Barbara Witkowska Journaliste

Les plus intrépides osent l’expérimentation. Avec, pour seule consigne, de ne pas chercher à imiter ou à reproduire des modèles d’autrefois. Très à l’aise dans notre époque technique et numérique, en phase avec notre environnement urbain cadencé et obsédé par l’image, ils explorent des voies nouvelles, s’emparent de matériaux parfois insolites, cherchent l’inspiration dans l’architecture et dans les technologies les plus pointues. De cette réflexion nouvelle naissent des £uvres d’art en miniature, parfois d’une complexité extrême, animées d’une double vie. Celle d’embellir la femme, certes, mais aussi celle de pouvoir mener leur propre existence, en tant qu’objet en soi, ornemental ou décoratif.

Bernard François marie or jaune, aluminium et acier inoxydable et interprète l’univers de l’électronique et de la mécanique d’une façon très personnelle pour construire des bracelets et des pendentifs sophistiqués avec une minutie et une précision dignes des maîtres horlogers. Résolument tourné vers le IIIe millénaire, Patrick Marchal pratique un langage graphique. Ses bijoux, abordés comme une représentation symbolique de la complexité du tissu social, mêlent argent, titane, cuivre, acier inoxydable et laques. Joaillier  » classique « , Michel Delpérée applique son savoir-faire hors des sentiers battus. L’or s’associe ainsi à des matériaux plus masculins, tels l’acier, l’aluminium et le silicone. Ses joyaux sont d’une technicité et d’une structure débordantes, que des lignes parfaitement maîtrisées viennent assagir. Laurent Diot enregistre des ambiances de la ville, capte des jeux de perspectives, assimile des géométries rigoureuses. Or, Plexiglas et titane, notamment, forment des compositions très élaborées où chaque élément est mis en valeur, comme un écrin. Fidèle à sa philosophie, Christian Wuytack poursuit ses recherches sur les multiples facettes de l’émail et ses possibilités d’application sur différents supports (or, argent et cuivre). Inspirées de l’univers des fleurs, ses créations sont des  » objets polyvalents « . Lorsqu’ils ne sont pas portés, broches et pendentifs s’exposent sur une étagère ou sur une table.

Les bijoux qui font la différence

Christine Keyeux s’empare du papier et l’élève au rang d’£uvre d’art. Interprétant les techniques ancestrales chinoises, elle perce l’histoire et le langage des papiers de toutes origines : hongroise, autrichienne, japonaise ou chilienne. Ses bijoux aux formes géométriques trouvent une grâce, une douceur, un  » je-ne-sais-quoi  » de féminin, que les lignes droites n’autorisent pas toujours.

Ayant travaillé longtemps en solo, Hubert Verstraeten a aujourd’hui lancé l’Atelier Verstraeten. Seul ou avec la complicité d’autres créateurs, il s’attache à développer des bijoux en acier ou en or et acier hors norme et hors du commun, les bijoux qui  » étonnent, qui irritent, qui interpellent, qui provoquent la curiosité, tout en restant commercialement accessibles « . Dernière-née, la bague Multiple a été créée en duo avec Annette Lechler. Ronde ou carrée, elle se veut ludique et humaine. Entièrement articulée, elle se plie et se déplie dans tous les sens, se prête à nos gestes machinaux qu’on répète à l’infini, pour faire passer le temps.

Johanne Riss accompagne ses créations rares, singulières et pourtant si féminines, de bijoux  » qui n’existent nulle part.  » La collection joaillière Force for Two réunit une bague simplissime qui entoure deux doigts (or, argent ou diamants) et un bracelet étonnant qui épouse la paume et le dos de la main. Plus  » fantaisie « , les bijoux de fête comprennent des accessoires pour la tête, des colliers et des bracelets. Un déluge de pierres semi-précieuses très pâles et de perles coulent comme de l’eau très pure sur les cheveux, les décolletés ou les poignets.

Dans une superbe maison du XVIIe siècle, à deux pas de la Grand-Place à Bruxelles, Mei Lee a trouvé un cadre de rêve pour ses créations simples, tactiles, à l’aspect fragile de papier ou de soie froissé. Un fil d’or se love autour du cou et crée un singulier collier mouvant et ondoyant. Ravissants aussi, ces bijoux travaillés selon la technique japonaise  » moukoume  » consistant à souder l’or dans l’argent, comme dans la gravure. Un univers très séduisant qui préfère la finesse à l’ostentatoire.

Quand le bijou flirte avec la mode

D’autres créateurs suivent avec bonheur la filière de la mode vestimentaire. Inspirés de la nature ou des tendances du prêt-à-porter ces bijoux sont faciles à porter au quotidien et ajoutent un plus à toutes les tenues. Pour fêter le 10e anniversaire de sa griffe, Christa Reniers a imaginé la collection Rainbow, une bague en or composée de 5 ou 8 anneaux, en perpétuel mouvement et ornés chacun de pierres semi-précieuses de tailles différentes. Travaillées en argent ou en or (sur commande), finies à la main, ses pièces ont pour source d’inspiration le cercle, la courbe, les formes organiques et le monde végétal. Thèmes intemporels, redessinés, réinventés à chaque collection. Ni bijoux objets, ni bijoux parures, Christa crée des  » bijoux-à-vivre  » qu’on a envie d’adopter au quotidien. Eva Maldoy pour Onno sculpte, dompte et maîtrise l’argent. Ses formes puissantes, brutes et affirmées s’inspirent de la nature et ne manquent pas de courbes, donc de féminité. Les créateurs d’Eden suivent la tendance antique et exotique et proposent une collection placée sous le signe du soleil. Un disque en argent, gravé de géométrie un peu mystérieuse, interprète un collier, un bracelet et des bagues.

A l’opposé, d’autres créateurs se veulent plus exubérants, plus généreux et multicolores. Pile-poil dans la tendance ethnique, Rosa Lucia pare les décolletés, les poignets, mais aussi les tailles, les bras et les jambes, avec une profusion de pierres semi-précieuses brutes ou taillées, de perles de verre, de rocailles, de turquoises, de plumes, d’éléments en bronze et de cristaux Swarovski. La même opulence se retrouve chez Cécile Clou avec ses collections pour Clair de Femme. Abondance, couleurs et sensualité, pour exaucer nos rêves de princesses des Mille et Une Nuits.

Carnet d’adresses en page 228.

Barbara Witkowska

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content