Face à la mer, un duplex composé d’une succession d’ambiances calmes et raffinées, rythmées par des oeuvres d’art. Une invitation à savourer pleinement l’instant présent.

Au départ : une architecture récente, hésitant entre  » Deauville et Disneyland « , une architecture d’intérieur compliquée et anecdotique. A l’arrivée : un duplex prestigieux à l’espace fluide et cohérent, un écrin élégant et serein, pensé autour d’une collection d’oeuvres d’art modernes. L’auteur de cette métamorphose? L’architecte d’intérieur anversois Jean de Meulder. Sa première préoccupation a été de modifier certaines structures intérieures, pour rendre la circulation plus aisée et pour ouvrir les perspectives. Pour donner de la hauteur, pour accentuer la verticalité, il a supprimé les linteaux des portes et les plinthes. Ailleurs, il a remplacé les portes classiques par des panneaux coulissants ou encore des portes battantes-rentrantes. L’ambiance générale est plus aérée, plus dépouillée, plus lisse.

Le niveau inférieur du duplex accueille la partie  » réception « , salon et salle à manger. A droite, une grande porte vitrée Privalight (tantôt opaque, tantôt transparente) s’ouvre sur un long couloir qui distribue la cuisine, les vestiaires et, tout au bout, l’espace occupé par le fils des maîtres des lieux. Ici, Jean de Meulder a supprimé la cloison entre la chambre et la salle de bains, en la remplaçant par un muret d’un mètre de hauteur et a légèrement rabaissé le plafond. Les proportions, devenues plus justes, donnent aux volumes de l’ensemble l’ambiance particulière d’un appartement, voire un petit côté  » garçonnière « . La salle de bains, très sobre, est contrastée noir et blanc. Les panneaux de pierre de lave qui habillent les sanitaires ont des finitions irréprochables et donnent l’impression d’être taillés dans un seul bloc. Dans un coin, une curieuse  » niche » triangulaire (l’un des exemples de cette architecture intérieure  » compliquée « ) posait un problème d’aménagement. Jean de Meulder, dans le souci d’exploiter judicieusement chaque  » centimètre cube « , a eu l’idée d’y installer un fauteuil qui, la nuit, en s’allongeant, devient le lit du petit-fils.

Le niveau supérieur du duplex est entièrement dédié à l’intimité et au repos. Dans l’espace principal où l’on  » bulle « , regarde la télé et écoute de la musique, il a fallu trouver une astuce pour occulter un bloc volumineux, abritant la cabine technique des ascenseurs ! Jean de Meulder a tourné la difficulté en le transformant en un élégant lit de repos, simple socle recouvert de panneaux de chêne patiné. Un matelas et une multitude de coussins aux formes originales, déclinés dans des tons gris et kaki, invitent à la détente.

 » Dans mon travail actuel, je cherche à restructurer l’espace et à simplifier les volumes pour retrouver une fonction d’ouverture, de circulation fluide et de confort, précise l’architecte d’intérieur. Mon objectif consiste à éviter les tours de force, à calmer le jeu, à faire respirer l’ensemble, à éliminer le superflu et les excès. J’essaie d’être le plus parcimonieux possible dans le choix des matériaux et des couleurs. Le minimalisme ? Oui, mais pas le minimalisme terroriste. Je pense qu’on atteint l’harmonie en pratiquant le juste milieu, entre l’élimination et l’accumulation « .

Ici, Jean de Meulder a donné libre cours à son amour du contemporain, des formes sobres, des meubles élégants et  » forts « , comme cet ensemble de tables basses en chêne  » arraché  » au jet de sable qu’il a dessiné pour le salon de réception. Le  » puzzle  » réunit quatre pièces, deux tables carrées, accompagnées de deux poufs que l’on peut aisément glisser à l’intérieur des tables. Un équilibre parfait règne entre les lignes nettes qui se découpent clairement sans pour autant risquer l’austérité et la collection d’oeuvres d’art moderne, éclectiques et percutantes. Dans le salon, Bram Bogaert voisine avec Arman et Alechinsky. Les couleurs toniques d’Andy Warhol contrastent joliment avec cette console beige, recouverte de corde par l’artiste français Christian Astuguevielle. Les deux silhouettes féminines, d’un réalisme stupéfiant, sont de Jacques Verduyn, artiste brugeois. L’une est placée à côté de l’escalier, l’autre regarde par la fenêtre de la salle de bains. Dans la salle à manger, située dans la tourelle, les chaises de Jean-Michel Franck entourent une table de l’artiste bruxellois Ado Chale dont le plateau a pour thème des  » grains de poivre « . Le  » ciel étoilé « , en fibre de verre, est l’oeuvre de l’architecte Thierry Banneton qui a également étudié et réalisé le système de domotique. La cuisine, entièrement dessinée par Jean de Meulder pour Obumex, est réalisée en latis de chêne massif.

Partout, des tons  » leitmotive  » : le chêne et le cèdre sont grisés, ce qui leur confère une patine sobre et élégante. Ailleurs, le noir, des beiges, des kaki, des bruns et des gris déroulent leurs nuances subtiles, semblables, mais tellement différentes. En haut, dans le vaste salon, faisant face au téléviseur  » flat-screen « , le mobilier est signé Jean de Meulder.  » Le tapis en lin a presque la même couleur que les canapés, mais ce n’est pas le même gris. L’ensemble crée une véritable vibration. Voilà encore un des objectifs de mon travail : rechercher un dialogue entre les matériaux et les coloris et obtenir que le tout se joue paisiblement. C’est la raison pour laquelle je préfère Satie à Wagner « , conclut Jean de Meulder.

Barbara Witkowska. Photos : Sven Everaert .

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