Dans Gardiens de l’ordre, de Nicolas Boukhrief, elle incarne une femme flic aux méthodes musclées. Dans la vie, Cécile de France défend une écologie douce, loin de tout militantisme. Mais gare à ceux qui négligent de trier leurs déchets.

Sa prise de conscience écolo ? Elle a commencé à la naissance.  » A la maison, s’enthousiasme-t-elle, les déchets étaient triés, pliés même, de manière qu’ils ne prennent pas de place. Mes parents étaient très pauvres et la nourriture pas toujours de très grande qualité, mais le respect de la planète était une évidence.  » Pour l’actrice originaire de Namur, qui vit aujourd’hui dans l’Hexagone,  » la Belgique est un pays plus civique que la France. Je trouve dommage qu’en France cette prise de conscience passe par une mode au lieu de s’imposer naturellement mais, après tout, la cause est juste.  » Voici son credo vert.

Quel genre d’écolo êtes-vous ? Militante ou discrète ? Pessimiste ou optimiste ?

Je vote écolo, mais je ne me sens pas l’âme d’un soldat. Je trouve malvenu de donner des leçons à tout le monde. Mon seul militantisme est au quotidien. Je râle quand mes voisins trient mal leurs déchets, quand mon compagnon se trompe de poubelle. Je peux même être assez pénibleà ( Sourires.) Il y a quelques années, j’étais très pessimiste concernant l’avenir de la planète. Aujourd’hui, je suis plus apaisée. Je ne veux pas que le message soit chargé de rage ou de misanthropie.

Optimiste malgré l’échec du sommet de Copenhague et l’abandon précipité du projet de taxe carbone en France ?

Oui, optimiste ! Bien sûr, les nouvelles sont mauvaises et je suis déçue. Mais l’attente des gens est réelle, le vote écolo le prouve. Une révolution prend du temps et nous implique tous. La vie dans les villes est déjà plus harmonieuse qu’avant. La relève est assurée, car nos enfants sont élevés dans le respect de l’environnement.

Revenons à votre quotidien. Quels sont les commandements écolos à respecter, chez Cécile de France ?

Je n’utilise pour mon fils que des couches-culottes entièrement biodégradables de la marque Wiona. Les lingettes sont bannies, bien sûr. On ne gaspille rien, surtout pas l’eau ou l’électricité. La plupart des légumes viennent du potager de ma maison de campagne. J’ai un peu de mal avec les tomates, mais je me débrouille très bien avec la culture des topinambours !

Certains sont plus ultras. Sans vouloir lancer de compétition, faites-vous aussi bien que Cate Blanchett, qui lave son linge uniquement à l’eau froide, baisse le kilométrage de sa voiture de 20 kilomètres par semaine et ne chauffe et n’éclaire sa maison qu’à l’énergie solaire ?

Les ultras, il en faut. Militer pour l’intérêt de tous, je trouve cela plutôt généreux et courageux. Disons que moi, je fais de mon mieux. Je ne roule quasiment jamais en voiture. Ma maison de campagne est bâtie avec des matériaux entièrement écolo, comme la chaux naturelle, et sera très bientôt équipée de panneaux solaires. J’utilise des boules de lavage bio, je lave mon linge à 30 °C et le fais sécher dehors dès qu’il y a un rayon de soleil, même en hiver. Je ne me plie pas à un dogme. Je ne suis pas une grande consommatrice, c’est tout.

L’auteure irlandaise Mary Mulvihill suggère, pour mener une vie moins chère et plus verte, de conduire comme une femme et de faire du shopping comme un homme. Vous êtes d’accord ?

Oui, ça me convient bien. J’achète très peu de vêtements, de toute façon. C’est mon côté belge. En matière d’élégance, il existe un tel fossé culturel entre la France et nous ! Quand je suis arrivée à Paris, il m’a fallu apprendre à marcher avec des talons hauts, ce que je ne sais toujours pas faire, d’ailleurs. Je joue parfois à la princesse, mais pour mon métier.

à quand remonte votre dernier faux pas écolo ?

Quand j’ai pris l’avion pour aller à Hawaii tourner Hereafter, de Clint Eastwood. Mais c’était pour la bonne cause.

Quand on observe votre filmographie, on a l’impression que le souci d’économie prédomine également.

C’est vrai. J’aime, lorsque j’accepte un scénario, avoir le temps de rêver, de bien me préparer. J’ai une famille, aussi. Même si je déteste dire non à un metteur en scène, j’ai appris à le faire.

Qu’est-ce qui vous a poussé à dire oui à Gardiens de l’ordre (*), de Nicolas Bouk-hrief ?

Ma rencontre avec Nicolas. C’est un homme très bien, qui s’est construit un univers très fort. J’aimais bien aussi l’idée que, pour une fois, les héros étaient non pas des gradés en civil, mais des flics en uniforme très proches de la réalité de la rue.

Vous y donnez la réplique à Fred Testot, la moitié d’Omar et Fred, qui fait ici ses débuts d’acteur dramatique.

Fred est le mec le plus drôle que j’aie jamais rencontré. Il est aussi très attachant. C’est si rare qu’un comédien vous dise :  » J’ai le trac pour la scène du baiser !  » Je l’ai rassuré en lui donnant les deux conseils de base : ne pas mettre la langue et s’appliquer, comme ça, on se contente d’une seule prise ! ( Rires.) Nous en avons fait un peu plus qu’une, mais tout s’est très bien passé.

Dans Quand j’étais chanteur, de Xavier Giannoli, c’est Gérard Depardieu qui vous avait mise en confiance.

Oui. J’avais la sensation qu’il me prenait par la main et m’emmenait vers son génie. Grâce à lui, j’ai compris qu’on pouvait bien travailler en étant détendue. Dans mon pays, quand la journée est terminée, on se lâche. Mais avant, on travaille, et de façon très sérieuse.

Quand on tourne pour Clint Eastwood et au côté de Matt Damon, on arrive à se détendre ?

Heu, non, enfin, pas moi ! ( Rires.) Quand on travaille avec des monstres sacrés, on finit par se relaxer. Pas avec Clint Eastwood. Mais il est tellement zen, gentil et talentueux que tout paraît simple. Les journées finissaient d’ailleurs souvent deux heures plus tôt que prévu.

Racontez-nous le coup de fil qui vous a annoncé l’heureuse nouvelle.

Honnêtement, je pensais que le rôle, qui est celui d’une journaliste télé, n’était pas pour moi. Mais, peu après les essais, mon agent m’a appelée pour me dire que c’était bon. Je hurlais, j’étais heureuse. Ça me paraissait fou.

Comment définiriez-vous la méthode Eastwood ?

Elle allie une très grande simplicité à une ultra-efficacité. J’ai eu très peu de préparation. Je n’ai jamais parlé de mon rôle avec lui. Je ne l’ai même jamais rencontré avant la veille du tournage ! Sa direction d’acteurs tient de la chorégraphie. Pour le reste, il nous fait une confiance absolue. On parle très peu avant de filmer, et on ne fait qu’une prise. Mais, comme on se sent responsable, on travaille mieuxà

Ce n’est pas trop difficile de revenir à ses topinambours et à ses couches-culottes bio quand on a tourné pour Hollywood ?

Non, travailler avec des génies, c’est enrichissant, mais la vie normale est très enrichissante aussi. J’aime revenir chez moi, sur ma terre, dans mon potager. J’ai les mêmes amis depuis toujours, le même compagnon depuis très longtemps. Je suis très proche de ma famille. Ils sont les tuteurs grâce auxquels je peux grandir et m’épanouir.

(*) Sortie le 21 avril.

Par Géraldine Catalano

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