Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, de 9 à 10 heures, dans l’émission de Jean-Pierre Hautier, sur la Première (RTBF radio).

Il ne faut jamais dire :  » Fontaine de jouvence, je ne boirai pas de ton eau.  » D’accord, mais il y a des limites! Je ne vais pas vous faire le plan Lolita car, contrairement à ce qu’on essaie de nous faire croire, le phénomène des jeunes filles en fleurs qui font tourner la tête de leurs aînés masculins n’a absolument rien de nouveau. Du film de Stanley Kubrick en 1962 (baptisé précisément  » Lolita « ) à la petite Vanessa Paradis se trémoussant sur  » Joe le taxi  » en 1987, en passant par les sucettes à l’anis de la candide France Gall en 1966 et l’anatomie sulfureuse de Jane March dans  » L’Amant  » en 1991, la génération lolita a toujours existé. Aujourd’hui, on nous en remet une couche avec la novice Alizée (  » Moi, je m’appelle Lo-li-taaaa… « ) et, de l’autre côté de la Manche, avec le délicieux trio sucré et métissé des Sugababes. Moyenne d’âge : 16 ans. La sève monte, les fantasmes redoublent. Ce qui est nouveau, en revanche, c’est l’exploitation outrageusement commerciale de ces mêmes lolitas à peine formées. Sur les podiums des défilés de mode, il n’est plus rare, en effet, de mobiliser des filles de 13 ou de 14 ans pour interpeller la clientèle adulte. Douteuse et décalée, la dérive est évidemment récupérée ensuite par certaines grandes marques de vêtements dans leur communication visuelle. Désormais, on cible la femme active en utilisant des gamines pubères, au risque de flanquer un sacré coup de blues aux working girls qui scrutent l’arrivée de la moindre ride avec affolement. Bref, l’effet lolita est là où on ne l’attend pas et s’inscrit dans une course au jeunisme qui a de plus en plus l’odeur nauséabonde du diktat. Même les stars y succombent. La preuve : il existe désormais deux Catherine Deneuve. Celle qui fait la Une des magazines le visage immaculé, retouché et digitalisé. Et celle que l’on peut croiser dans la rue, victime impuissante du temps qui passe. Dommage. Pour ne pas dire pathétique. Car l’objectif sournois s’inscrit bel et bien, en définitive, dans une stratégie éminemment rentable : il s’agit tout bonnement de culpabiliser les femmes de tout âge (et de plus en plus d’hommes aussi) dès l’apparition du plus petit signe de fatigue ou de vieillissement, histoire de les plonger de force dans le mythe étincelant de l’éternelle jeunesse. Que faire? Se dire simplement que la vie est un champ de bataille où les rides sont nos défaites, certes, mais aussi nos plus belles victoires. En clair, celles de l’expérience. Que les précieuses s’en souviennent.

Frédéric Brébant

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content