Cet incroyable jardin, écrin d’une fabuleuse demeure, a été conçu par Daniël Ost. Privilégiant la forme, il révèle toute sa beauté dans le dépouillement de l’hiver.

Les occupants de cette propriété située à proximité d’Anvers peuvent revendiquer un goût abouti pour l’originalité. En effet, sur cette parcelle d’une grosse trentaine d’ares, ils ont eu l’audace de faire cohabiter une grange du XVIe siècle avec une extension contemporaine, dessinée par l’architecte Patrick Lefebure.

S’agissant du jardin, ils ont d’abord fait appel à Jacques Wirtz, le plus célèbre de nos architectes paysagistes. Dans un style qui lui est familier, Wirtz a clos la parcelle, notamment par d’épaisses haies de feuillus taillées en pente. Il a aussi dessiné une pièce d’eau aux contours rectilignes.

Pour une deuxième phase, les maîtres d’ouvrage souhaitaient aller plus loin encore et confier le projet d’aménagement à Daniël Ost, un créateur floral dont ils suivent fidèlement les oeuvres, et cela depuis la parution de son premier recueil de travaux, en 1989.

Dans le salon qui lui sert de bureau à l’arrière de sa boutique de  » Fleuriste  » de Saint-Nicolas, Daniël Ost reçoit des invitations et des commandes du monde entier. Depuis plus de dix ans déjà, le Japon (où il séjourne plusieurs fois par an), la Chine, la Corée et d’autres pays d’Asie sont tombés sous le charme de ses compositions florales. Publié voici deux ans en Belgique,  » Feuilles et Fleurs « , son troisième livre monographique, est paru dans sa version américaine à l’automne 2000, à New York. Le succès fut immédiat puisque ce magnifique ouvrage fut classé par la NBC parmi les trois plus beaux cadeaux de Noël.

Des bouquets au paysage, il y a un pas que Daniël Ost hésita à franchir, commençant même par refuser l’offre:  » Mais je ne dessine pas de jardins.  » Un argument emporta cependant sa décision. Il fallait que l’espace soit ludique. Les propriétaires souhaitaient  » agrandir  » le lieu, ouvrir les angles de vue et les possibilités de jouir du sol pour que les enfants puissent librement courir, jouer au ballon ou s’adonner à tout autre activité sportive. C’est donc en pensant aux enfants qu’a été sculpté cet immense  » mouvement  » de buis qui semble s’extraire de la nouvelle construction et va s’amenuisant comme la queue d’un animal préhistorique.

Reprenant un thème permanent dans ses compositions florales, Daniël Ost a réussi à éluder les lignes droites des bâtiments et de la pièce d’eau en les reliant par des mouvements courbes, des formes qu’il appelle organiques. Il en est ainsi de ces lignes de buis, conçues comme des empreintes sur le sol, tracées par un pinceau imaginaire et une main libre et non par un crayon aidé d’une règle ou d’un compas. On peut les imaginer comme des ribambelles de chenilles, à moins que ce ne soient les ondes d’une vague figée par le froid hivernal.

Les contours de la pièce d’eau existante ont été habillés de plomb, une couleur qui se marie au bois de cèdre habillant l’architecture nouvelle. Un petit ruisseau aux contours mouvants a aussi été tracé au milieu d’une plantation de 800 iris japonais (Iris laevigata) blancs dont les feuillages se couvrent de givre en hiver.

Le traitement du végétal, sensuel du côté sud, fait place du côté nord de la nouvelle habitation à une présence plus structurée. Des haies régulières et parallélépipédiques de hauteur et d’ampleur variables ont été aménagées. Elles sont plantées de Pyrus salicifolia  » Pendula  » qui produit à la belle saison un rideau de longues feuilles pendantes, de couleur gris argenté. Au pied de ces haies parallélépipédiques, courent de petites haies de buis arrondies et faussement parallèles.

Les espèces qui peuplent cet éden ont été choisies pour la couleur des feuilles ou des écorces. Afin que le jardin poursuive en toute saison et sous toutes ses formes son interaction avec l’architecture et particulièrement la couleur du revêtement de façade en planches de cèdre rouge américain. L’hiver et ses manteaux de givres rehaussent magistralement cette merveilleuse philosophie.

Carnet d’adresses en page 72.

Texte et photos: Jean-Pierre Gabriel

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