A Loubersan, dans le Gers, Jean-Charles de Castelbajac a donné les couleurs de l’arc-en-ciel à l’ancien château fort de ses ancêtres. Le créateur a ouvert à Weekend les portes de son domaine enchanté.

Du mousquetaire, il a le panache et la foi, le brio, la générosité infinie et, par-dessus tout, la fidélité à sa terre : la Gascogne, pays du soleil, de l’armagnac (du soleil en bouteille) et des nourritures généreuses. Ce gentilhomme a la passion de la couleur et l’amour de ses racines : c’est Jean-Charles de Castelbajac.  » Mes racines sont une source d’équilibre « , affirme le créateur qui a entrepris de faire revivre le château de Loubersan, qui, autrefois, avait appartenu à sa famille. Il a tenu non seulement à restaurer les vieilles pierres, mais à y  » instaurer  » son style. La réussite, charmante, est à la mesure de son ambition pour cette entreprise et des qualités que le couturier met au service de tout ce qui est entre mode et mode de vie : immense.

Le fer, la céramique, les tissus, le verre, le bois, la cire… Nulle matière ne lui est indifférente. Les robes, les chaussures, les services de table, les tapis, les rideaux, les lustres, les appliques, les chaises, les canapés, les chasubles, les vitraux… Aucun objet ne lasse la curiosité de JCC. Partout, il ajoute de la couleur, ses couleurs, toutes les couleurs : vives, fraîches, gaies. Partout, il appose sa griffe chamarrée, multicolore, le même signe franc qui ressemble à une marque au fer rouge : les couleurs de la vie et de l’espérance.

Quand, à la manière d’un saumon qui remonte à sa source, il s’est rendu propriétaire du château de Loubersan, dans le Gers, précisément le lieu d’où sa famille est originaire, son intention était de procéder à une restauration en bonne et due forme. Sur le site d’un ancien castrum romain, les plus vieilles pierres dataient du XIe siècle et la bâtisse avait été remaniée aux XVe et XVIIIe siècles. La forteresse était chargée d’histoire et les murs avaient une âme. Restaurer quoi ? La maison forte féodale ? Le rendez-vous de chasse du XVIIe siècle ? La bastide du siècle suivant ? Ou la caserne qui, sous le Premier Empire, avait servi de prison ? Tout était imbriqué.

Au lieu d’une restauration, Jean-Charles de Castelbajac a pris le risque d’une  » instauration  » : il a choisi de créer, d’ajouter sa vision et sa strate à l’£uvre millénaire qui avait été accomplie. Son château, il l’a voulu résolument moderne. La demeure ancestrale n’a rien perdu de ce qu’elle était… Son charme est intact, mais, par la magie du maître des lieux, elle a troqué son austérité militaire contre des airs pimpants. Avec la couleur, les siècles ont retrouvé leur fraîcheur.

De retour chez lui, la première pièce que le couturier, en bon Gascon, a tenu à reprendre a été la chapelle : le vénérable oratoire du XVIIIe siècle brille désormais des quarante-sept tons différents de son carrelage. Mais en même temps qu’à sa vie spirituelle, le créateur a pensé aussi aux nourritures terrestres : cuisine et salle à manger ont été traitées en priorité.

L’ameublement a deux sources principales : des créations personnelles et des meubles de famille, en attente d’une maison où être posés. A Loubersan, comme leur propriétaire, chauffeuses, portraits, armoire à linge, d’emblée se sont sentis chez eux. Jean-Charles de Castelbajac, lui, a l’immense bonheur de constater qu’en même temps qu’il aménage sa maison, celle-ci l’enrichit.  » A partir d’un certain cap, explique-t-il, un lieu vous rend les efforts, la peine, les difficultés que vous a causé sa rénovation ; le lieu vous dit merci et vous comble de ses grâces…  »

Robert Colonna d’Istria

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