La tendance est au  » génétiquement modifié « . Aujourd’hui, même l’art et les animaux domestiques s’y collent.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45,

dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBF radio).

A ttention, l’A.D.G.M. va bientôt frapper ! Dans la lignée des nouveaux légumes génétiquement modifiés (comme, par exemple, les oignons qui ne font plus pleurer), voici venu le temps des premières bébêtes nées en laboratoire et destinées à égayer nos intérieurs cosy. Oui, l’animal domestique génétiquement modifié débarque sur le marché avec, en guise d’éclaireur éclairé, le premier poisson artificiellement fluorescent. Son nom : le Night Pearl. Sa particularité : il brille tout seul, comme un grand, dès qu’on éteint la lumière (grâce à un gène de méduse phosphorescente qui lui a été inoculé). Son intérêt : minime puisqu’il s’agit, après tout, d’épater la galerie. Portés par cette nouvelle folie animalière, certains aquariophiles imaginent déjà le rêve : admirer une espèce inédite de poissons tropicaux qui les épargnerait de tout tracas inhérent à l’élevage classique. Du style : de superbes spécimens des mers du Sud qui auraient été génétiquement modifiés pour mieux résister aux eaux douces de nos contrées. Ne souriez pas, des chercheurs y travaillent déjà pour le bien-être de notre société de loisirs. Car c’est là, finalement, que réside tout l’intérêt de ces travaux a priori inutiles : innover et divertir les foules, en offrant la loi du moindre effort aux consommateurs intéressés. Si le mystère reste entier sur les éventuelles applications qui pourraient toucher, à l’avenir, les chiens et les chats dans ce domaine sensible (à quand les premiers matous sans griffes ?), la tendance de l’A.D.G.M. nourrit toutefois d’autres champs d’investigation un peu plus honorables. Ainsi, une nouvelle vague d’artistes avant-gardistes développe, depuis peu, des £uvres qui mixent la technologie et les organismes vivants. Souvent considérés comme moralement incorrects, ces bioartistes û comme on les appelle û ont pourtant le mérite d’explorer des moyens d’expression inédits pour mieux faire réfléchir le spectateur sur l’évolution de notre société. Ainsi, le Brésilien Eduardo Kac s’est notamment fait remarquer avec son lapin vert fluo, pièce maîtresse vivante de son  » art transgénique  » ( www.ekac.org), tandis que la Portugaise Marta de Menezes s’est évertuée à créer des papillons aux ailes uniques en manipulant directement leur chrysalide à coups d’aiguilles inoffensives ( www.martademenezes.com). Dans les deux cas, l’art se mêle à la biologie et l’atelier-foutoir se transforme en laboratoire aseptisé pour, une fois de plus, interpeller l’homme du xxie siècle. Lentement mais sûrement, l’art biotech se met donc en place et arrive même à séduire les galeries d’art contemporaines. Témoin : l’exposition organisée à Nantes, sur ce thème, il y a quelques mois à peine (voir la section  » Archives « , saison 02/03, sur www.lelieuunique.com). Vous n’êtes absolument pas intéressé ? Surtout ne répondez pas :  » Mais si, quand les poules auront des dents !  » Car une équipe de chercheurs français a récemment réussi à faire pousser des dents à ces chers gallinacés après une transplantation de cellules souches dentaires de souris. Mais là, il ne s’agit pas d’art. L’objectif consiste à aider, in fine, des patients humains souffrant de graves anomalies au niveau des mâchoires. Comme quoi, aujourd’hui, il vaut mieux surveiller son langage…

Frédéric Brébant

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