Allergiques aux chaussettes et aux chaussures, les adeptes du barefooting gagnent doucement l’asphalte des villes. Bienvenue dans la nouvelle secte des va-nu-pieds !

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBf radio).

L e pont des Arts, à Paris, sera-t-il bientôt rebaptisé le pont des Pieds ? Saugrenue, la question mérite toutefois d’être posée depuis que cette passerelle située entre la Cour Carrée du Louvre et l’Institut de France est devenu le rendez-vous des va-nu-pieds heureux et fiers de l’être. En clair : les gens qui s’y donnent régulièrement rendez-vous ont la particularité de détester les chaussures et de parler volontiers de leur passion pédestre. Naturistes du bout des pieds, ils sont toutefois habillés (presque) comme vous et moi au-dessus du mollet. Bref, l’ordre public n’est pas perturbé (aucune loi n’interdit, en effet, de se promener pieds nus en ville), mais leur façon d’être en interpelle évidemment plus d’un. Car à quoi bon, finalement, se promener sans chaussures ni chaussettes sur la voie publique ?  » Pour se sentir libre et mettre en valeur cette partie trop souvent cachée de l’anatomie !  » clament en ch£ur les fervents va-nu-pieds sur leurs blogs passionnés. Car les adeptes de cette tendance singulière, que l’on appelle  » barefooting  » en anglais, ont évidemment leurs adresses Internet. Ainsi, sur www.anadine.com, le plus prisé des sites français en la matière, c’est tout un hommage à la voûte plantaire qui est ici rendu. Interviews, témoignages, événements, livre d’or… Les fanas du talon dénudé ne savent plus où donner du pied. Mieux, il y a même une rubrique mode ( » Fashion for feet « ) à l’attention des plus coquets. Car le vrai barefooter ne laisse jamais ses chevilles ni ses orteils complètement nus. Bagues, bracelets indiens, chaînettes en or, cordons de cuir… La panoplie est large et plutôt raffinée. Sans oublier, bien sûr, les tatouages (temporaires ou non) à placer de manière subtile sur cette partie du corps. Mais le nec plus ultra de l’élégance pédestre reste toutefois les  » sandales pieds-nus  » ( sic). Des espèces de vraies-fausses chaussures  » inversées «  qui laissent la plante des pieds intacte mais qui donnent toutefois l’illusion aux non-initiés que le propriétaire est bel et bien chaussé. L’intérêt ? Il est double. D’une part, ce petit bout de cuir ou de tissu met joliment en valeur l’objet du désir de tous les barefooters et, d’autre part, il permet surtout aux va-nu-pieds d’entrer dans des boutiques, des restaurants ou encore des musées sans le moindre problème. Car le pied totalement nu est encore et toujours mal perçu en ville. Et avec cet artifice  » vestimentaire « , ni vu ni connu, on entre sans s’attirer les foudres de la commerçante ou du portier de service. Cela dit, le mouvement  » pieds libres «  gagne du terrain. Même s’il n’existe pas encore un ersatz de pont des Arts à Bruxelles (je propose l’avenue Louis Piérard, la rue des Plantes ou encore la gare de Calevoet pour un premier rendez-vous, vous me suivez ?), les adeptes du barefooting se multiplient. D’ailleurs, sur www.anadine.com, on dénombre quelques témoignages belges et, sur l’asphalte de la capitale, quelques va-nu-pieds se croisent déjà ici et là. Légitime, cette envie d’un naturisme très modéré est non seulement le reflet d’un acte profondément universel (se déchausser pour se sentir libre tout simplement), mais surtout l’avant-goût d’un certain revival hippie que l’on constate déjà dans le monde de la mode et de la musique. Affaire à suivre, donc. A la trace, cela va de soi.

Frédéric Brébant

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content