Quand une machine rencontre une autre machine, que se racontent-elles ? Des histoires de machines ? Pas seulement. Elles parlent aussi de nous. Surtout de nous.

Bonne nouvelle pour les  » filophobes  » ( NDLR : néologisme désignant les réfractaires à toute forme de file d’attente exaspérante). Dans quelques années, il ne faudra plus poireauter pendant des heures aux caisses des supermarchés ni même devant les cabines d’essayage des grandes enseignes de mode. Car du haut de sa froide insolence, la technologie viendra enfin au secours de l’homme fatigué d’attendre. Au supermarché, d’abord : dans un avenir relativement proche, le chariot de la ménagère sera en effet scanné en moins de deux secondes grâce à la nouvelle génération d’étiquettes RFID (dotées d’un système d’identification par radiofréquence) et de caisses enregistreuses qui pourront fonctionner sans personnel. Il suffira donc de passer tout simplement à travers un portique et certains d’imaginer déjà pouvoir débiter automatiquement, à cet instant précis, la carte de crédit du consommateur concerné. Dans les boutiques de mode, ensuite : plus besoin de se lamenter devant le rideau de la cabine qui ne s’ouvre pas, chacun pourra bientôt goûter aux vertus de l’essayage virtuel. En scannant simplement ses mensurations, le candidat acheteur pourra se voir directement sur écran dans les vêtements de son choix et même adapter facilement les coloris à son teint de peau. Simple, rapide, efficace. Bientôt (ou presque), l’expression  » à la queue leu leu  » n’aura donc plus de raison d’être. Grâce aux machines. Grâce aux progrès fulgurants des génies de l’électronique. Plus fort : l’être humain ne devra bientôt même plus s’encombrer de questions inutiles dans la gestion de son quotidien puisque des appareils intelligents le feront à sa place. Des appareils qui dialogueront, bien évidemment. Du style :  » Monsieur le Frigo vous prie, via son écran intégré, de consommer au plus vite votre dernier yaourt aux fruits car la date de péremption est aujourd’hui atteinte.  » Ou tout aussi judicieux :  » Madame la Machine-à-laver vous avertit « , via son petit terminal bien utile,  » que vous ne pouvez absolument pas mélanger votre lingerie délicate avec cette paire de jeans trop sale « . Et comment arriveront-ils à cet exploit, ces curieux objets inanimés qui se trouveront une âme ? Facile : ils jongleront encore avec ces fameuses puces RFID qui garniront, dans un avenir très proche, tous les biens et produits de consommation courante. En clair, c’est votre yaourt qui demandera à votre frigo de vous interpeller sur son niveau de fraîcheur et ce sont les étiquettes intelligentes de vos précieux vêtements qui s’opposeront dans le tambour de votre lessiveuse, lui réclamant ainsi un arbitrage judicieux de votre part avant la délicate opération de lavage. Bref, l’avènement de ce qu’on appelle désormais le  » M2M  » est proche, traduisez : le  » machine to machine «  ou, si vous préférez, la possibilité donnée aux appareils électroniques de communiquer entre eux sans intervention humaine. Certes, la mise en réseau de machines n’est pas un phénomène nouveau dans le monde de l’industrie, mais son développement dans le marché  » grand public  » va indéniablement bouleverser nos comportements dans les années à venir. Avec la miniaturisation toujours plus poussée des composants électroniques, les objets du quotidien et les produits de consommation courante seront bientôt tous capables de s’échanger des données et de réagir différemment en fonction des informations reçues. Les applications sont évidemment énormes et la révolution  » M2M  » n’en est, pour l’instant, qu’à ses balbutiements. Car dans un futur un peu plus lointain, c’est tout l’environnement de ces machines mises en réseau qui sera probablement à même d’anticiper nos désirs pour mieux les satisfaire. Quitte à les influencer ou, pis, les contrôler ? Mystère. Dans l’ombre, les amateurs de science-fiction  » catastrophe  » ricanent pourtant déjà, l’air de rien…

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBF radio).

Frédéric Brébant

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