Focus sur cet architecte d’intérieur et designer belgo-japonais installé à Bruxelles, dont le travail tout en élégante simplicité exprime en filigrane l’attachement porté à ses origines asiatiques.

1. IL EST BELGO-JAPONAIS (ET UN PEU NAMIBIEN)

Né à Windhoek d’un papa belge et d’une maman japonaise, Jun Gobron convoque trois continents sur sa carte d’identité.  » Mon père travaillait en Namibie et toute la famille est rentrée à Bruxelles après ma naissance. Je n’ai malheureusement jamais remis les pieds là-bas.  » Bien plus que cette naissance en Afrique, c’est son ascendance asiatique qui exercera une influence déterminante sur sa production :  » Grâce à ma mère, j’ai toujours baigné dans la culture nipponne. Son esthétique m’a marqué et affecte mon boulot de façon consciente ou inconsciente, d’autant que j’allais souvent sur place quand j’étais plus jeune. Mais je ne démarre pas un projet en me disant  » Je vais faire un truc qui a l’air japonais « .

2. IL A CONNU UNE PREMIÈRE CARRIÈRE

 » J’aurais voulu entamer un cursus artistique, mais je ne savais pas trop lequel « , se souvient Jun. Suivant le mouvement de ses potes d’école, il atterrit à l’ULB, section Sciences-éco.  » J’ai eu la chance ou la malchance de réussir, alors j’ai continué, sans trop me poser de questions « , poursuit-il. Sorti à 22 ans, il est embauché grâce à sa maîtrise du japonais, et s’ennuie dans des multinationales où il est avant tout chargé des relations avec la clientèle asiatique. Un peu à l’étroit dans son rôle de  » nippon de service « , il décide de reprendre des études d’architecture d’intérieur à Saint-Luc et d’effectuer un dernier Erasmus à Montréal. A son retour, il trouve un stage à Bruxelles et se fait engager avant même d’être diplômé.

3. C’EST L’ARCHI D’INTÉRIEUR QUI L’AMÈNE AU DESIGN

Désormais architecte d’intérieur, Jun Gobron se lance dans le design  » sur le côté « , en marge de son emploi dans un bureau.  » Les projets prenaient trois ou quatre ans et il fallait se conformer au style maison. J’étais un peu frustré, alors j’ai commencé à travailler dans mon coin. J’ai développé une pièce, puis deux, puis trois…  » C’est ainsi que voient le jour la suspension Bulbe, la lampe de table Hikari ou la table Turtle, qui marquent ses premiers pas dans le secteur. Suivront bientôt un beurrier, développé avec Christian Thiriet, le chef du Sheraton, un luminaire en voile recyclée pour 727Sailbags et les trophées des Visit Brussels Awards.

4. SON DESIGNER PRÉFÉRÉ EST D’ORIGINE JAPONAISE

 » Tout ce que je découvre, autour de moi, à la télévision, dans les musées, est susceptible de m’inspirer, mais le design reste à mon sens une discipline plus technique que créative, qui demande avant tout de répondre à un cahier de charges. Je ne suis pas du genre à avoir une grande révélation en me baladant en forêt. Pour moi, il s’agit d’abord de l’aboutissement d’un processus de recherche.  » Jun Gobron avoue tout de même vouer une admiration particulière à l’Américano-Japonais Isamu Noguchi.  » C’est peut-être parce qu’il est également à moitié nippon que je me sens plus proche de lui, reconnaît-il. Mais la plupart de ses pièces, pourtant réalisées dans les années 50 ou 60, restent toujours d’actualité.  »

5. IL BOSSE SUR UN PROJET  » ASIATIQUE  »

Actuellement accaparé par un vaste chantier d’inspiration japonaise avec Michel Penneman, déjà responsable du White Hotel et du Pantone Hotel à Bruxelles, Jun y voit une opportunité de  » joindre l’utile à l’agréable  » et a donc logiquement dessiné le bar, le desk et les meubles du futur établissement. Imaginée pour l’occasion, la chaise Yado est une incontestable réussite dont les lignes évoquent subtilement le pays du Soleil levant. Elle est produite par le fabricant belge De Zetel, qui la commercialisera prochainement, pour le plus grand bonheur des amateurs de mobilier japonisant.

www.jungobron.com

PAR MATHIEU NGUYEN

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