Rares sont les jardins qui parviennent à charmer le regard tant en été qu’en hiver. Le fleuriste belge Daniël Ost dont on se dispute le talent aux quatre coins du globe a pourtant réussi, lui, cette prouesse dès son premier projet.

Les occupants de cette demeure située à proximité d’Anvers apprécient manifestement les contrastes architecturaux. En effet, sur cette parcelle d’une grosse trentaine d’ares, ils ont eu l’audace de faire coexister une ancienne grange du XVIe siècle à toit de chaume, devenue leur habitation de jour, avec trois extensions contemporaines : une maison neuve accueillant les espaces de nuit, dessinée par l’architecte Patrick Lefebure, ainsi qu’une piscine et un ensemble de locaux techniques, tous deux signés de l’architecte Johan Bruynseraede. Côté jardin, on retrouve le même esprit d’éclectisme. Les premières plantations portent l’empreinte de l’architecte paysagiste Jacques Wirtz, qui a notamment ceint la parcelle d’épaisses haies de feuillus taillées en pente et dessiné une pièce d’eau aux contours rectilignes. Daniël Ost est ensuite intervenu pour donner à l’ensemble une personnalité hors du commun. Vous avez déjà pu découvrir ce jardin sous une lumière hivernale dans un précédent numéro (Weekend Le Vif/ L’Express du 26 janvier 2001). Cette fois-ci, nous vous le présentons lorsque le soleil y enflamme les tapis de fleurs…

Comme l’architecture, qui compte plusieurs phases de construction successives, les plans de Daniël Ost ont été exécutés sur plusieurs années, notamment pour tenir compte de l’évolution des bâtiments. La philosophie générale de son approche se base sur quelques grands axes de travail. Tel qu’il est conçu, l’aménagement confère au jardin une forme d’unité, dominée par l’élément végétal. Plus qu’un lien, celui-ci produit des gestes forts qui surpassent les divergences de l’architecture.

Daniël Ost a aussi voulu montrer qu’un jardin peut être ludique et titiller l’imaginaire des enfants de la famille. Ainsi, les ondes de buis qui se succèdent sur la pelouse évoquent le grossissement extrême d’une partie d’empreinte digitale. L’approche est essentiellement graphique. Ici, point de formes figées mais des dessins souples. Même les haies qui semblent régulières et strictement palissées sur des structures métalliques sont habillées de longs feuillages gris argentés, ceux de Pyrus salicifolia  » Pendula  » ou poirier à feuilles de saule. Pour assouplir les lignes droites de la pièce d’eau, Daniël Ost a décidé de l’entourer d’une véritable mer de 800 Iris japonais blancs et bleus, au sommet de leur gloire au mois de juin.

Le projet doit encore évoluer. Ainsi, au milieu des haies de poirier à feuille de saule, Daniël Ost va planter des glycines du Japon à fleurs blanches qui ont spécialement été  » élevées  » sur haute tige. De cette manière, la floraison qui sera conduite sur des filins quasi invisibles donnera l’impression de produire d’immenses bouquets. Elle contrastera par son caractère organique et sensuel avec les surfaces de béton lissé qu’a choisi Johan Bruynseraede pour le garage et les locaux techniques.

Texte et photos : Jean-Pierre Gabriel

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