A Paris, le designer Christophe Pillet a imaginé un appartement gigogne qui privilégie l’intimité. Découverte d’un espace qui sous le paravent de la discrétion cache un caractère très affirmé… et une collection de masques mexicains.

Il y a des intérieurs qui se livrent sans hésitation. L’appartement parisien de cet homme d’affaires, aménagé par le designer français Christophe Pillet, se dissimule davantage qu’il ne se donne. L’antithèse du loft en somme. Cet espace gigogne qui se déploie ou se rétracte selon un subtil jeu d’emboîtement de pièces est un véritable trompe-l’oeil… Même la porte d’entrée qui s’ouvre sur le salon semble disparaître dans un large placage de bois exotique en  » ouro preto  » qui court tout le long du salon.  » Ce mur est un objet, je le voulais le plus lisse possible,  » explique le propriétaire. Un  » objet  » aux nombreux  » tiroirs  » qui contient des placards, un bar mais aussi une salle de bains inscrite dans le prolongement d’une cuisine, intégralement recouverte de bois zebrano.

Pour peaufiner cette impression de planéité, Christophe Pillet ira jusqu’à dessiner, en lieu et place des traditionnelles et encombrantes poignées de portes, de judicieux crochets qui permettent d’ouvrir les portes avec une discrétion optimale. Plaisir de l’aplat, de la surface polie tendue du sol au plafond : un effet de composition brillamment réédité dans le bureau annexe dont le mur rouge cerise (devant lequel figurent le fauteuil violet  » Sunset  » de Christophe Pillet et la lampe  » Tau  » de Palucco Italia) capte le regard avec l’intensité d’une toile de Mondrian… Un signal hautement coloré que l’environnement (parquet en chêne, canapé Cappellini, tables pliantes Ecart) du living met efficacement en valeur, par simple contraste chromatique.

Alors que le mobilier, de taille modeste, a été sciemment choisi pour accentuer l’horizontalité du salon, une série d’oeuvres d’art introduisent une dimension moins graphique mais plus intime. Une collection de masques mexicains, dont l’expressionnisme n’est pas sans rappeler les toiles de James Ensor, suscite toutes les émotions.  » Dans mon appartement précédent, personne ne remarquait ces masques qui étaient exposés dans une vitrine, raconte le maître des lieux. Christophe Pillet m’a suggéré de les imposer davantage en les fixant sur des montants verticaux. Ils n’ont jamais eu autant de présence ! « .

On fait appel à l’imaginaire devant le portrait photographique d’un pétale incisé ( » Black Ash « , de Anne et Patrick Poirier), on tente de situer l’époque de fabrication de somptueux vases en pâte de verre de Jean-Pierre Frère. La bibliothèque adjacente se pare d’une pièce unique : un prototype en poulain du fauteuil  » Lounge  » de Christophe Pillet. Par-delà les rangées de livres, il faut partir à la découverte d’une chambre insoupçonnée dont le dénuement suggère que le dépouillement est la meilleure invitation à la détente. La salle de bains, située quelques marches plus haut, évoque, elle, une autre atmosphère pétillante, plus luxueuse, grâce à l’utilisation d’une pierre extraite des proches carrières d’Ile-de-France, de couleur ambrée, d’aucuns diront champagne.

Textes et photos : Antoine Moreno

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