Pour la troisième saison, la mannequin sera l’ambassadrice du maroquinier Longchamp. Une belle façon pour la marque française d’affirmer son sens de la modernité.

Longchamp a plus d’un tour dans son sac. Automne 2005 : le top model Kate Moss fait la Une de tous les tabloïds britanniques. Alors que les grandes marques rompent (temporairement) leurs contrats avec Kate Moss, le maroquinier français l’engage comme égérie. Printemps dernier, à New York : c’est encore la vénérable maison qui crée l’événement en installant sa centième et plus grande boutique au monde, entre Chanel et Burberry, dans ce quartier de SoHo trusté par tous les géants du luxe. A cette occasion, elle édite une collection de bagages avec le trépidant designer Jeremy Scott. Et, dans la foulée, annonce ses débuts dans le prêt-à-porter pour cet automne. Côté publicité, pour la troisième saison d’affilée, elle rempile avec le top anglais pour sa campagne, dont Weekend Le Vif/ L’Express dévoile en avant-première le  » making of « de la prise de vues avec le photographe Mario Sorrenti. Provocatrice et opportuniste, la griffe Longchamp ? Disons plutôt inspirée, audacieuse, et finalement unique. A l’aube de ses 60 ans (en 2008), cette entreprise familiale serait même une exception française, voire un modèle d’indépendance et de réussite (200 millions de chiffre d’affaires en 2006).  » Si nous avions appartenu à une société cotée en Bourse, l’annonce de notre signature avec Kate aurait fait s’effondrer l’action « , lance Sophie Delafontaine, directrice de la création. Et son frère Jean Cassegrain, directeur général, d’ajouter :  » Notre boutique de SoHo est également un projet qui ne relève pas des stratégies financières habituelles des grands groupes.  » Avec leur frère cadet Olivier, responsable du marché américain, ils forment un trio animé d’une douce folie entrepreneuriale. A leur décharge, il faut dire que l’audace est génétique chez les Cassegrain ! Leur grand-père Jean, propriétaire d’une  » civette  » (NDLR : débit de tabac à Paris) sur les grands boulevards parisiens, a commencé, en 1948, avec une gamme d’articles pour fumeurs griffés du nom du célèbre champ de courses. Contre toute attente, ses pipes gainées de cuir deviennent rapidement un must have. Dans les années 1960, de la petite maroquinerie vient étoffer les collections. En parallèle, son épouse a l’idée d’ouvrir la première boutique de bagages  » duty free  » dans l’aérogare du nouvel Orly. On ne la prend pas au sérieux. Depuis, le commerce sous douane est devenu une manne pour toutes les marques de mode à l’international.

Dans les années 1970, leur fils Philippe reprend les rênes de Longchamp et, bon sang ne saurait mentir, il commence par lancer des bagages souples réalisés avec la toile de Nylon utilisée pour les tapis de sol de l’armée. Premier succès. Puis des sacs à main, dont le célèbre modèle Bambou, reconnaissable à son système de fermeture représentant un petit morceau de roseau. Autre succès ! En 1993, la même toile est utilisée pour créer une ligne de bagages d’appoint. Ce sont les fameux Pliage, qui ne prennent pas de place au fond de la valise à l’aller et que l’on rapporte bourrés de souvenirs. Ils se déclinent en trois formats et quinze couleurs, et il s’en vend aujourd’hui 1,5 million par an, tous fabriqués en France dans l’une des six usines de la marque.

 » Ces dernières années, il était néanmoins important d’inscrire nos produits dans un univers de mode « , résume Sophie Delafontaine.  » Aujourd’hui, ajoute Jean Cassegrain, une femme n’achète plus un sac par besoin, mais par envie.  » Et, pour susciter cette envie, Longchamp se défoule en créations. Formes multiples, variétés de matières et palette de coloris à n’en plus finir : ses collections comptent 2 500 références. Pour le prêt-à-porter, c’est Rosemary Rodriguez, ex-directrice artistique de Paco Rabanne, qui a imaginé une mini-collection de trenchs, blousons et petits hauts en maille. Le tout rehaussé de clous, brides et détails en cuir qui reprennent les codes des sacs Longchamp, à la manière des griffes de mode qui détournent à tout-va leur logo sur de la maroquinerie… La réponse du berger à la bergère !

Frédéric Martin-Bernard

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content