Christine Laurent
Christine Laurent Rédactrice en chef du Vif/L'Express

Tempête fashion sur le bitume. A l’affût du moindre frémissement, du plus petit frisson qui pourrait agiter les tendances, les rédactrices de mode sont en état de choc. Oubliés, les paillettes, le vison, le cachemire ! La star de l’hiver… c’est bien la toute modeste et prolétaire parka. Conçue à l’origine, souvenez-vous, pour le travail ou le sport, la voilà propulsée, avec la doudoune, au sommet de la branchitude. Dernière folie des fashionistas, révélée, entre autres, par le magazine français  » Elle  » (édition du 11 décembre dernier), elle se marie subtilement avec une robe en dentelle fine griffée Marc Jacobs, ou des leggings. Bref, elle est in-con-tour-na-ble.

Pile-poil dans la veine outdoor, issue elle-même du streetwear des années 1980. Nourri de multiples courants esthétiques, profondément ancré dans la culture urbaine, mêlant harmonieusement sport et musique, le streetwear devait pulvériser une société béate devant l’argent facile et le clinquant. Et propulser à l’avant-plan de la scène modeuse autant de stylistes et créateurs improvisés de talent, sans oublier les chanteurs et autres rappeurs impatients de créer leurs propres lignes. Joey Starr avec Com8, Kool Shen (NTM) avec 2 High, etc.

La récup ne devait pas tarder. L’impact du vêtement cool n’avait pas échappé, à l’époque, à l’£il de lynx des grands stylistes, Karl Lagerfeld en tête, et bien sûr du milieu du luxe. Cette génération urbaine en mouvement, pas question de l’abandonner dans ses quartiers. D’autant plus que ce nouveau courant représentait un véritable bain de jouvence pour une société qui refuse de vieillir, une vraie lame de fond.

Des prolos aux bobos. Après le pantalon baggy, les jeans relookés, les baskets recustomisées, voici venu le temps de l’authenticwear, des vêtements utiles mais qui tiennent chaud, tout droit sortis des vestiaires prolétaires. Le no-look devenu superlook. Un embourgeoisement fulgurant. Désormais, on n’oubliera pas de sortir avec sa Moncler, qui fait un come-back plus que remarqué ou son Artic Parka signé Woolrich (une marque américaine), chouchoute paraît-il de Madonna et de Sarah Jessica Parker. On portera de l’utile, pas de la frime, de l’indémodable, du durable….

Simplissime, certes, mais à quel prix ? Distribution sélective, modèles très difficiles à trouver… Le vêtement de travail new-look n’est pas à la portée de la première bourse venue. Mais, promis, juré, il durera toute une vie… de fashion victim s’entend. Alors… au diable l’avarice !

Christine Laurent

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