Pour les parfums émanant de Bangkok, les magnifiques édifices dédiés à Bouddha, les marchés aux fleurs ou aux poissons, les vastes demeures royales ou les décors étincelants de la côte, on peut dire que la Thaïlande vaut (au moins) mille détours.

En arrivant à Bangkok après un long trajet en avion, le voyageur est forcément un peu groggy. Une sensation qui se transforme en confusion lorsqu’il se retrouve face à face avec l’agitation de l’effervescente capitale. Le bruit des vélomoteurs se mêle aux pots d’échappement des tuk-tuks, les gratte-ciel côtoient les bidonvilles, et quand vient la nuit, les rues s’animent de plus belle pour déstabiliser encore un peu plus le touriste qui n’est pas acclimaté aux multiples contrastes d’une telle mégapole. Ajoutez à cela un thermomètre qui avoisine les 40 °C et une humidité ambiante qui atteint les 95 %, et vous comprendrez pourquoi certains voyageurs arrivent à Bangkok avec le souffle coupé.

Heureusement, les rues déploient également des arguments qui requinquent. Et qui ont le don d’ouvrir l’appétit. Après avoir acheté une bouteille d’eau à une vieille dame qui a installé son  » snack  » entre deux voitures, nous passons devant de multiples échoppes qui sentent bon les saveurs orientales, les fruits, les légumes, les poissons séchés ou même les confiseries. A côté de cela, les restaurants chics ont également leur place, imposant la ville comme un lieu où l’on peut manger à toute heure et où il est impossible de ne pas trouver son bonheur. Largement de quoi se réconcilier avec la première impression…

LA FORTUNE DE BOUDDHA

Pour continuer à apprivoiser Bangkok en compagnie de senteurs bienfaisantes, rien de tel qu’une escapade du côté du célèbre marché aux fleurs. On s’y rend en taxi boat en fin de journée, en s’arrêtant du côté du Memorial Bridge. Les couleurs s’invitent à chaque recoin : roses, bambous, orchidées ou oeillets d’Inde forment un véritable paradis floral qui s’anime de plus belle à la tombée de la nuit. Que faire de ces fleurs ? La réponse est simple : en faire des offrandes dans l’un des temples sacrés de la ville. Se rendre à Wat Pho, au sud du Palais royal, est la solution la plus plébiscitée par les touristes. Si Bangkok abrite environ 400 temples, le majestueux  » Bouddha Couché  » est sans conteste la grande star, notamment grâce à ses 43 mètres de long et sa parure entièrement recouverte de feuilles d’or. Malgré la foule, il se dégage du lieu une atmosphère de recueillement qui invite au calme et à la contemplation.

Les gigantesques pieds de la statue, incrustés de nacre, méritent une attention particulière : on y distingue les 108 états d’âme du Bouddha, qui représentent les 108 épreuves subies par celui-ci avant d’atteindre l’illumination… Pour ceux qui auraient envie de repartir avec une chance éternelle (ou presque), il suffit d’acheter quelques pièces à l’entrée du temple, puis d’aller les jeter dans des petits réceptacles de cuivre, près de la statue… et croiser les doigts. Il faut également noter que le monastère de Wat Pho est célèbre pour son école de massage. Reconnue par le Ministère de l’Education thaïlandaise, elle attire chaque année des milliers d’étudiants qui, une fois leur diplôme en poche, peuvent s’en aller exercer leur médecine traditionnelle – très réputée -aux quatre coins du globe…

TOUJOURS PLUS HAUT

Une autre manière d’élever son âme à Bangkok consiste à emprunter le skytrain qui, comme son nom l’indique, n’a rien de terre-à-terre. Il emmène ses passagers vers les centres commerciaux les plus pimpants de la ville, où les marques de luxe sont convoitées par une jeunesse de plus en plus appâtée par les sirènes occidentales. Le contraste est certes saisissant par rapport aux quartiers paisibles qui restent attachés à leurs traditions. Mais c’est ainsi que la Thaïlande se développe, essayant à la fois de conserver sa simplicité et d’offrir à ses hôtes une bouffée d’opulence. Pour le constater, il faut absolument faire un détour – céleste, à nouveau – par le Sala Rattanakosin. Ce boutique-hôtel somptueux, situé sur les rives du fleuve Chao Phraya, ne se contente pas d’être l’une des adresses les plus trendy du pays : son restaurant, dont le menu est concocté par le chef britannique Tony Wrigley, dévoile une vue imprenable sur la ville et ses temples. La combinaison parfaite entre le charme et le romantisme, l’élégance et l’harmonie des saveurs. Bonheur suprême : s’y asseoir en dégustant un rafraîchissant Mai Tai, un cocktail à base de rhum que l’on trouve dans chaque bar du pays, même si les Thaïlandais oublient soigneusement de reconnaître que le breuvage est d’origine… californienne.

ONE NIGHT IN BANGKOK

C’est encore un autre visage de Bangkok qui se dévoile lorsque la nuit s’installe, notamment dans les quartiers dits  » chauds  » qui vendent de l’excès à tout-va. Difficile d’ignorer les clubs de charme, les gogo bars, les salons de  » massage  » et autres ping-pong shows qui animent les rues sous des néons roses et rouges qui font la réputation de la Thaïlande. Le plus célèbre de ces quartiers est sans aucun doute le Patpong, situé à deux pas du poumon des affaires de Bangkok qui, lui, abrite les hôtels clinquants de la capitale. Encore un contraste : à côté du raffinement, c’est l’obscur qui attire. Certaines agences de voyage n’hésitent d’ailleurs pas à inscrire la visite de ces lieux dans leur programme, pour que les touristes puissent mieux faire connaissance avec les prostituées en uniforme d’écolière ou les fameux ladyboys. A Patpong, depuis les années 70, cette vie nocturne bat son plein, malgré son côté parfois très glauque qui en fait l’un des attrape-touristes les moins sensuels d’Asie. A côté de cela, ce sont les marchés nocturnes qui mènent la belle vie sous les étoiles : t-shirts, lunettes de soleil, CD’s ou produits cosmétiques s’y arrachent à des prix qui défient forcément toute concurrence… puisque tout est contrefait.

DESTINATION AILLEURS

Il faut évidemment quitter Bangkok pour apprécier d’autres curiosités thaïlandaises qui ne ressemblent en rien à des contrefaçons. Une petite faim ? Prenez donc la direction de Samut Songkhram, situé à une petite trentaine de kilomètres de la capitale. Le voyage en train vous laissera des images surréalistes dans la tête : on y croise des maraîchers dont les devantures sont placées au bord des rails et qui, à chaque départ ou arrivée de train, voient leurs  » boutiques  » trembler. Une épopée déroutante, mais qui vaut le détour : à Mahachai, c’est tout simplement le plus grand marché traditionnel de Thaïlande qui régale les visiteurs. Si on y trouve un peu de tout (sarongs, meubles en osier, poteries…), la nourriture y est reine. Les plus aventureux testeront les grenouilles ou les insectes. Les plus sages se contenteront de la spécialité locale : les fruits de mer. La variété et la quantité disponibles sont hallucinantes, et l’on peut même voir les pêcheurs décharger leurs produits du jour, le long des petites échoppes qui bordent la rivière. La devise du lieu est simple :  » Tout ce qui nage, nous en avons !  » Et même si la Singha, bière blonde locale, ne nage pas, ils la servent aussi…

VOIES ROYALES

Le palais de Bang Pa-In, lui, se trouve à environ 70 kilomètres au nord de Bangkok, sur les rives du Chao Phraya. Ancienne résidence royale, il constitue un pèlerinage pour les familles thaïlandaises. Mais il est aussi ouvert au public qui, le temps d’une excursion, peut apprécier une superbe architecture mélangeant les styles chinois, thaï et même victorien. Les étangs et les jardins luxuriants forment un décor apaisant, tout comme le célèbre  » pavillon flottant  » dont la construction a été entamée sous le règne du roi Rama V, vers 1880. L’occasion de souligner qu’en Thaïlande, la famille royale occupe une place primordiale dans les esprits : le couple formé par le souverain actuel Bhumibol Adulyadej et son épouse Sirikit Kitiyakara est d’ailleurs affiché sur les murs de nombreux restaurants ou lieux publics. Il faut dire que Rama IX règne depuis 1950 et qu’il est actuellement le plus ancien chef d’Etat en exercice du monde…

Un peu plus loin, Ayutthaya est tout simplement incontournable. Cette ancienne capitale du Siam, qui hébergeait jadis un million d’âmes, a conservé de nombreux vestiges de sa longue histoire, parmi lesquels des temples admirables. Fondé en 1350, puis détruit par les Birmans quatre siècles plus tard, le lieu est aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Parmi ses trésors : Wat Phra Sri Sanphet, un temple gardé par trois chedis (édifices religieux, équivalents des stupas bouddhistes) renfermant les cendres d’anciens rois, et dont la beauté a d’ailleurs servi de modèle à la construction de nombreuses demeures royales à travers le pays.

SOUPÇON DE RÊVE

Bien entendu, pour rendre le tableau encore plus idyllique, rien de tel qu’une petite escapade du côté de la Thaïlande  » balnéaire « , dans le sud-ouest. A ce titre, la province de Phuket et ses îles de rêve ont beaucoup à offrir. Les plages de sable blanc, mêlées aux paysages verdoyants, garantissent l’émerveillement. Bien sûr, on n’oublie pas que Phuket fut ravagé par le tsunami de 2004, mais les traces de la catastrophe ne demeurent plus qu’à de rares endroits. Pour s’en convaincre, il faut s’aventurer dans les recoins de ce petit paradis, à la découverte des coins précieux, des lagons bleu azur et des eaux cristallines de la mer d’Andaman. Les plongeurs s’y régalent, tandis que les autres profitent paisiblement d’une cure de soleil à deux pas des coraux.

A ne pas manquer ? Une excursion en jonque vers la baie de Phang Nga et, bien sûr, un petit détour par Khao Phing Kan où, un beau jour, James Bond dégaina son fameux pistolet d’or. Pour info, c’est également dans ce coin-là, et plus précisément sur l’île de Koh Phi Phi, que Leonardo di Caprio fut épris d’une furieuse envie de liberté dans le film La Plage. A la vue du décor, on peut facilement le comprendre…

PAR LINDA ASSELBERGS

Il faut aussi quitter Bangkok, pour apprécier des curiosités qui n’ont rien de contrefaçons.

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