Dans le sud de la capitale, une superbe création de l’architecte bruxellois Pierre Blondel séduit par sa conception éclectique, ses matériaux raffinés et sa décoration altière.

Déposée sur un talus telle une sculpture, la maison a des allures de jamais-vu. Un toit éclaté, multiple, dont les courbes douces sont suspendues comme un nuage, couvre des façades de caractère, dessinant des jeux vigoureux de pleins et de vides, et rythmées par des châssis à la géométrie puissante. Le projet renvoie d’emblée à une réflexion ambitieuse et des goûts exigeants, sortant des sentiers battus. L’aménagement intérieur reflète les mêmes valeurs : beaucoup de rigueur et de cohérence et le souci de perfection poussé à l’extrême.

Curieusement, au départ, les propriétaires ne souhaitaient pas construire. Ils étaient plutôt intéressés par la restauration d’un vieil hôtel particulier.  » Nous ne trouvions rien à notre goût, explique le maître des lieux. Les seules maisons intéressantes étaient mal situées. Pendant nos recherches, nous sommes tombés, par hasard, sur ce terrain à Uccle, très difficile, car situé sur un talus et servant de décharge sauvage. Nous l’avons acheté, un peu comme un investissement immobilier « . La quête d’un hôtel particulier  » de rêve  » se solde, finalement, par un échec et le couple, de guerre lasse, décide d’investir ce terrain ingrat.

Le concept d’une maison d’exception s’impose immédiatement. Reste le choix de l’architecte. Lors d’une journée portes ouvertes, organisée par l’Ordre des architectes, le couple sélectionne dans le catalogue une série de constructions intéressantes, dont une réalisation de Pierre Blondel, dont ils connaissaient déjà (et appréciaient) le travail. Par acquis de conscience, toutes les maisons seront visitées, mais c’est finalement Pierre Blondel et son associé Offer Levy qui emportent le chantier. Toutefois, leur premier projet ne sera pas adopté, jugé trop important et trop onéreux.  » Quand on se lance dans la construction, souligne le maître des lieux, on tient surtout compte des frais extérieurs. Or, lors de l’établissement du budget, il ne faut jamais perdre de vue les frais d’aménagement intérieur. Il est préférable de prévoir, dès le départ, un budget confortable pour l’aménagement intérieur. Très souvent, on est obligé de choisir, avec des queues de budget, des matériaux trop bon marché qu’on regrette bien entendu par après. « 

La mise au point du projet définitif demandera du temps, de longues réflexions et des discussions interminables. Les propriétaires travaillent dans la publicité. De par leur métier, ils sont très exigeants et pointilleux, aussi bien sur les détails pratiques pour la vie de tous les jours que sur les aspects esthétiques. Grands amateurs d’architecture, passionnés par les matériaux nobles, très au courant des tendances en art et en design, ils ont des idées bien précises et très pointues. Parfois, trop pointues, et, de ce fait, irréalisables en Belgique. Deux d’entre elles ont dû être, ainsi, abandonnées. Séduits par le travail de l’architecte japonais Tadao Ando, ils souhaitaient recouvrir les murs du salon avec des plaques de béton brut, percées de trous de coffrage. Aucun artisan n’est capable d’effectuer ce travail ! L’autre idée ? Les façades extérieures revêtues d’un enduit lissée, à l’instar des maisons à Marrakech. Il a fallu se contenter de façades grattées…

Les architectes ont dessiné un volume très intéressant qui a pour base un carré. Le centre est percé d’un axe lumineux vertical, partant d’une coupole ronde et se prolongeant jusqu’au rez-de-chaussée, grâce à une ouverture dans le plancher de l’étage. Autour de cet axe lumineux s’articule la composition parfaitement symétrique de la maison. Quatre pièces carrées de 4 x 4 mètres s’inscrivent dans les coins du plan lui aussi carré. Elles accueillent, au rez-de-chaussée, la cuisine, la salle à manger et deux bureaux. A l’étage, trois chambres et la salle de bains des parents respectent le même plan rigoureusement symétrique. Côté jardin, un volume supplémentaire d’un seul niveau est accolé à la construction principale dans son axe. Il abrite un immense salon. Le mobilier, peu nombreux mais d’un style très recherché, met en évidence les proportions généreuses de l’espace. Le point fort ? Une spectaculaire verrière en avancée, à la géométrie audacieuse. D’ici, la vue sur le jardin est magnifique. A l’extérieur, l’architecture de la maison se prolonge, dans l’axe, par un élégant canal, bordé de pierre bleue, coulant au milieu du gazon vers un petit étang, aménagé à un niveau inférieur. Le volume-salon est entouré par deux petites  » ailes  » symétriques qui accueillent, elles, les coins bibliothèque-télé. Le toit est composé de trois parties rectangulaires parallèles : la surface plate au centre est entourée par deux surfaces courbes. Une manière bien poétique pour  » accrocher le bâtiment au terrain « , selon les souhaits de Pierre Blondel. A l’arrière, l’étage se distingue par une excroissance arrondie qui contient la douche. L’architecte signe également des façades fortes et expressives, dictées par une logique inédite, sans références. Pas de petites fenêtres, alignées ou juxtaposées. En revanche, des ouvertures fortes et vigoureuses reflètent l’esprit sophistiqué de l’architecture extérieure et intérieure, jouent admirablement avec les volumes, les pleins et les vides, les ombres et les lumières.

On pénètre dans la maison en empruntant une allée pavée, bordée de talus plantés. Le hall d’entrée, extrêmement accueillant, est inondé par des flots de lumière, coulant d’une coupole ronde (de 1,6 mètre de diamètre), percée dans la toiture. Les angles sortant du hall sont agrémentés d’appliques, encastrées dans les murs et dessinées par Offer Levy. Dans toutes les pièces, un constat s’impose : les matériaux sont d’une noblesse et d’une beauté extraordinaires, les finitions et les détails d’une qualité remarquable ! Entièrement dédiée à l’art de vivre, cette belle villa singulière peut être considérée comme une réussite totale non seulement sur le plan esthétique et fonctionnel, mais aussi sur le plan d’intégration à l’environnement.

Carnet d’adresses en page 128.

Barbara Witkowska Photos : Sven Everaert

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