Barbara Witkowska Journaliste

Le marché du sous-vêtement masculin aborde un nouveau virage. L’offre s’est diversifiée et s’est multipliée à coups de couleurs, de fantaisie et de détails sexy. Les hommes, eux, sont séduits par ce vent de nouveautés.

Carnet d’adresses en page 78.

Tout le monde est d’accord : les hommes citadins d’aujourd’hui font plus attention à leur apparence, leur look et leur bien-être. Des publicitaires et des  » trendspotters  » (renifleurs de tendances) ont même lancé un nouveau concept pour désigner ce mâle urbain nouvelle génération : le  » métrosexuel  » ou, en version plus pointue, l' » übersexuel « . Il s’agit d’hétérosexuels vivant dans les grandes métropoles, friands de cosmétiques et grands consommateurs de mode. Avec les gays, ils ont été les précurseurs, il y a quelques saisons, en matière de lingerie masculine. A l’heure actuelle, ils ne sont plus les seuls à se montrer audacieux. Le nombre des addicts du 100 % coton blanc diminue comme une peau de chagrin.

Une étude, menée par  » Aphrodite Pro  » (un magazine destiné aux professionnels de la lingerie) dans 10 villes belges et publiée en juillet dernier, le confirme : le slip en coton ne représenterait plus qu’un tiers de la clientèle. Les shortys et les boxers en microfibres sont les best-sellers, toutes tranches d’âge confondues. Les hommes ont envie d’essayer des matières douces et sensuelles, plébiscitées déjà par les femmes. Ils sont sensibles au confort, mais aussi au toucher. Et le string ? Selon l’étude, ce sont les hommes de plus de 35 ans qui en achètent le plus. Dans la tranche des 40-45 ans, le pourcentage est le plus élevé et atteint 14 %. L’autre constat ? Les hommes assument de plus en plus leur acte d’achat. Ils seraient près de 60 % à acheter eux-mêmes leurs sous-vêtements, en ouvrant généreusement, de surcroît, leur portefeuille. Pour deux tiers des hommes interrogés, le prix n’est, en effet, pas important. Et les femmes les encouragent dans ce sens en les orientant vers des modèles plus sexy. Côté couleurs, les hommes belges ne raffolent pas d’imprimés multicolores. Ils sont 80 % à préférer les étoffes unies. Le gris, le noir, le kaki et le prune sont qualifiés de nouveaux basiques. Les coloris vifs et même fluo fonctionnent bien en touches, sur une ganse ou une bande. Dernière remarque : la transversalité envahit la lingerie. Comme chez la femme, elle subit l’influence du prêt-à-porter.

Et puisque les dessous pour Homme ont le vent en poupe, les marques féminines confirmées essaient, elles aussi, d’occuper ce créneau prometteur. Ainsi, Aubade qui, dans une campagne de pub conçue dans la droite ligne de ses célèbres leçons de séduction au féminin – dévoile subtilement sa première ligne de sous-vêtements masculins. Trois coloris au programme : noir, bordeaux et un imprimé puzzle, constitué de soutien-gorge dessinés en pointillés gris et de strings stylisés. A l’instar de la lingerie féminine, la nouvelle ligne cible la sensualité. Le tee-shirt à col rond et manches courtes épouse la silhouette. Les slips se portent taille basse. Le string et le boxer sont soulignés de découpes qui mettent les formes en valeur. Côté confort, toutes les pièces sont en maille microfibre douce, rehaussée de surpiqûres contrastantes et de ceinture logotypée.

Les jeunes créateurs

Il semble donc bel et bien acquis que le sous-vêtement masculin s’éloigne de ses fonctions utilitaires pour s’affirmer en produit de mode. Et qui dit mode dit arrivée de jeunes créateurs. Derrière la nouvelle griffe Les Garçons se cachent… deux garçons : Louis Gérin et Grégory Lamaud. Formés à l’école Esmod, à Paris, ils caressent, déjà pendant leurs études, le projet de lancer leur propre marque de lingerie haut de gamme pour Homme. Le concept est fort et abouti, mais les débuts sont plutôt durs. Finalement, c’est la mairie de Paris, en l’occurrence la direction du Développement économique et de l’Emploi de la capitale française, qui donne le coup de pouce salutaire et leur dispense une formation éclair en gestion et en techniques administratives. La marque et le logo (un L et un G entrecroisés : le L pour Louis et Lamaud, le G pour Grégory et Gérin) sont déposés et la première collection est présentée au Salon de Lyon en septembre dernier. Celle-ci,  » très masculine avec une pointe de féminité « , est composée de sous-vêtements coordonnés avec une ligne de chemises de luxe et quelques pièces plus couture, tel ce combiboxer avec capuche et patte de boutonnage en popeline italienne. Le point fort ? La dentelle de Calais.  » Elle marche très fort, on dirait que les hommes l’attendaient, affirme Louis Gérin. Nous l’utilisons en touches, avec des incrustations sur les hanches, notamment.  » Côté matières, le micro Modal s’impose. Les boxers, les slips et les strings se veulent confortables et faciles à porter et se coordonnent avec des débardeurs et des tee-shirts. Audacieuse, la superposition de tulle plissé noir sur du satin Stretch de couleur chair produit sur le corps des effets spéciaux étonnants. Les imprimés plus classiques, eux, mettent en scène le motif jacquard, la toile Jouy ou encore des chevrons. L’idée est de mixer les différents thèmes, présents dans les chemises et dans la lingerie. Tout est prévu pour, tant sur le plan chromatique que sur le plan formel ( disponible en boutique en février prochain).

Homme aux talents pluriels, Stéphane Plassier pratique avec un art consommé la transversalité. Depuis une dizaine d’années, il se partage entre la décoration, la communication et la mode. En 2001, il a imaginé, pour Lambert Wilson, la scénographie de  » Bérénice « , avec Kristin Scott-Thomas, au théâtre de Chaillot. Tout récemment, il a conçu une campagne de pub pour le musée d’Orsay et a dessiné une ligne de vaisselle minimaliste pour l’atelier de porcelaine Raynaud. Les sous-vêtements masculins, il les crée depuis 1992.  » Mon travail s’inscrit dans un projet d’environnement global qui joue sur le bien-être, explique Stéphane Plassier. J’imagine des sous-vêtements pour les passionnés de mode avec une double fonctionnalité, comme vêtements de dessus qui se montrent sous une veste ou un manteau ou des vêtements pour cocooner à la maison. Je travaille autour de l’intimité et j’utilise la même gamme chromatique pour mes objets de décoration et mes vêtements. Par exemple, la porcelaine du petit déjeuner, de couleur kaki, s’accompagne d’un peignoir, kaki également.  » Très éloignés de la vague  » résille, transparence et compagnie « , les dessous de Stéphane Plassier jouent sur le registre d’une attitude dandy et d’une élégance un brin nonchalante. Côté matières, le coton est privilégié. Associé au Lycra, de top qualité, il assure la bonne élasticité sans donner la sensation d’être comprimé ou gainé. Les slips classiques, tailles basses ou bandeaux, se terminent par un élastique très large avec le logo brodé ton sur ton, pour plus de discrétion. Les tee-shirts, grands best-sellers de la marque, se distinguent par un col fait à partir de l’assemblage de double collerette. D’où cette encolure bateau très particulière qui est la griffe de Stéphane Plassier. Parfaitement coordonnés, jogging et sweat-shirts à col capuche se glissent sous un blazer en ville ou se portent au saut du lit chez soi. La palette chromatique est à la fois sobre et audacieuse. Le blanc et le noir sont dynamisés par l’orange, le rose et le kaki. Au printemps 2006, le jaune – la couleur top tendance – fera son entrée dans la collection.

Et aussi…

Vous ne connaissez pas la marque suisse Zimmerli ? Alors regardez attentivement les stars hollywoodiennes. Sylvester Stallone dans Rocky, Keanu Reeves dans les Matrix ou Jamie Fox, alias Ray Charles, portent tous des sous-vêtements de la marque. On peut ajouter à la liste Bill Clinton, le roi du Maroc et Karl Lagerfeld, notamment. Cet engouement des peoples est une aubaine pour la société qui, sans la moindre campagne pub, préfère investir et ce depuis cent trente ans, dans la qualité. Pour s’assurer une qualité optimale, Zimmerli utilise les fibres les plus fines (le coton égyptien longues soies, notamment), mercerisé deux fois et teint ses fils avant tricotage. Ce processus de fabrication, très délicat, est encore pratiqué par trois sociétés en Europe, dont Zimmerli. Depuis trente ans, les deux produits vedettes sont le modèle Richelieu 207, le chouchou des stars américaines, et le Royal Classic 252. Le premier est réalisé avec un fil d’Ecosse très fin, tricoté sur des machines spéciales (exclusivité Zimmerli) qui permettent d’éviter les coutures aux épaules. La matière se distingue par une très grande élasticité naturelle et reprend toujours sa forme originale après des lavages à haute température (60 °C).

Le fabricant allemand Mey mise sur la couleur et ose le vert fluo, l’orange et le rouge sombre. Les shortys taille basse, taillés dans une microfibre soyeuse, sont à la hausse tout comme les modèles fantaisie. Les imprimés se diversifient : motifs en forme de blason, les batiks et les dessins style papier peint donnent le ton. Les hauts ? Ils donnent toujours la priorité aux cols V ou arrondis. Fila interprète de façon innovante les rayures. La ligne Silver, déclinée en noir et gris chiné, acquiert une allure sportive grâce aux rayures argentées sur les manches du tee-shirt et les côtés du slip. Chez Dim, les nouveautés sont parfois subtiles, voire invisibles. D’un blanc immaculé et de coupe plutôt classique, la ligne Super Dim Sport s’inspire des vêtements de sport technique. Les slips intègrent des empiècements de Coolmax, una matière qui garde la peau au sec et qui sèche vite. La combinaison de coton extensible et de Modal sur les panneaux latéraux garantit une coupe parfaite et une peau agréablement fraîche.

Barbara Witkowska

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