Au coeur de l’Indonésie, cette île mythique a conservé intacts tous ses charmes et continue d’envoûter rêveurs et touristes. Cinq preuves précieuses…

Prononcez le nom de Bali dans un dîner et vous verrez à coup sûr les esprits s’animer, l’assemblée se divisant généralement en deux camps. Les uns regretteront les temps anciens, fustigeant le flot grandissant de touristes. Pour les autres, au contraire, l’île restera le voyage d’une vie. Les yeux encore embués, ils vous citeront les ciels azur, les montagnes mystérieuses, les cérémonies, les fêtes… Une ineffable douceur de vivre, fruit de cette spiritualité intense et joyeuse qui fascinait déjà l’anthropologue Margaret Mead dans les années 30. Bali, un dernier éden ? A chacun d’en juger…

1. LES PLAGES… ALLIENT TOUS LES PLAISIRS.

Bali possède, elle aussi, son Saint-Tropez, qui se niche au sud-ouest de l’île et prend le nom de Seminyak. Ici, les eaux émeraude viennent lécher un rivage de rêve, festonné de terrasses où l’on paresse en sirotant un jamu kunyit asam, boisson locale au tamarin. Mais ce havre chic ne révèle toutefois qu’une facette de l’île. Magnifique croissant de sable blond, la plage publique de Jimbaran (notre préférée !) prend des allures plus populaires, refuge des Balinais, qui se retrouvent pour déguster des poissons grillés sur des tables installées à même le sable. On y dîne à la lueur tremblotante des bougies avec, en contrebas, des grappes d’enfants qui jouent au foot avant de plonger dans les vagues. Envie de plus de solitude ? Une route file vers l’ouest, jusqu’au port de Perancak, bordé d’une plage volcanique et déserte comme au premier matin du monde. Et le meilleur reste à venir… Plus à l’ouest encore, une autre merveille : l’île sacrée de Menjangan. L’occasion d’un snorkelling délicieux au-dessus des plus beaux récifs de Bali et un tombant de corail qui reste le paradis des plongeurs. Ici, pas de sable blanc. Seulement une somptueuse mangrove, fief d’une colonie de macaques et, en toile de fond, le ballet des canoës qui glissent sur les eaux sombres. A savourer depuis la terrasse du Mimpi, l’un des plus beaux hôtels de l’île. Pavillons zen, piscines privées aux eaux chaudes et volcaniques, massages sublimes…

2. LA CAMPAGNE… EST À COUPER LE SOUFFLE.

Les rivages ont de quoi séduire, mais c’est ailleurs que se cache l’âme de Bali. Les habitants, en effet, ont toujours fui les côtes, redoutant les tempêtes comme les invasions. L’esprit tourné vers la terre, ils ont à la fois protégé et sculpté la nature, modelant un paysage d’une stupéfiante harmonie. Voilà pourquoi la traversée de Bali demeure une expérience singulière, esthétique et spirituelle à la fois. Du sud au nord, les routes dévoilent des jungles immobiles et les silhouettes embrumées des volcans, des myriades de temples et, bien sûr, ces mythiques rizières en terrasses parsemées de petits autels dédiés à dewi Sri, la déesse du riz. On s’y promène en empruntant un dédale de chemins, bercé par le clapotis de l’eau qui ruisselle dans les canaux d’irrigation. Chapeau conique en bambou sur la tête, cigarette aux clous de girofle aux lèvres, les paysans labourent, pieds nus, la terre boueuse. Certaines parcelles, plantées la veille, sont déjà couvertes de pousses vert d’eau. Emplies de bouquets de girofliers, de cacaotiers, elles abritent quelques balé, les demeures traditionnelles balinaises. Ces petits pavillons ont chacun sa fonction ; on y dort, on y mange, on y entrepose le riz. Et, à deux pas, le temple de la famille, entouré d’un muret pour éloigner les mauvais esprits…

3. UBUD… CONSERVE TOUS SES CHARMES.

Les voitures jouent à touche-touche, les badauds envahissent la main street (Jalan Raya) dans un incroyable brouhaha. A l’ombre du palais et dans l’indifférence générale, quelques artisans peaufinent le décor d’un palanquin rouge et or de 10 mètres de hauteur, qui sera brûlé le lendemain, lors de la crémation collective… Bienvenue à Ubud, le coeur battant de l’île et la Mecque de tous les intellos, artistes et  » vrais  » amoureux de la culture balinaise. C’est ici, dans cette capitale artistique et spirituelle, que vous assisterez aux cérémonies les plus fascinantes, aux spectacles les plus envoûtants. Dans les petites ruelles autour de la Monkey Forest Road (à l’écart des marchands du temple), des ateliers réunissent également le meilleur de la création balinaise : bijoux d’or et d’argent de Celuk, sculptures sur bois (teck ou santal) de Mas, toiles des peintres d’Ubud ou de Batuan. Il est toutefois conseillé de se former l’oeil au préalable, en découvrant les musées de la ville : le Puri Lukisan ou encore le Neka, magnifique espace qui plonge dans l’essence même de la peinture locale. A découvrir au soleil couchant, pour savourer la vue spectaculaire sur la ville du Pita Maha, ancienne résidence des princes convertie en hôtel et prolongée d’une terrasse comme posée au-dessus de la canopée.

4. LA DANSE EST UN ART… ET UNE OFFRANDE.

1931. Antonin Artaud découvre les danses balinaises lors de l’Exposition coloniale internationale et en reste abasourdi. Il écrit alors :  » Ce théâtre donne une idée du niveau intellectuel extraordinaire d’un peuple qui prend pour fondement de ses réjouissances les luttes d’une âme en proie aux fantômes de l’au-delà.  » Aujourd’hui comme hier, la danse est partout. A Ubud. A Sebatu, près du lac Batur. A Munduk, petit village de montagne où la troupe locale se produit dans les jardins en terrasses de l’hôtel Puri Lumbung. Lorsque la nuit tombe, les spectacles sont chaque fois l’occasion d’une profusion de costumes et de masques, aux sons hypnotiques du gamelan. L’histoire n’est jamais la même ni tout à fait une autre. Il y est question de princes et de princesses, de bêtes sauvages et de dragons qui grimacent et ricanent. Avec toujours la danse, comme une magie. Pour cela, expliquent les Balinais, il faut maîtriser l’intensité du regard, la précision du geste. Mais il faut surtout être hindouiste, capable de glisser insensiblement du monde réel à celui de l’invisible. Ici, la danse est un art, mais aussi une offrande, une conversation avec les dieux. Et celle-ci commence très tôt. A l’Arma Resort d’Ubud, fabuleux hôtel, musée et centre artistique propriété d’Agung Rai, les visiteurs ont le privilège rare d’assister aux cours organisés pour les petites filles qui commencent l’apprentissage dès 6 ans, un jour favorable, défini par le calendrier. Tous les mercredis, le petit groupe arrive et se met en place. Une heure durant, les gestes seront reproduits, disséqués : les mains s’envolent, les yeux s’écarquillent. Premiers dialogues avec l’invisible…

5. LA CUISINE… RÉINVENTE LA WORLD FOOD.

Lorsqu’ils ne sont pas chez eux, les Balinais mangent dans les warung, de petites échoppes qui proposent généralement une délicieuse cuisine sino-indonésienne : le nasi goreng, riz frit ; le mie rebus, cocktail de nouilles à la vapeur, relevées de légumes ou de viande. On y déguste également un plat typiquement balinais, le babi guling, savoureux cochon de lait rôti. Mais, peu à peu, l’île s’ouvre aussi à une gastronomie plus sophistiquée, à l’initiative notamment de Chris Salans, jeune chef franco-américain et propriétaire de Mozaic, installé sur les hauteurs d’Ubud. Classé parmi les 100 meilleurs au monde, ce restaurant niché dans un jardin tropical convie les épicuriens à un surprenant voyage gustatif, mêlant inspirations françaises et produits balinais, comme ce foie gras de canard poêlé en deux versions : aux mangues ou aux caramboles. Une audace qui ne manque pas de séduire un public cosmopolite, mais aussi local. Parallèlement à des cours de cuisine qui affichent complet, Salans vient d’inaugurer un second Mozaic, sur la très chic plage de Seminyak.

PAR LYDIA BACRIE

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