La biennale Interieur de Courtrai est le rendez-vous belge de la scène internationale du design. Pour le millésime 2004, cette manifestation de grande envergure mettra l’accent sur la place qu’occupe le design dans nos vies. Découverte.

Du 15 au 24 octobre prochain, la Belgique vivra à l’heure du design par le biais de la 19e biennale Interieur qui se déroulera dans les palais de Kortrijk Xpo à Courtrai. Le thème central de cette édition ? Les êtres humains et leur relation au design. Une démarche fraîche et innovante que l’on doit à Farida O’Seery, la nouvelle directrice de l’événement.  » Pour une fois, lors de la biennale, le regard ne se portera pas exclusivement sur le design et les designers mais bien sur les consommateurs de design, explique la jeune femme. Nous avons donc demandé aux designers participants à la biennale de regarder le design à travers les yeux de Monsieur Tout-le-monde. Je pense que le xxie siècle présente une perspective sociale résolument différente de ce que nous avons connu jusqu’à présent. Et cet état des choses influe tout naturellement sur le design tel que nous le connaissons. Le temps de la contrainte des styles et leurs représentants absolutistes est désormais révolu. Le Bauhaus, le Futurisme, le Minimalisme et autres mouvements appartiennent au passé. Les designers ont perdu leur aura quasi religieuse. Le design connaît aussi une sorte de Ground Zero. Nous sommes enfin libérés du trop-plein de fonctionnalisme et nous pouvons nous consacrer entièrement aux stimulations sensuelles que le design peut nous offrir. L’objet de prestige, pensé par un designer glamour et inaccessible, se transforme en objet de tous les jours, entièrement à la disposition de son propriétaire.  »

Pour mettre cette nouvelle approche du design en valeur, Interieur 04 n’accueille pas un mais deux invités d’honneur. D’un côté, le célèbre designer britannique James Irvine et, de l’autre, la Finlandaise Kirsti Paakanen, propriétaire de Marimekko, une société de textile design finlandaise. Ensemble, sur la Rambla, ils présentent un projet visant à dévoiler l’anatomie d’objets design. Autre projet d’envergure,  » Scenes from Home « , met l’accent sur l’habitat sensoriel dans le sens où la maison prend soin de notre corps et de notre tête en stimulant ou en calmant nos sens. Dans ce cadre, six célèbres femmes designers (Claire Bataille, Agatha Ruiz de la Prada, Kimiko Yoshida, Patricia Urquiola, Evelyne Merckx et Kathleen Van Zandweghe) se sont donc vus confier chacune la mission de créer un projet d’intérieur au look familial et rassurant afin de démontrer de manière didactique l’aspect innovant du design. Enfin,  » theyoungdesignersfair « , un espace dédié aux jeunes designers de moins de 40 ans, offre un bel aperçu des nouvelles créations européennes.

Mais les véritables vedettes de ce superbe salon de la créativité dans l’habitat sont, bien évidemment, les 250 exposants qui présentent leurs dernières nouveautés. Et, fait remarquable cette année, parmi toutes les grandes marques internationales de design contemporain, deux toutes jeunes maisons d’édition 100 % belges dévoilent les £uvres de jeunes designers talentueux. Créée à la mi-septembre par Sébastien Feldbrugge, un jeune fana de design, la société Feld propose déjà un catalogue reprenant une dizaine de projets.  » Cela fait huit ans que je travaille dans l’entreprise paternelle qui comprend trois usines actives dans l’industrie du meuble, explique Sébastien Feldbrugge. Après avoir discuté, par hasard, avec Marco Schmidt, un jeune designer belge plein d’idées, je me suis dit qu’il serait intéressant de donner une plus-value aux meubles tout en créant un lien entre le designer et l’industrie. Au gré de mes rencontres professionnelles, j’ai très vite remarqué que la Belgique jouit d’un énorme potentiel en matière de design et de création. Marco avait développé quelques projets intéressants et j’avais très envie de les présenter à Interieur 04. Mais, entre-temps, j’ai aussi rencontré Alain Berteau, un autre créateur belge (voir article page 38), et lui ai proposé de créer une gamme de meubles réalisables à partir de l’outil de production de mon père. Depuis, j’ai décidé d’éditer également les créations de Monsieur Gilson et de Bram Boo, deux autres designers belges, ainsi que celles de Pieter Jan Dols, un jeune créateur néerlandais. Je ne cherche pas à travailler avec les grands noms du design. Je préfère aider des jeunes talents à se faire connaître. La Belgique fourmille de jeunes pousses qui ne demandent qu’à s’épanouir. Et je tiens beaucoup à proposer des meubles présentant un bon rapport qualité prix. Le mobilier édité par Feld doit être accessible à tous.  »

Créée en 2003, la société Vange Edition propose, elle aussi, une jolie collection de meubles et objets à la personnalité bien affirmée. A sa tête, Michel Vangenechten, un jeune entrepreneur qui, avant de se lancer dans l’édition de mobilier design, était responsable de la communication et du design au sein de l’entreprise familiale spécialisée en système de détection pour portes automatiques.  » Le mobilier design a toujours été une de mes passions, précise Michel Vangenechten. J’ai donc décidé d’établir un lien entre ma passion et mon expérience dans le monde industriel en créant Vange Edition. En général, les jeunes talents n’ont, en effet, ni les moyens de réaliser leurs projets ni beaucoup d’expérience dans les process industriels. Il y avait donc un créneau à occuper à ce niveau. Nous éditons déjà les £uvres de jeunes créateurs belges tels que Charles Kaisin, Monsieur Gilson, Philippe Doff-Sotta et Michaël Kruijne ainsi que celles du Français Alexis Tricoire. J’ai eu l’occasion de présenter la collection de Vange Edition au Salon du Meuble de Milan et au Salon Now à Paris. Elle s’y est taillé un joli succès. Notre philosophie ? Utiliser des matériaux et des techniques contemporaines pour innover et surprendre. Cette démarche explique d’ailleurs la présence remarquable du plastique dans notre catalogue. La mobilité et la modularité constituent l’autre point fort des meubles et objets que nous éditons. Cela correspond à une réelle attente du consommateur qui ne veut plus subir l’objet mais se l’approprier. Il peut ainsi être libre de ses choix et de ses assemblages. Chaque objet de la collection peut vivre par lui-même ou faire partie d’un tout.  »

Après avoir fait mouche dans le secteur de la mode, la Belgian Touch semble promise à un bel avenir sur la planète design. Sa présence à Interieur 04, un salon d’envergure internationale, s’annonce de bon augure…

Serge Lvoff

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