Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBF radio).

Les altermondialistes devront-ils bientôt mener un combat inédit ? Lentement mais sûrement, la globalisation semble en effet intégrer une nouvelle matière dans sa quête perpétuelle d’harmonisation planétaire. Une matière aussi délicate qu’impalpable, aussi subjective que sublime : la beauté physique. Jadis, on s’accordait à reconnaître que chaque culture définissait elle-même ses propres standards esthétiques ; désormais, la tendance est à la recherche d’une perfection globale, d’une référence unique, d’une beauté mondialisée. Il y a deux mois à peine, le très sérieux hebdomadaire  » Newsweek  » consacrait d’ailleurs sa couverture au mannequin Saira Mohan avec le titre flatteur  » The Perfect Face  » ( » Le Visage parfait « ). Définissant sa splendeur comme la résultante d’un subtil mélange entre un père indien et une mère canadienne d’origine franco-irlandaise, le magazine américain démontrait que la jeune femme répondait aussi bien aux critères de séduction définis en Orient qu’en Occident. Mieux, Newsweek plaçait la belle Saira sur le piédestal d’une  » nouvelle beauté globale  » ( sic). Dieu merci, au c£ur de ce débat délicat, le métissage est roi et l’aventure incite finalement chacun à se tourner un peu plus vers l’inconnu. Ainsi, en Occident, les références à l’Inde sont résolument à la mode, tant sur le plan musical (bravo Panjabi MC !) que dans le monde publicitaire (voir la dernière pub pour la Peugeot 206). Inversement, le modèle occidental fascine de plus en plus d’Asiatiques qui recourent volontiers à la chirurgie esthétique pour atteindre leurs rêves plastiques. Tout autour du globe, ce désir de transformation physique n’a d’ailleurs plus rien de tabou. Les opérations de chirurgie esthétique se sont démocratisées et, aujourd’hui, les médias relayent même volontiers les fantasmes légitimes de jeunesse éternelle. Indice révélateur : un nouveau magazine grand public baptisé  » Plastique & Beauté  » a ainsi vu le jour en France en septembre dernier. Bref, le désir de perfection physique est définitivement ancré dans les m£urs avec, comme objectif ultime, la définition d’un nouvel idéal de beauté globale pour le genre humain. Dans cette recherche d’une esthétique qui serait parfaitement universelle, il se pourrait toutefois que les êtres virtuels soient les premiers gagnants de la partie car, sur la Toile, l’élection d’une  » Miss Digital World  » vient d’être officiellement annoncée ( www.missdigitalworld.com). Concrètement, il s’agit d’un concours de beauté classique exclusivement réservé à des candidates qui n’existent pas ! A l’instar de l’héroïne pixellisée Lara Croft ou de la cyber-présentratrice Ananova, les concurrentes ont toutes été créées par des logiciels 3D, histoire de les rendre plastiquement parfaites. Bien sûr, la compétition consiste surtout à stimuler la créativité des designers du Web, mais le but défini par les organisateurs consiste bel et bien à  » rechercher un idéal de beauté contemporain à travers la réalité virtuelle  » ( sic). Finalement, le concept n’est pas si inintéressant pour les altermondialistes de la beauté globale. Car l’initiative a au moins le mérite de placer, par définition, les vraies femmes hors concours. Et donc de saboter, in fine, le fantasme naissant d’une hypothétique perfection mondialisée faite de chair et de sang…

Frédéric Brébant

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