. Tout un art, brodé à petits points avec un humour bien de famille.

Non, non, non, voyons ! Ne balancez pas avec rage votre hebdo préféré contre le portait de la Tante Eusébie. Contrairement aux apparences, je ne vous insulte pas ! Je vous l’accorde, le titre de cet article ressemble, comme un frère, à la pléthore de jurons du Capitaine Haddock, au même titre que  » marin d’eau douce « ,  » bachi-bouzouk  » ou encore  » paltoquet à la graisse de trombone à coulisse « . Allons ! Vous savez bien, pourtant, que le respect du lecteur est mon steak à cheval de bataille, non ? Evidemment,  » courge du Hokkaido  » sonne un peu comme  » crétin des Alpes « . Cependant cette appellation ne recouvre tout bonnement que le débonnaire, doux et aimable potimarron.

Je ne louerai jamais assez ce légume d’automne et d’hiver que je préfère de loin à l’énorme et aqueux potiron. Alors que ce dernier prend trop vite le goût et la consistance d’une carotte trop cuite, affadie et délitée, le spirituel potimarron conserve, jusqu’au bout de la cuisson, sa saveur de carotte caramélisée conjuguée au parfum boisé et à la fermeté un chouia farineuse de la châtaigne. Comme toutes les cucurbitacées, ce sympathique et joufflu légume, avec son petit chignon de sumo au sommet du crâne, se prête allègrement à une ribambelle de recettes, des plus classiques ou basiques aux plus inédites ou alambiquées. Faites-en des soupes, des purées (avec un soupçon de curry…). Essayez-le en gratin dauphinois en alternant ses lamelles avec celles de pommes de terre. Associez-le à des moules ou des Saint-Jacques, ce gourmet les adore. J’en fais aussi un Parmentier en remplaçant la viande par des champignons (cèpes, morilles, pleurotes, Paris, etc.) revenus avec ail, persil et échalote puis nappés d’une purée pomme de terre-potimarron à 50/50, beurrée ou crémée selon vos goûts. Côté sucré, sa saveur de marron lui permet maintes associations avec épices douces (vanille, cannelle, spéculoos, muscade…), agrumes et crèmes. Tarte, flan, confit au sirop, déchaînez-vous sans complexe du moment que, tant en sucré qu’en salé, vous ne mettiez pas à mort son goût délicat par des ingrédients trop puissants comme le vinaigre (sauf le balsamique), le piment ou le chocolat noir en excès.

Côté pratique et éco, il est un peu plus cher que le potiron mais sa chair dense est plus nourrissante et il vous en faudra moins. En plus, son épluchage est facultatif car sa peau fine fond à la cuisson. Alors, et surtout s’il est bio, oubliez cette corvée, vous éviterez coupures, amputations digitales et flot de jurons (du Capitaine ?) concomitants… Va donc, eh, espèce de courge du Hokkaido !

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