Etre connecté partout, tout le temps, sans le moindre fil encombrant. Tel est le pari du Wifi, nouvelle cyber-drogue à long terme.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur la Première (RTBF radio).

L a tendance s’est bel et bien vérifiée. Au début de l’année 2003, nous vous annoncions ici même l’émergence d’une véritable révolution technologique étrangement baptisée Wifi ( lire Weekend Le Vif/L’Express du 17 janvier 2003). Deux syllabes en i pour désigner  » wireless fidelity  » et résumer ainsi l’accès à Internet sans fil. A l’époque, le mouvement était frémissant et laissait présager le déploiement d’un véritable réseau où chacun pourrait ouvrir son ordinateur portable pour surfer librement, sans devoir brancher le moindre câble, au gré des bornes relais installées ici et là. Qu’en est-il un an plus tard ? La révolution est en marche et le mot Wifi est entré dans les m£urs. Mieux, les hotspots (comprenez les endroits étiquetés  » sans fil « ) se multiplient comme des petits pains et on ne compte plus les dizaines d’aéroports, les centaines de gares et les milliers d’hôtels qui proposent aujourd’hui ce service précieux. Idéal pour l’homme d’affaires qui ne se sépare jamais de sa fidèle machine ! D’ailleurs, les constructeurs d’ordinateurs portables ont bien compris l’envergure de l’enjeu et intègrent désormais la technologie Wifi au c£ur même de leurs appareils (ce qui n’était pas le cas il y a quelques mois à peine). Sensibilisé au nomadisme ambiant, le monde du business a complètement emboîté le pas de la facilité et encourage même la colonisation progressive du Wifi au sein des entreprises. Dernier exemple en date : la Tour Sears à Chicago (actuellement le plus grand building des Etats-Unis) équipera bientôt ses 110 étages de ces fameuses bornes relais. Dans les couloirs, les ascenseurs, les bureaux, les salles de réunion et même les toilettes, chacun pourra donc explorer la grande toile et envoyer ses e-mails sans aucun tracas de connexion. Résolument en vogue, cette envie de liberté technologique est d’ailleurs reprise par le secteur des loisirs qui en fait même un argument de vente supplémentaire. Ainsi, le flambant neuf paquebot  » Queen Mary 2  » se targue aujourd’hui d’être le plus gros hotspot flottant, tandis que McDonald’s annonce une couverture Wifi dans quelque 400 fast-foods rien qu’aux Etats-Unis. Ne pas perdre de temps en mangeant : un slogan qui pourrait séduire l’homme d’affaires pressé toujours avide de zones opérationnelles (à ce propos, l’adresse www.intel.com/francais/home/unwire est incontournable pour débusquer les endroits  » sans fil  » de la planète). Dans ce désir paradoxal d’être physiquement débranché pour mieux être connecté au monde, il est probable qu’un nouveau sentiment de dépendance s’installe progressivement.  » Jamais sans mon portable  » pourrait même être la philosophie de cette nouvelle addiction informatique qui mélangerait bizarrement les sentiments de liberté absolue et d’insatiabilité cybernétique. A l’avenir, il est même certain que cette envie de Wifi à tout prix envahisse les domiciles privés. Pourquoi faire ? Il y a mille et une raisons valables : préparer le repas avec le portable posé sur le plan de travail de la cuisine en étant connecté sur un site spécialisé (truffé, bien sûr, de séquences vidéo de démonstration) ; participer au concours d’une émission télé, via son site Web, en restant confortablement installé dans le fauteuil du salon ; envoyer et recevoir des mails tout en bronzant paresseusement dans le jardin, voire même û pourquoi pas ? û en prenant son bain, etc. Lentement, mais sûrement, l’homme du XXIe siècle s’annonce plus  » (dé)connecté  » que jamais.

Frédéric Brébant

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