Sur les hauteurs de Namur, cette splendide demeure a été rénovée avec un sens aigu de l’art de construire, sans faire de compromis sur la qualité des corps de métier, en donnant la priorité absolue aux matériaux indigènes.

Une âme : voilà ce que recherchaient les propriétaires de cette habitation lorsqu’ils la dénichèrent, il y a quelques années, non loin de la capitale wallonne. En plus d’avoir du caractère, le bien répondait à leurs critères de base : il bénéficiait d’une atmosphère campagnarde, tout en étant situé à proximité d’une ville de taille respectable, et il pouvait accueillir un couple et trois grands enfants. Dans la foulée, la famille acquit également le verger voisin, portant la superficie totale à leur disposition à près d’un hectare…

Située dans les paysages ondulés de la vallée de la Meuse, au sommet d’un vallon, la perle – car c’est bien de cela qu’il s’agit – est une construction de style classique français, aux belles proportions et entièrement conçue en pierre de taille. Construite au XIXe siècle, la maison fut vendue en 1963 à l’état de ruine puis rénovée, à l’époque déjà avec un sens aigu de la qualité, comme en témoignent le hall en marbre, l’escalier et les boiseries en chêne.

Dans un même esprit, les nouveaux acquéreurs décident à leur tour, il y a trois ou quatre ans, de moderniser la bâtisse, prenant le temps qu’il faut pour bien faire les choses, au total un an… Le bâtiment est ainsi rafraîchi avec des châssis neufs et une toiture en ardoise dotée de fenêtres en chien assis, pour y aménager un étage de chambres au second. Responsable du projet, Olivier Simon de Buro 5 explique que l’isolation a été réalisée à l’extérieur de la charpente en chêne pour préserver la beauté de celle-ci dans les pièces sous combles.

LE SENS DU DÉTAIL

En tous points, l’intervention des architectes se veut discrète et respectueuse des volumes existants. La rambarde en fer forgé du jardin a ainsi été inspirée par celle du balcon central de la façade est.

Le couple propriétaire faisant partie de ces amoureux de la belle ouvrage, il met un point d’honneur à utiliser des matériaux de chez nous : le chêne indigène pour les boiseries ou la pierre bleue pour les terrasses extérieures et le plan de travail de la cuisine, en deux finitions très différentes, brut de sciage à l’extérieur et adoucie à l’intérieur. En outre, pour faciliter l’entretien, la pierre du plan de travail a été traitée à l’aide d’un mélange hydrofuge, ce qui lui donne à la fois son brillant et sa couleur foncée.

Connu pour ses interventions contemporaines tant en rénovation qu’en construction neuve, Olivier Simon s’est glissé avec intelligence dans ce projet. Au rez-de-chaussée, on trouve sa patte dans un grand miroir, qui est en fait une penderie. Au premier étage, la chambre des parents a été aménagée comme une suite d’hôtel. On y accède par le dressing conçu comme un long couloir qui mène à gauche vers la chambre et, à droite, vers la salle de bains. Aucun compromis n’a été fait, toutes les boiseries sont en chêne teinté au brou de noix. La baignoire Conima et sa robinetterie sont ainsi mises en scène de manière théâtrale au milieu de la pièce.

Cuisinier averti et passionné, le maître de maison a choisi un fourneau réalisé sur mesure par la maison Charvet. Il a aussi fait réaliser une chambre froide autonome, bien plus discrète qu’un grand frigo.

La quincaillerie des portes, quant à elle, est de style contemporain, signée par l’enseigne bruxelloise Vervloet. Celle, plus classique, du rez-de-chaussée a été spécialement dessinée pour cette maison.

A l’extérieur, c’est le paysagiste Benoît Fondu, reconnu pour sa grande connaissance des plantes, qui a aménagé les abords et terrasses et ajouté une piscine à cet ensemble de toute beauté. Par ses diverses interventions, il a voulu renforcer la symétrie de la maison et répondre au classicisme des lignes par un aménagement très structuré, basé notamment sur des éléments de buis et d’ifs, agrémenté d’arbustes et de vivaces à fleurs. Le spécialiste des jardins a également replanté un verger de variétés fruitières anciennes. De quoi conforter cette demeure dans la grande tradition des maisons bourgeoises…

PAR JEAN-PIERRE GABRIEL

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