Dominant la mode masculine de la tête et des épaules, Hugo Boss mise sur Hugo pour donner du punch à un label un peu austère. Hugo cible une clientèle jeune, branchée, cosmopolite.

Carnet d’adresses en page 107.

Hugo Boss, c’est d’abord Boss, le parfait costume du businessman qui s’habille de gris ou de marine pour ressembler à ses pairs. Soit 90 % du chiffre d’affaires de l’entreprise allemande et une distribution dans 108 pays. Mais Hugo Boss, c’est aussi û et de plus en plus û Hugo, une collection plus jeune, plus branchée, plus cosmopolite, qui vise l’homme depuis dix ans et la femme depuis quatre. Faire croître Hugo est l’un des objectifs prioritaires de Bruno Sälzer, administrateur délégué de Hugo Boss.  » Hugo est d’une importance considérable pour l’entreprise en raison de son positionnement mode. L’intérêt des hommes pour l’habillement va croissant, non seulement dans la sphère professionnelle mais aussi dans les loisirs. Hugo cible cet homme qui soigne son image tout en étant à la recherche de qualité et d’individualité « , pointe le patron d’Hugo Boss, qui prévoit une croissance à deux chiffres pour 2003.

Quoique sanglé dans un costume… Boss, Bruno Sälzer est donc aux petits soins pour Hugo : le marketing engloutit au minimum 15 % du chiffre d’affaires généré par la marque et la présentation des collections fait l’objet d’un show unique, loin de la cohue traditionnelle des semaines de défilés. C’est Amsterdam qui a eu les honneurs de la collection printemps-été 2003. Tokyo pourrait prendre la relève la saison prochaine car Hugo veut pénétrer, cette année encore, le marché japonais.  » Le choix de la ville n’est pas que stratégique, il est aussi dicté par le concept de la collection, souligne Volker Kächele, responsable de la création pour Hugo. Le mélange d’esprit gitan et de modernité, à la base de la collection printemps-été, épousait bien l’image d’Amsterdam.  »

Les pantalons se portent large, les jupes sont amples, les blousons cultivent l’androgynie, les couvre-chefs oscillent entre la casquette d’allure militaire et le bonnet tibétain. Volker Kächele a donné rendez-vous au métissage des cultures et des sexes, mais joue simultanément la simplicité et la fluidité des lignes.

Visage émacié, tempes grisonnantes, notre homme pratique une communication à haut débit. Il faut saisir ses idées au vol avant qu’elles ne se bousculent, ne s’entrechoquent, ne se télescopent. Aucune agitation, en revanche, dans son plan de carrière. Ce quadra amoureux de  » la langue de la mode  » (l’italien) est entré chez Hugo Boss en 1990, sitôt achevée sa formation en gestion des affaires û  » option marketing « , s’empresse de préciser l’intéressé û et n’a plus quitté l’entreprise depuis.

Weekend Le Vif/L’Express : Pour quel grand nom de la mode quitteriez-vous Hugo Boss ?

Volker Kächele : Je ne quitterais Hugo Boss pour aucune autre entreprise. Quand j’étais adolescent, j’ai passé deux ans en Italie, qui est le pays de la mode par excellence. Je voulais apprendre à la fois la langue et les rouages du métier. Entrer dans l’univers de la mode était mon rêve sur le plan professionnel. Avec Hugo, j’ai la possibilité de créer des collections et de développer une marque pour des hommes et des femmes passionnés de mode comme moi. Je travaille en totale indépendance, mais avec le soutien que peut offrir une entreprise de la taille et de l’expérience d’Hugo Boss. En matière de flexibilité, de souplesse de réaction, Hugo représente, en quelque sorte, l’avenir d’Hugo Boss. C’est aussi une marque qui offre un fort potentiel de croissance. Elle possède actuellement 34 points de vente (shop-in-shop inclus) dans les plus grandes villes du monde. La prochaine étape, imminente, est l’ouverture d’un magasin Hugo à Tokyo.

Comment naît une collection Hugo ?

Je suis incapable de rester assis derrière un bureau et de dessiner croquis sur croquis. Je collecte des idées et je cherche l’inspiration au travers de livres, de voyages, de villes, de gens. Il s’en dégage une première idée de collection en termes de couleurs, de formes, d’attitudes. Dans le processus créatif qui s’enclenche alors (NDLR : Volker Kächele chapeaute une équipe de douze stylistes ), ce concept va être revisité, modifié et va progressivement se préciser. La collection printemps-été 2003 porte la marque des années 1970, un look vintage mixé avec du kaki, des éléments  » casual  » et des couleurs très vives. Les cotons sont délavés ou brossés, les finitions un peu rugueuses. Hugo est une collection d’avant-garde, elle mise donc sur des détails non conventionnels et des matières nouvelles, tant pour l’homme que pour la femme.

Qui sont vos concurrents les plus redoutables ?

Selon les marchés, je dirais Emporio Armani, D&G, Marc Jacobs, Miu Miu et Cavalli.

Que répondez-vous à celui qui dit :  » Hugo s’adresse à l’homme de 25-35 ans qui ne peut pas s’offrir Armani  » ?

Hugo n’est pas sensiblement différent d’Emporio Armani en ce qui concerne le niveau de prix. En revanche, notre collection se positionne autrement : elle repose sur un concept plus jeune, moins en termes d’âge, d’ailleurs, que d’attitude. Hugo joue sur le désir,  » a sexy spirit, you know… « .

Comment définiriez-vous Hugo en un seul qualitatif ?

Je serais bien en peine de le faire. Hugo ne peut pas se résumer en un seul mot !

Est-il exact que les faiseurs de tendances recherchent désormais des produits plus exclusifs ou, disons, moins  » labellisés  » que Hugo Boss, Armani ou Dolce&Gabbana ?

Je ne suis pas d’accord avec cette affirmation. Ceux qui sont à l’affût de la mode recherchent des pièces désirables et ne souhaitent pas se mouler dans une sorte d’uniforme. La ten-dance va plutôt dans le sens d’un mélange de style rétro, de marques connues et de pièces H&M. Le look s’individualise, ce qui n’exclut pas des labels comme Hugo Boss ou Armani ou d’autres.

Quels sont les objectifs de croissance d’Hugo ?

Notre objectif est de porter le chiffre d’affaires de moins de 100 à passer 150 millions d’euros en l’espace de trois ans. Le lancement d’Hugo au Japon constitue une étape importante du développement. Il faut aussi noter que la ligne féminine ne représente encore que 25 % des ventes car elle est plus récente ; elle offre donc un réel potentiel d’expansion.

La multiplication des licences permet aussi de conforter le volume et les marges…

Hugo n’a concédé, pour l’heure, que trois licences : parfum, chaussures et lunettes. Nous étudions actuellement la possibilité de lancer une ligne de maroquinerie, mais rien n’est décidé à ce stade.

Propos recueillis par

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