Dans son dernier roman, Les Gens, Philippe Labro décrit une véritable  » comédie humaine  » touchant au cour par la véracité des sentiments décrits.

Que reste-t-il, en vous, du petit garçon que vous étiez ?

Tout. La curiosité, le sens des valeurs transmises par mes parents, une fidélité à mes frères et à ma famille, un amour immodéré pour la nature et le rugby, une envie de voyager et d’aller vers le monde. Et enfin un goût précis pour construire et raconter des histoires. Mes trois frères aînés se souviennent de moi comme un enfant-conteur.

Qui vous a donné le goût de la curiosité ?

J’en ai hérité comme de la couleur de mes yeux. Il y a une dose extraordinaire d’inné. Au dire de Kipling,  » il y a ceux qui voyagent et ceux qui ne voyagent pas « . Mes parents, mes professeurs et mes lectures m’ont encouragé à rester éveillé aux autres.

L’écriture est-elle un voyage ?

Bien entendu. Un romancier imagine des situations, des personnages et des décors qui lui permettent de s’évader, mais c’est aussi une introspection. Outre le voyage réel en territoire inconnu, il existe un voyage imaginaire, où l’on reste assis. L’écriture est une passion et une nécessité, sinon je m’étiole.

Vous affirmez que  » même s’il n’écrit pas les mêmes livres, un écrivain avance sur le même chemin « . Quel est votre voie ?

Celui de la connaissance des êtres humains. J’aime qu’il y ait une dose d’irrationnel, d’imprévu, de précaireà l’éphémère des choses qui mène vers un semblant de sagesse.

Qu’en est-il de la nostalgie ?

La nostalgie est un sentiment positif. Il s’agit d’un bonheur passé, qu’on se remémore sans regrets ni remords. J’ai beaucoup travaillé le passé dans mes romans, parce qu’il incarne un trésor, dans lequel je puise en permanence. Alors que le romancier grappille le passé, le journaliste aborde notre époque.

Où écrivez-vous ?

Chez moi dans un petit bureau, tard le soir. Le week-end dans une maison, en Normandie. Une fois que j’entre dans un livre, je peux écrire partout. Ce roman a été écrit à bord d’un bateau, dans une maisonnette près de l’Atlantique et au c£ur d’une vallée perdue en Suisse. Ce dont j’ai besoin, c’est d’une pièce silencieuse et noire. La notion de nuit est essentielle.

Que vous évoque le terme  » Les gens  » ?

Cette expression courante est digne de la formule  » sésame ouvre-toi « . Elle me permet de sortir de l’aspect autobiographique. Ici, je livre ma comédie humaine. A travers ce regard sur le monde, je capte le  » bruit  » des gens, leur humanité. Que ce soit en littérature ou dans la vie, j’aime l’originalité de ceux qui ne ressemblent pas aux  » gens « .

Les Gens, par Philippe Labro, Gallimard, 452 pages.

Propos recueillis par Kerenn Elkaïm

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