L’été, une fois les bancs de l’université désertés, Louvain oublie un peu son statut de cité estudiantine et retrouve sa quiétude. C’est le moment choisi par Piknik Musik pour réveiller la ville et ses parcs en proposant de pique-niquer en musique.

Lorsqu’en 2009, Thomas Van Ostaede et Ilse Schoonackers lancent Piknik Musik, c’est encore l’incertitude : le public viendra-t-il ? Que fera-t-on s’il pleut ? Aujourd’hui, la manifestation est devenue un rendez-vous estival incontournable en Brabant flamand, doublé d’un tournoi de pétanque. Plus de trois mille participants s’y rendent, même par mauvais temps. Dès la première édition, au parc municipal, l’intuition des organisateurs s’est en effet confirmée : le Louvaniste n’aspire pas vraiment à des événements de grande ampleur, tels que les festivals Marktrock et Beleuvenissen qui attirent des hordes de touristes.  » Notre public cible préfère des rassemblements conviviaux de petite envergure, explique Thomas. Notre initiative a été accueillie avec soulagement par beaucoup de jeunes habitants.  »

COOL ATTITUDE

Le concept de Piknik Musik doit son succès à sa simplicité.  » Durant trois dimanches d’été, nous occupons un parc pour y organiser un pique-nique, décrit l’initiateur de la manifestation. Les participants peuvent emmener leur frigo-box ou acheter leur repas aux roulottes des commerçants locaux qui proposent notamment des soupes, des sandwichs, des plats végétariens et des viandes grillées. Un bar offre des rafraîchissements, des bières, des cocktails et du vin. La musique est assurée par des DJ et cela va du disco au classique, en passant par l’électro, la soul, la variété ou encore l’afro-funk… Le bruit n’est pas assourdissant comme dans les grands concerts. Les visiteurs ne viennent pas pour danser les bras en l’air devant le podium. Ils préfèrent s’allonger sur le gazon, les doigts de pieds en éventail, une Stella à la main. Un retour en force du pique-nique d’antan.  » L’accès étant gratuit et cette fête décontractée ayant lieu en journée, elle attire beaucoup de jeunes parents avec leurs enfants.  » Vers 21 heures, lorsque tout le monde est un peu éméché, on ferme boutique, rassure le maître de cérémonie. Pour les afters, on aiguille les gens vers les cafés du Oude Markt.  »

PARCS OUBLIÉS

Le concept de Piknik Musik ne se résume pas à grignoter un en-cas sur une couverture à carreaux. Le but est également de faire découvrir aux Louvanistes des espaces verts moins connus.  » La première édition, en 2009, a eu lieu au parc municipal, le plus célèbre des environs, se souvient Thomas Van Ostaede. Nous aurions pu très facilement y rester les années suivantes, mais nous nous sommes donné pour défi de trouver de nouveaux lieux à chaque fois, et particulièrement des sites oubliés. Nous sommes ravis de pouvoir faire découvrir à des gens qui habitent ici depuis quarante ans des endroits inédits pour eux. Louvain et sa périphérie comptent pas mal de zones vertes. Ces dernières années, nous nous sommes posés aux parcs Van Waeyenbergh et Paul van Ostaijen, au domaine provincial de Kessel-Lo et à la Sint-Lambertusplein à Heverlee.  »

Cet été, trois pique-niques sont prévus. Le premier aura lieu le 27 juillet prochain, à De Bruul, un parc d’activités et un terrain de sports situé dans un quartier urbain multiculturel où une Wereldfeest a lieu annuellement.  » Il faudrait que la diversité culturelle se reflète dans l’offre culinaire, estime Thomas Van Ostaede. Nous sommes en train d’étudier les plats et les échoppes qui conviendraient bien à cet endroit.  » Le 10 août, Piknik Musik investira à nouveau le domaine provincial de Kessel-Lo. L’accent sera alors mis sur le volet musical et, en plus des DJ habituels, une cantatrice se produira dans une gigantesque robe qui se déploiera pour former une nappe de 200 m², sur laquelle les spectateurs pourront s’asseoir. Enfin, le 21 septembre aura lieu le troisième pique-nique, au lac de Rotselaar. Si le temps le permet, les visiteurs pourront nager ou jouer sur la plage.

LE PLEIN D’IDÉES BRANCHÉES

Au début de cette année, Café Congé, l’ASBL qui organise Piknik Musik, a reçu le prix annuel Hugo De Keyser dans la catégorie  » jeunes « . Cette distinction, créée en 2003 à la suite du décès de ce journaliste louvaniste, récompense les personnes ou les initiatives qui contribuent à rendre la vie plus agréable dans la cité.  » Piknik Musik était le genre d’événements qui manquaient vraiment ici, analyse Thomas Van Ostaede. Il y a quelques années, on a vu des pique-niques urbains s’organiser un peu partout dans le monde, de Montréal à La Haye en passant par Dublin et Bruxelles. Notre commune était à la traîne. Avec une équipe de bénévoles, nous avons voulu combler cette faille, avec succès.  »

Se bouger pour la ville et faire en sorte qu’elle suive les tendances internationales dans le domaine de l’horeca : telle est désormais la motivation du créateur de Piknik Musik. L’été dernier, il a aussi contribué au zoMerbar, un bar éphémère installé pour 12 jours sur le toit du M-Museum. Et, début 2014, lui et trois amis ont créé, sur un terrain de basket-ball dans un nouveau quartier de Louvain, au croisement de la Constantin Meunierstraat et de la Frans Nensstraat, Bar Stan, un établissement branché. Une semaine après son ouverture, le lieu était déjà plein à craquer, du petit-déjeuner au dîner. Pour y bruncher le dimanche, il faut réserver des semaines à l’avance. Nombreux sont aussi ceux – journalistes, écrivains et autres créatifs geeks – qui viennent y travailler pour bénéficier de l’Internet gratuit en sirotant un café.  » Il nous manquait quelque chose qui existait déjà à Gand, Bruxelles ou Anvers, fait remarquer Thomas Van Ostaede. Une sorte de « living public » où les habitants peuvent trouver des plats locaux et originaux et des boissons maison. C’est aussi une alternative aux grandes chaînes de cafés. Bar Stan est désormais le rendez-vous privilégié de beaucoup de Louvanistes, et nous nous en réjouissons. On peut venir y chercher un pique-nique le midi, si l’on préfère manger en plein air.  » Et de revenir à son événement fétiche… et à l’avenir qu’il lui réserve :  » Peut-être pourrions-nous transposer le projet ailleurs, envisage Thomas Van Ostaede, qui a déménagé cette année de Louvain à Malines. Le concept a en tout cas un énorme potentiel.  »

www.piknikmusik.be

PAR ELKE LAHOUSSE / PHOTOS : FRÉDÉRIC RAEVENS ET TIM SALLÉ

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content