l’architecte bruxellois étienne van den berg repense et redessine les volumes d’une maison  » compliquée « . résultat ? une formidable fluidité empreinte de sérénité, en parfaite symbiose avec la nature environnante.

Carnet d’adresses en page 61.

Les environs de Bruxelles recèlent des coins d’une beauté à couper le souffle. Comme ici, par exemple, dans la vallée de Linkebeek. De la pente très douce, on domine une campagne extraordinaire. Des prairies moelleuses, parsemées d’arbres et d’arbustes, s’étalent à l’infini. La maison dont on pousse la porte a été construite dans les années 1980 et fait partie de deux constructions jumelées. Certes, la façade, percée de généreuses ouvertures, permet de profiter de la magnifique vue. Mais à l’intérieur, tout s’embrouille. Les espaces sont morcelés et les circulations compliquées. Bref, un aménagement un peu anarchique, qui masque une bonne partie du paysage. Le décalage entre le dehors et le dedans saute aux yeux…

Lorsque le nouveau propriétaire prend possession des lieux, il souhaite avant tout rétablir le contact avec la nature. De plus, ayant longuement vécu dans un loft, il aspire au même concept, aéré, généreux, propice à mettre en valeur sa collection de tableaux.  » La maison manquait de simplicité et d’ouverture, explique l’architecte Etienne Van den Berg. Notre premier souci consistait à pouvoir élargir la vue. Nous avons ouvert l’espace pour que l’£il puisse s’échapper vers l’extérieur, pour que le regard porte loin. Partout, il a fallu créer des circulations fluides, éliminer les contraintes et les incohérences, allonger les perspectives et imaginer des jeux de diagonales, bref, apporter une respiration à l’ensemble.  »

La contrainte la plus importante se trouvait déjà à l’entrée. En franchissant la porte, on butait contre un mur, puis on devait immédiatement descendre trois marches menant vers la cuisine. L’architecte fait abattre la cloison et égalise les niveaux. Cet exer-cice très simple change tout. Dès l’arrivée, la vue n’est heurtée par aucun obstacle, on est devant un volume immense. Sensationnel. Le regard file d’emblée vers l’extérieur, s’échappe dans la nature. Dans l’espace ainsi dégagé, l’architecte a dessiné un meuble tout simple recouvert de mutenier, une essence exotique, qui remplit une double fonction, dans la mesure où il sert de rangement et occulte l’escalier.

Au rez-de-chaussée, il y a deux hauteurs de niveaux de sol. Le salon est situé légèrement plus bas. Si le volume est en quelque sorte délimité en deux zones distinctes, elles se confondent dans un mouvement souple et fluide. Ici, la lumière joue un rôle prépondérant. Elle éclaire l’espace de tous les côtés, elle sculpte les volumes en soulignant les contours du mobilier, en illuminant le contraste des matériaux. Dans le salon, du wengé massif, élégant, chaleureux met superbement en valeur un aménagement minimaliste et raffiné. Dans le vaste hall d’entrée, dans la cuisine et la salle à manger, Etienne Van den Berg a choisi un revêtement de sol plus  » technique  » qui ne manque pas d’allure : le concrezzo, un granulat pierreux fondu dans la masse du béton, qui a un aspect lisse, sensuel et uniforme.

Dans le salon, pas de  » vrais  » meubles. L’ambiance, volontairement dépouillée, incite au repos et à la détente. Une méridienne et un canapé dessinés par l’architecte Marc Corbiau invitent à la méditation et au farniente devant les flammes. La cheminée, très pure, a été dessinée par Claude Pire. Au-dessus, des placards en medium peint ont été traités comme une surface murale. Dans la cuisine, le mobilier en noyer d’Amérique, huilé, s’exalte avec une belle force de caractère. Pour le confort et la facilité, certains éléments sont en Inox et en pierre bleue. On déjeune et on dîne autour d’une robuste table en chêne massif, entourée de chaises  » Series 7 « , dessinées par Arne Jacobsen. La palette de coloris neutres et calmes est réveillée par des harmonies acidulées des célèbres sérigraphies d’Andy Warhol.

A l’étage, Etienne Van den Berg a supprimé une chambre (il y en avait 4 au total) de façon à pouvoir agrandir la salle de bains et y intégrer le dressing-room. On pénètre dans une pièce spacieuse, lumineuse, commode, véritable temple du bien-être. Ici aussi, le bois est omniprésent. Les surfaces lisses des placards en noyer clair tranchent avec le mutenier plus foncé au sol. Les lavabos en faïence blanche sont posés sur une tablette en pierre bleue. A la fois zen et spectaculaire, la baignoire a pris place au centre. Entourée de MDF noir, elle se prolonge par un bloc de rangement. Dessus, on peut déposer des vêtements, des serviettes ou des accessoires. La pièce à vivre par excellence.  » Je n’aime pas les choses trop pures ou trop minimalistes, souligne Etienne Van den Berg. Il y a aussi un côté  » social  » dans l’architecture, il ne faut pas nier la vie.  » On découvre, enfin, la chambre, à l’élégance raffinée. Partout, des tonalités blonde et beige. Sur le lit, un plaid bicolore et graphique griffé Hermès. Une atmosphère intemporelle. On a envie de s’y attarder. Pour rêver encore.

Barbara Witkowska

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