Embarquement immédiat pour une croisière fabuleuse sur les traces de Darwin ! Cap sur les Galápagos… Inscrites par l’Unesco sur la liste du patrimoine mondial, ces îles volcaniques surgies de l’Océan Pacifique vous procureront des émotions extrêmes.

Sertie de volcans, couronnée par la haute silhouette du Cotopaxi (5 897 m) Quito, capitale de l’Equateur, est la première étape vers l’archipel des Galápagos. Pour atteindre ces îles, il faut traverser 1 000 km d’océan à l’ouest des côtes de l’Equateur. Surgies de la mer lors d’éruptions volcaniques il y a dix millions d’années, elles offrent un spectacle saisissant. Un soleil équatorial et des eaux marines fraîches permettent aux manchots et aux otaries de profiter de l’ombre des cactus. Ici, le mythe d’une Terre avant les hommes le dispute au rêve : on y croise les plus étranges animaux du globe demeurés sauvages, mais non farouches, car ils ignorent la crainte de l’homme.

L’archipel des Galápagos, situé sous l’équateur, se compose de dix-neuf îles et d’une quarantaine d’îlots. Il n’abrite que 20 000 habitants permanents. Mais chaque année 80 000 touristes y acquittent un droit d’entrée de 100 dollars. Depuis 1959, elles font partie d’un Parc national, longtemps considéré comme un modèle. Elles ont été tardivement découvertes û en 1535, bien avant Tahiti cependant û par un évêque de Panama, Fray Thomas de Berlanga, chargé par Charles Quint de l’informer sur la situation d’un Pérou en proie à la guerre entre Pizarro et Almagro. Les courants le dévièrent de sa route. Après 17 jours de navigation, rongés par la soif, les navigateurs accostèrent enfin aux Galápagos.

Les animaux qui peuplent l’archipel û sauf les malheureuses tortues comestibles û n’ont pas appris, en quelques siècles seulement, à considérer l’homme comme un danger. Une chance qui fait découvrir, lorsque l’on s’éloigne des points habités, des scènes dignes du jardin d’Eden. Le touriste frissonne de plaisir : il voyage dans des îles hors du temps.

Puerto Aroya, petite capitale de Santa Cruz, l’île centrale, est le centre touristique et commercial des Galápagos. C’est aussi le point de départ pour les croisières interinsulaires. Par temps de  » garua «  (brouillard), les paysages gris, entre les rocs de lave noire et le ciel floconneux, surprennent bien des visiteurs. La mer se brise en rouleaux sur des falaises hérissées d’une végétation de cactus et d’arbustes rachitiques. Mais où sont donc les tortues géantes ? Trop de corsaires, trop de flibustiers, de baleiniers sont passés par là et, aujourd’hui, l’animal emblématique des Galápagos ne peut être aperçu qu’au cours d’excursions difficiles au volcan Alcedo ou dans la partie haute de Santa Cruz. Il resterait 15 000 tortues sur une population estimée dans le passé à 250 000.

Le mythe d’un eldorado grouillant d’une faune préhistorique ne se perpétue que dans les endroits où l’homme n’habite pas. Mais, heureusement, la station de recherches Darwin veut restituer, dans un grand parc planté de cactus variés, le milieu naturel où se plaisent les  » Galápagos « . Charles Darwin, lors de sa brève escale en 1835, fut impressionné par leur gigantisme. Elles peuvent, en effet, atteindre la taille considérable de 1,30 m de longueur pour un poids de 400 kg. Le naturaliste anglais avait de plus remarqué que l’on pouvait reconnaître leur provenance grâce à la forme de leur carapace. L’isolement total des espèces a pu favoriser une  » sélection naturelle  » dominée par l’environnement et le hasard. Les tortues terrestres des Galápagos lui permirent ainsi d’étayer sa théorie évolutionniste. La publication par Darwin de  » De l’origine des espèces  » allait ainsi consacrer définitivement l’intérêt scientifique pour les Galápagos.

Pour apprécier la singularité de ces îles, rien de mieux que la croisière. Pierre Thomas, guide naturaliste belge, attend les passagers à bord du M/V  » Santa Cruz « . Ce bateau luxueux dispose de 46 cabines, d’un restaurant, d’une salle de conférences et d’un sundeck. Les touristes sont américains, européens, équatoriens. Au programme : un voyage au rythme tranquille qui conjugue découverte animalière, farniente et plaisirs de la table. Sans négliger les joies sportives. Outre Santa Cruz, cap sur trois autres îles : Isabela, Fernandina et Española à l’Est, la plus vieille île de l’archipel et la plus isolée.

Au fil des jours, on observe et photographie les colonies de fous blancs, de frégates noires, de flamants roses, de manchots et d’otaries. Dans le nord d’Isabela, après une navigation paisible dans la canal de Bolivar, on est dans le royaume des oiseaux, des dauphins et des baleines. La baie d’Urvina, sur la côte Ouest, abrite, elle, l’iguane terrestre. Couleur jaune d’or piqueté de taches rouge brique, l’animal se confond avec les sols de lave granuleuse. Un manteau de cuir doré, une crête dentée juste derrière la tête le fait ressembler aux dragons chinois. Son cou ridé et ses yeux orangés, qui regardent en coin, mettent mal à l’aise.  » Il se nourrit de feuilles, de fruits, de fleurs de cactus sans être gêné par les épines, mais aussi de placenta d’otarie ou même d’oiseaux morts, explique Pierre. Et il fait ami-ami avec le pinson de terre qui le débarrasse de ses tiques. Son cousin, l’iguane marin, aux yeux bridés et aux doigts prolongés par des griffes pointues couleur noir suie, se confond avec le basalte noir. Sa longue queue aplatie verticalement est un puissant instrument de propulsion.  »

Española (encore appelée Hood), l’île préférée des touristes ornithologues, accueille d’innombrables colonies d’oiseaux : frégates, albatros, mouettes à queue d’aronde, cormorans aptères, hérons des laves, pinsons chanteur, pinsons moqueur, buses des Galápagos. Le M/V  » Santa Cruz  » mouille dans la baie de Punta Suarez, à l’ouest, connue aussi pour son cap rocheux escarpé. Au  » trou du souffleur « , la houle maltraite violemment la couche de lave, puis l’eau de mer est éjectée par des fissures et vaporisée en hauteur. Sur le haut de la falaise, nidifient des fous à pattes bleues aux palmes de plongeurs. C’est la saison des amours et le fou mâle danse : il déploie ses ailes en arrière avec force dandinements et siffle longuement en pointant son bec pointu vers le ciel. Pendant ce temps, la femelle fait la coquette : dédaigneuse, elle rentre le bec dans son poitrail et feint d’ignorer son compagnon.

Dans la baie Gardner, au nord-est de l’île, il suffit de plonger dans les eaux turquoise pour admirer les poissons-perroquets verts et bleus, les raies dorées ou les tortues égarées qui à grands coups de nageoires semblent voler sous l’eau. Sur le fond sableux reposent de gros boudins noirs, des holothuries ou  » concombres de mer « , objets d’une pêche clandestine destinée au marché chinois. Les plongeurs confirmés franchissent les gros rouleaux qui déferlent sur la plage pour débarquer au milieu d’un cénacle d’otaries. Les femelles se prélassent sous le soleil équatorial en compagnie de leurs petits. Ici, chacun peut, comme Charles Darwin, sentir le parfum de la création du monde.

Michèle Lasseur

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