Et si on avait tout faux ? Et si notre inclination maladive à tout ranger dans des tiroirs nous avait empêchés de saisir le sens profond de l’art du xxe siècle ? Voilà le genre de questions réjouissantes qui assaillent le visiteur dès l’abord de  » Big Bang « , l’exposition chorale qui déploie sa galaxie sur le toit du Centre Pompidou (Beaubourg) à Paris.

 » Destruction « , annonce un panneau à l’entrée de la première constellation. Oui, mais de quoi ? Du corps pour commencer. Par-delà les courants, les écoles, les styles, les époques, l’enveloppe charnelle dévoile ici toutes ses facettes artistiques, avec une prédilection pour les contorsions et les convulsions, autant de stigmates de l’instabilité chronique du monde moderne. Ce qui nous vaut une cohabitation improbable mais exaltante entre les corps bleus d’Yves Klein (1960), la silhouette décharnée de Willem De Kooning (1972) ou l’androïde à l’écorce d’acier de Thomas Schütte (1996). Le ton est donné. S’ensuit sur 4 500 m2 une vaste relecture de la création artistique du dernier siècle. Avec un leitmotiv : bousculer la grammaire. En privilégiant l’expérience et l’arbitraire à l’intellectualisation. Chaque escale de ce voyage initiatique – dans  » l’espace géométrique  » comme dans la  » régression  » ou la  » transparence  » – s’articule autour d’une confrontation, ou plus exactement d’un dialogue fécond et ludique, entre arts plastiques, vidéo, photographie, design et même littérature, nourri de fragments puisés indifféremment au début, au milieu ou au crépuscule du xxe siècle. Pour ne pas perdre pied, ni une miette de cette symphonie revigorante, mieux vaut avoir laissé ses classiques au vestiaire.

Ce  » souk  » ne doit évidemment rien au hasard. Rompant avec la tradition française de l’accrochage, qui privilégie d’ordinaire la chronologie ou les mouvements (cf. l’expo sur le dadaïsme un étage plus bas !), le musée d’Art moderne a pris le parti iconoclaste du découpage thématique. Sur le modèle de la Tate Modern de Londres.

Au-delà du côté performance de la mise en scène qui pourra en agacer certains, ce désordre ordonné a le mérite d’éclairer d’un jour nouveau les interférences de l’art. En s’attachant avant tout  » à l’acte créateur  » comme l’indique Catherine Grenier, commissaire générale,  » Big Bang  » nous inscrit au c£ur de la démarche de l’artiste. On en ressort un peu déboussolé mais ravi.

Big Bang, Centre Pompidou, à Paris. Jusqu’au 27 mars prochain.

Tél. : + 33 1 44 78 12 33.

Louis Danvers – CINÉMA

Philippe Cornet – ROCK

Marie Liégeois – THÉÂTRE

Anne Hustache – EXPO

Kerenn Elkaïm – LIVRES

Laurent Raphaël

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