Elle a dédié son Art & Craft Academy à la créativité et à l’amusement, pour petits et grands. Cette Française tombée amoureuse de Bruxelles anime ses cours, stages et goûters d’anniversaire comme elle sculpte, tout en rondeur.

Elle s’est trouvé un nom d’artiste qui n’est guère différent de son prénom, à peine plus court, mais singulier. Elle lui a ôté le e, sur le i ajouté un accent, à l’espagnole, il sonne presque comme un coup de marteau sur le ciseau destiné à ôter de la matière ; selon l’inclinaison, un peu de marbre ou de stéatite en moins et sa sculpture prend vie. Car Sofí pratique l’art de la soustraction, elle taille la pierre, ce qui ne lui interdit pas de savourer également les additions puisqu’elle partage son savoir avec des adultes, des enfants surtout, le temps d’un cours, d’un stage ou d’un anniversaire dans son Art & Craft Academy.

Elle a inauguré son nouvel espace cet été, pignon sur rue à Ixelles, grande vitrine, lampes ballon au plafond, sol en granito, étagères nickel avec rangées de boîtes opalescentes où elle classe soigneusement l’indispensable – crayons de couleur, brindilles, trombones, gouaches, paillettes, coquillages, papier de soie – qui trône à côté des maquettes maison en 3 D – un cirque, un château Halloween, une tente d’Indiens, un moulin à vent reconverti en chambre d’hôtes, un cabanon de bord de mer, qui donnent des envies de devenir lilliputien. Entrouvrir la porte de l’enfance, s’inventer des mondes, débrider sa créativité, oser croire au talent de ses dix doigts. Car Sofí n’a pas oublié la sienne, d’enfance, dans la petite ville de Bar-le-Duc, en Lorraine, un père architecte, une mère institutrice, elle a fait une synthèse du meilleur des deux. Mais elle a mis quelques années à en prendre conscience puisqu’elle a d’abord étudié les sciences politiques à Lyon, le commerce à Nantes, bossé dans une agence de design à Paris avant de choisir la bifurcation radicale parce qu’elle avait eu un coup de coeur pour Bruxelles et sa Grand-Place, vues à la télé dans Des racines et des ailes, puis en vrai, le soir de la Saint-Sylvestre 2006.

Six mois plus tard, Sofí s’installait chez nous, la sculpture pouvait lui  » tomber sur le coin de la figure « , à la faveur d’un stage de mosaïque, qui l’ennuie ferme, et de la bienveillance du professeur/artiste Jean-Christophe Duperron qui lui met dans les mains un bloc de béton cellulaire, elle en fera un pingouin, l’Ours blanc de François Pompon n’est pas loin, la référence l’honore. Depuis ce jour, à part peut-être ces derniers mois qui l’ont vue retaper sa petite Académie, elle n’a cessé de tailler l’albâtre, la pierre bleue ou de France, le bois, privilégiant les rondeurs, et la douceur – l’étape du polissage a également ses faveurs, passer du gros grain à l’extrêmement fin, voir apparaître les veines, la transparence, la lumière, s’émerveiller.  » Il y a une part de magie dans la sculpture.  »

Pour l’heure, la pièce où elle compte installer son atelier perso sert encore de débarras post-déménagement. Il faudra revenir, nous dit-elle, s’inscrire à un cours, se confronter à la dureté de la pierre ou alors à la terre, Sofí souligne les différences, l’énergie, la puissance vibratoire de la sculpture, la sérénité apaisante du modelage, le mieux, c’est d’essayer, elle ne croit pas aux hasards. Est-ce pour  » planter des graines  » à son tour qu’elle se consacre ainsi aux enfants ? Elle a tellement envie de bien faire, elle n’a pas oublié cette petite de 6 ans qui pleurait en répétant  » tout ce que je fais est nul « . Elle avait alors su intuitivement qu’il fallait lui  » dire quelque chose de très juste « , elle connaît l’importance de la résilience, et les ravines qui peuvent provoquer les failles. Elle porte à merveille son prénom, même stylisé.

www.artandcraftacademy.be

PAR ANNE-FRANÇOISE MOYSON

ENTROUVRIR LA PORTE DE L’ENFANCE, S’INVENTER DES MONDES, DÉBRIDER SA CRÉATIVITÉ.

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