Barbara Witkowska Journaliste

De plus en plus souvent, une fragrance portant le même nom se décline au masculin et au féminin. Voici quelques couples… très romantiques.

L’amour et le romantisme sont de retour, le couple est très à la mode. Une aubaine pour les parfumeurs qui captent la tendance cinq sur cinq et racontent leurs histoires parfumées en duo. Cela dit, décliner le même concept en version masculine et féminine n’est pas toujours facile, mais les créateurs aiment relever les défis. Galants, ils écrivent d’abord le chapitre féminin. Le chapitre masculin suit à quelque mois d’intervalle, un an au maximum.

Alberto Morillas, chez Firmenich, est l’auteur de Blu de Bulgari. Le concept ? Traduire, olfactivement, les facettes contrastées des personnalités masculines et féminines. Réunir le feu et la glace, en quelque sorte.  » J’aime ce travail du féminin vers le masculin : le gingembre est retravaillé dans le calanga, un gingembre plus boisé. La note du néroli, assez féminine, a été remplacée par le petit grain, plus masculin. Enfin, les accords de musc et de mousse, traditionnellement masculins, ont été utilisés dans le féminin de façon plus parcimonieuse « , déclarait Alberto Morillas dans  » Fashion Daily News  » (*).

Annick Ménardo, de Firmenich, elle, a créé les fragrances Lolita Lempicka pour femme et pour homme, en tenant compte des valeurs de la marque : le romantisme, la sensibilité et la tendresse. La réglisse est le thème central du parfum. La fleur a été utilisée pour le féminin et le bois, plus corsé, pour le masculin. Les autres ingrédients mêlent vanille, absinthe, praline, sirop d’orgeat doux-amer, accords qui cultivent à la fois féminité et masculinité.

Il peut également arriver que le masculin précède le féminin : XS de Paco Rabanne, par exemple. L’exercice n’était pas simple car le jus avait une forte coloration  » macho « , avec son thème d’alcool très fort, genre gin tonic, saupoudré d’épices, très éloigné de l’univers féminin. Gérard Antony, le  » nez  » des deux fragrances, a tourné la difficulté, en prenant, comme source d’inspiration pour le féminin, une belle Andalouse, à la féminité flamboyante et extravertie, un brin provocante. La volupté de fleurs blanches, la chaleur de l’ambre et l’animalité du musc ont parfaitement symbolisé cette vision de la femme.

Desire de Dunhill a suivi le même chemin. Le masculin a été présenté en avril 2000, le féminin un an plus tard. Ce qui est logique. Dunhill est une marque masculine par excellence. Cela dit, les femmes aiment bien y  » piquer  » certains accessoires, tels les montres ou les stylos, par exemple. Alors, pourquoi pas un parfum rien que pour elles qui les rapprocherait davantage de cet univers masculin qu’elles aiment tant? Maurice Roucel a créé les deux versions de Desire. Le nom affiche clairement le concept : c’est un parfum qui exalte la passion. Chez la femme, celle-ci se concrétise par un cocktail excitant de myrrhe, de bois de rose du Brésil, d’ambre, de musc, de vanille et de caramel. Chez l’homme, elle est intrigante : la pomme et le citron vert flirtent avec le bois de teck et le labdanum.

La création de couples parfumés peut également être confiée à des créateurs différents, pour donner aux parfums une personnalité unique. Miracle Femme de Lancôme a été composé à quatre mains par Alberto Morillas et Harry Fremont de Firmenich. Très inspirés par le thème  » l’évocation de l’aube, le moment où la nature s’éveille, dans une atmosphère de notes vertes de terre humide « , ils ont écrit une mélodie aérienne, où les notes de litchi, de freesia et de magnolia se mêlent aux accords de gingembre et de poivre. Impalpable, il dessine sur la peau des cercles lumineux. Francis Kurkdjian, un jeune parfumeur de Quest, s’est vu confier, pour sa part, la création de Miracle Homme ou encore  » l’expression olfactive d’un lever de soleil « . Feuilles d’érable, mousse de chêne, arôme de café, vétiver, palissandre et bois de Gaïa captent admirablement, dans un élan très poétique, l’énergie des premiers rayons.

Céline ? C’est la griffe très chic, très bon genre, cultivant admirablement la tradition du savoir-faire à la française. Céline vient d’être relookée et modernisée par Michael Kors, ce jeune créateur américain qui a le vent en poupe. Pour symboliser cette reconquête d’une manière plus intime, l’idée d’un duo de parfums, lancés conjointement, s’est imposée tout de suite. Annick Ménardo de Firmenich a planché sur la fragrance masculine. Un cocktail de notes fraîches d’écorce de mandarine, de cannelle, de noix de muscade, de géranium et de cèdre, compose un boisé épicé tendre. Très racé. Le féminin, composé par Christiane Plos et Jean Guichard de Givaudan, est un brin plus insolent. S’y affrontent baies roses, cassis, magnolia, iris, rose de mai, ambre et vanille. Résultat ? Un sillage de volupté espiègle, très pertinente. A noter, des flacons originaux, empreints de personnalité : carré pour Lui, élancé pour Elle. Le designer Thierry de Baschmakoff, leur auteur, a admirablement interprété le nouvel univers de Céline et, notamment, la ligne d’accessoires en cuir perforé, imaginée par Michael Kors.

(*)  » Fashion Daily News  » du 14 décembre 2001.

Barbara Witkowska

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