Vous dénoncez l’américanisation de la culture française. A vos yeux, est-ce un effet de mode ou une tendance irréversible dans nos sociétés francophones?

C’est un effet de mode qui peut devenir irréversible dans la mesure où il n’y a pas vraiment de sursaut de résistance. Moi, j’aime la mixité et la diversité culturelle, mais je n’aime pas l’abâtardissement. Ma patience a été mise à rude épreuve et je trouve que cela ne s’améliore pas. Mais ce n’est pas nécessairement foutu. On n’est tout de même pas obligé de prendre le mot e-mail pour le mot courriel! Dans mon dernier livre, j’attaque donc la France sur ce terrain-là pour mieux la défendre. Je veux créer la discussion pour faire réagir un certain nombre de Français et de francophones.

On vous connaît également pour vos combats en faveur des femmes. L’étiquette féministe ne vous dérange-t-elle pas?

Cela ne me dérange pas du tout parce que je ne suis pas française. En France, quand un homme dit qu’une femme est féministe, cela veut dire quasiment qu’elle est frigide. En tant que Québécoise, je n’ai donc aucun problème avec cette étiquette, sauf que je n’ai jamais été militante. J’ai toujours prêché par l’exemple. Le militantisme a été assez radical au Québec et moi, je me suis un peu tenue en marge de cela parce que je suis journaliste et que je ne milite pour aucune cause.

Partagez-vous cette pensée de La Bruyère :  » Les femmes vont plus loin en amour que la plupart des hommes, mais les hommes l’emportent sur elles en amitié « ?

( Silence.) C’est vrai parce que les femmes sont prêtes à perdre leur amitié pour l’amour.

Les femmes ne sont-elles pas, en définitive, plus mesquines que les hommes en amitié?

Dès qu’un homme surgit, les femmes sont en compétition entre elles. Elles veulent à tout prix qu’on les aime. Mais moi je leur dis : il faut d’abord être respectée. L’amour vient après le respect. Cela dit, il existe aujourd’hui un nouveau phénomène dans toutes les sociétés occidentales qui est la solitude volontaire des femmes. C’est un phénomène irréversible qui n’annonce rien de très réjouissant pour l’avenir de la famille et de la vie amoureuse au XXIe siècle.

Si, demain, on vous offrait l’opportunité d’être un homme, à qui aimeriez-vous ressembler?

Je ne peux pas m’imaginer en homme. Parce que les hommes ne sont pas assez bien dans l’émotion. Et moi, c’est ce qui me donne le goût de vivre. Rares sont les hommes qui peuvent se sentir à l’aise dans l’émotion. Je le vois bien. J’ai un fils qui a 22 ans et, un jour, je lui ai demandé avant de partir pour cinq semaines en voyage :  » Est-ce que tu m’aimes, mon chéri?  » Et il a ri! Pourtant, je l’ai élevé comme un nouvel homme, pas comme un macho. Mais, au fond, c’est comme ça qu’on aime les hommes, nous les femmes. Il faut les laisser réagir comme des hommes et non pas comme des femmes, sinon on a des problèmes…

Qu’y a-t-il de masculin en vous?

Le fait d’être capable d’assumer mon côté polémique. Les femmes ont un très gros problème avec cela parce qu’elles n’aiment pas prendre des coups. Elles préfèrent être dans un rapport de séduction. Moi aussi, mais je suis également capable, comme les hommes, d’évoluer dans un rapport de force. J’ai un côté bagarreuse et cela fait peur aux hommes. Des ministres m’ont déjà dit :  » J’ai peur de vous « , voire  » Vous êtes beaucoup trop intelligente pour être séduisante « …

Serait-il donc difficile, pour une femme, d’être à la fois belle et intelligente?

Oui! Et pour les hommes, c’est plus compliqué à vivre.

Propos recueillis par Frédéric Brébant

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