La découverte des féeriques Météores, de la mystérieuse Delphes et de l’effervescente Athènes, révèle une Grèce à la fois antique et actuelle, nimbée de sérénité et de grandeur.

Guide pratique en page 32.

La visite des célèbres Météores justifie à elle seule un voyage au c£ur de la Grèce continentale. Bordées de champs d’oliviers ou de coton, les routes qui y mènent baignent dans un soleil éclatant. Puis, soudain, on se retrouve au pied de cette étrange masse rocheuse longtemps devinée au loin… Comme une apparition, de hautes colonnes de grès noir surgissent dans la brume. Conglomérats aux formes suggestives et mouvantes selon l’angle et la lumière, les Météores se veulent un pur ravissement pour les yeux et pour l’âme. Car comment expliquer autrement que des ermites y ont trouvé asile, il y a plus de dix siècles ? Malgré un dénuement difficilement imaginable de nos jours, sérénité et recueillement ont attiré d’autres hommes de foi qui peu à peu ont ressenti le besoin de bâtir une église, puis bientôt des couvents.

Les Météores – Un trésor monastique

Du xive au xvie siècle, les Météores devinrent, au c£ur de la plaine de Thessalie, un important centre de la vie religieuse orthodoxe. A leur apogée, on comptait pas moins de 24 monastères. Un bon nombre furent détruits durant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, seuls six monastères sont encore habités et visités. Le plus célèbre, le plus haut perché et le plus vaste est le Grand Météore. Si l’extérieur paraît austère, l’intérieur entièrement couvert de fresques délicates offre un contraste saisissant. Ici, et c’est un vrai privilège, on peut visiter les anciennes cuisines, le réfectoire, l’ossuaire, quelques anciennes cellules de moines et les caves où était entreposé le vin. Les monastères de Varlaam et d’Agios Nikolaos Anapavsas, dressés comme des sentinelles autour du Grand Météore sont également ouverts au public. Tout comme Roussanou, le plus ancien et aussi le plus petit des monastères. Fondé en 1288, il abrite des nonnes et recèle de magnifiques fresques murales et ornements du Catholicon, l’église autour de laquelle s’articule la vie monastique. La route qui ceinture la région n’excède pas 40 kilomètres. Chaque monastère est accessible par une volée d’escaliers qui se sont substitués à l’ancien système de nacelle et de poulie qui en assurait autrefois l’accès. Au hasard des creux dans la roche, on redécouvre les ruines d’une vingtaine de monastères. Pèlerins, randonneurs, amateurs d’escalades, chacun peut admirer la majesté du paysage à son rythme et selon ses passions.

Delphes – Le centre du monde

Toute escapade sur le continent grec est empreinte du secret de ses édifices antiques. A quatre heures des Météores et à deux heures trente d’Athènes, la ville de Delphes est aussi une étape obligée, véritable joyau, lové dans un écrin exceptionnel. Après avoir quitté la plaine à la sortie de Livadia, on gravit les premiers contreforts du Mont Parnasse, en passant par le village d’Arachova d’où partent les pistes pour des petites stations de sports d’hiver et des sentiers de randonnée. Si les Muses ont aujourd’hui déserté les forêts, on peut visiter la grotte du dieu Pan et, pour les alpinistes, escalader le sommet du mont mythique. L’arrivée à Delphes est surtout recommandée à la tombée du jour. Surplombant de profondes gorges et agrippée à 1 000 mètres d’altitude à flanc de falaise entre les roches phédriades, Delphes étincèle sous les derniers rayons d’or. En contrebas, les vastes étendues d’oliviers tapissant les collines jusqu’au golfe d’Itéa s’endorment alors dans la pénombre. Pendant que, à Delphes même, les nombreux bars et restaurants s’éveillent, dans un joyeux brouhaha. Mais il faut sortir de la ville pour gagner le remarquable site du sanctuaire d’Apollon. Selon la tradition, deux aigles envoyés par Zeus ont trouvé ici le centre du monde. Pendant de longs siècles, Delphes sera le centre spirituel et religieux de la Grèce ancienne. Aujourd’hui, la voix de la Pythie s’est tue et du grand temple d’Apollon, il ne reste, hélas, que ruines et fragments épars de colonnes et de frises. Du théâtre, situé tout en haut au Tholos et dressé dans le sanctuaire d’Athéna à côté du gymnase en ruine, en passant par la Voie sacrée, le charme reste intact.

Athènes – Passé, présent et avenir

Le Parthénon tout de marbre blanc vêtu, flotte, surréaliste, au-dessus de la ligne d’horizon. Symbole même d’Athènes, il renvoie à 480 ans avant Jésus-Christ, un âge d’or qui a débuté avec la bataille de Salamine et qui a vu la défaite des Perses. Plus de deux mille ans plus tard, l’Acropole, l’ancienne agora, et les monuments qui les entourent attirent depuis toujours de nombreux visiteurs. Avec la pollution et la désorganisation d’une ville de près de quatre millions d’habitants, l’air étant devenu irrespirable et le Parthénon menacé, impossible d’envisager la célébration du centenaire des Jeux olympiques dans la mère patrie. Un choc. Toutefois, les 28e olympiades de 2004 seront bien organisées à Athènes. L’argent afflue de partout pour restaurer, reconstruire et embellir la ville. Bien sûr, les embouteillages n’ont pas disparu, pas plus que les canicules d’été. Mais le visiteur qui gagne la capitale grecque au printemps ou en automne est plutôt agréablement surpris. Athènes affiche aujourd’hui des belles boutiques, des bars et restaurants branchés avec, presque toujours, de vastes terrasses où il fait bon s’attarder, longtemps après le coucher du soleil. La place Syndagma, située sous le Parlement, est devenu le véritable c£ur moderne d’Athènes. A l’ouest de la place démarre la célèbre rue piétonne et commerçante Ermou, avec tout au bout le quartier de Monastiraki, accolé à l’Agora dont les ruelles grouillent de vie. Il ne faut pas manquer, le dimanche matin, son marché aux puces pittoresque, populaire, joyeux, et qui contraste avec celui de la Plaka, le c£ur touristique par excellence aux ruelles colorées, ponctuées de bars et restaurants proprets. N’hésitez pas à pénétrer dans les nombreuses belles églises byzantines et dans l’Agora romaine, de jeter un £il à la Tour des vents, un monument octogonal bâti au premier siècle avant notre ère par un astronome syrien. Enfin, à deux pas de la célèbre porte d’Hadrien s’étire l’immense stade olympique en forme de U qui vit naître quatre siècles avant Jésus-Christ des concours athlétiques en honneur de la déesse Athéna. C’est là aussi que se sont tenus, en 1896, les premiers Jeux des temps modernes sous l’égide de Pierre de Coubertin. Tout en marbre, il impressionne toujours, bien davantage sans doute que le futur site olympique d’Irini, encore en chantier…

Reportage : Sophie Dauwe et Jean-Jacques Serol

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