Caroline et Dominique. Deux femmes que tout sépare mais que la prison va rassembler. L’une a de l’éducation, de l’instruction. L’autre n’a connu de la vie que les moments pénibles et rudes. L’une a falsifié des comptes. L’autre a tué. Les voici toutes deux derrière les barreaux, dans la même petite cellule de quelques mètres carrés. Avec une seule ouverture sur leurs mondes respectifs : une petite fenêtre qui offre un coin de ciel bleu et les intrusions des gardiennes. Leurs jardins secrets ? Un petit coin bien peu fleuri au fin fond de leurs souvenirs.

L’indifférence d’abord, l’apprivoisement et finalement la naissance d’une forte amitié réuniront les deux dames que la prison rassemble. Pour le meilleur mais surtout le pire. Pour s’épancher, s’écouter, s’épauler. Pour ajouter un supplément d’humanité dans ce monde rêche et glacial où la dignité passe à la trappe.

Dans ce huis clos où la promiscuité est palpable, où chacune doit ravaler sa pudeur et ses larmes, les gestes, les non-dits, les regards fuyants ou francs composent presque à eux seuls la trame d’un récit écrit par l’auteur et metteur en scène française Denise Chalem, par ailleurs interprète de Caroline, aux côtés de Christine Guerdon et Christine Murillo, qui joue quant à elle le rôle de Dominique. Un texte fort, des dialogues tranchants, des silences éloquents et une bonne dose d’humour : une foule d’ingrédients qui ont permis à la pièce  » Dis à ma fille que je pars en voyage « , créée au Théâtre du Rond-Point à Paris, de se voir gratifiée des deux Molières 2005 du meilleur spectacle et, pour Christine Murillo de la meilleure comédienne.

 » Dans l’univers carcéral, le temps est un personnage important. Comment le tuer ? Comment aussi donner l’idée de l’extérieur ? Du froid et de la chaleur ? Des saisons et de la vie qui passe ?  » s’interroge Denise Chalem, qui accorde à la gestuelle des corps une place importante, ainsi qu’aux bruits.  » En prison, le silence n’existe pas. C’est pourquoi la partie sonore est un personnage à part entière. Des coups donnés contre un mur, des cris étouffés, des chants, des bruits de pas, de portes, de chariots, de clés… Tout cela doit aider à comprendre que si elles sont deux en cellule, un monde grouille autour d’elles et vit  » ajoute l’auteur.

Jusqu’au 12 novembre prochain, Atelier Jean Vilar, à 1348 Louvain-La-Neuve. Tél. : 0800 25 325. Internet : www.atjv.be

Marie Liégois

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