Le 7 juin prochain débute la Biennale de Venise, une grand-messe internationale dédiée à l’art de bâtir sous ses formes les plus avant-gardistes. Notre petite Belgique y fera entendre sa voix. Aperçu en trois temps.

UN HOMME : REM KOOLHAAS

Star parmi les starchitectes, le Néerlandais Rem Koolhaas est connu pour ses projets mégalos réalisés au sein de son bureau Oma, à l’instar du complexe Euralille, de la Casa da Musica, à Porto, et du siège de la télévision centrale de Chine, à Pékin. Mais celui qui reçut, en 2000, le prestigieux prix Pritzker, récompense ultime dans le domaine, est aussi un théoricien réputé pour ses écrits et son approche visionnaire de la discipline. Désigné comme commissaire de cette 14e édition de la Biennale de Venise, sous-titrée Fundamentals, il a donc apporté une touche personnelle à l’événement qu’il a voulu étendre sur six mois, au lieu de trois, afin de prolonger au maximum le potentiel de rencontres et de réflexions de ce rassemblement créatif.

 » Si la prospection a toujours fait partie de nos préoccupations, cette fois, la Biennale se met réellement à la recherche « , se réjouit Paolo Baratta, président de la manifestation, mettant en avant l’extraordinaire travail du commissaire général qui a su insuffler une dynamique à tous les participants, institutions et architectes invités, afin de se pencher sur une problématique commune.

UNE QUESTION : LA MODERNITÉ, ET APRÈS ?

Pour éviter l’effet patchwork, Rem Koolhaas a suggéré aux soixante-cinq pays participants – dont onze qui le sont pour la première fois – de plancher, pour leurs pavillons nationaux, sur un même sujet : Absorbing Modernity : 1914-2014. L’idée :  » montrer le processus qui a mené à l’effacement des caractéristiques locales du bâti en faveur d’un langage architectural moderne et universel « , a expliqué le concepteur néerlandais lors de la présentation de la thématique à la presse, brandissant deux posters, l’un montrant des édifices de 1914, shootés dans diverses villes du monde et dont les formes sont ancrées dans des traditions du cru, l’autre évoquant des buildings datant de 2014, photographiés sur ces mêmes territoires mais présentant tous une typologie de gratte-ciel impersonnel. L’objectif final étant d’essayer de répondre à cette lourde interrogation :  » L’identité nationale a-t-elle été sacrifiée sur l’autel de la modernité ?  »

Composée des architectes Bernard Dubois, Sarah Levy et Sébastien Martinez Barat ainsi que de l’artiste Judith Wielander, l’équipe sélectionnée par la Fédération Wallonie-Bruxelles pour le pavillon belge esquisse une réponse originale, tout en nuances, sous le vocable Intérieurs. Notes et figures. Le quatuor a arpenté la Belgique afin de fixer sur la pellicule un millier d’aménagements de logements, tous styles confondus, pour rendre compte du  » paysage domestique  » de nos contrées. Pour l’expo vénitienne, la team reprend certaines de ces images et les traduit en maquettes et installations,  » afin de mettre en tension le réel et ses possibles « .

Dans le pavillon central, le commissaire général de l’expo apporte lui aussi sa pierre à la réflexion avec un parcours intitulé Elements of Architecture, qui fait le focus sur les éléments fondamentaux qui constituent de tout temps les constructions – planchers, murs, toitures, portes, rampes, escaliers, etc. – montrant que ceux-ci peuvent paraître banals mais sont, en réalité, représentatifs de notre culture et de nos pratiques. A l’image du balcon, lieu où l’on acclame les dirigeants depuis des siècles mais détail architectural absent des façades-rideaux de Dubai…

UN EXEMPLE : L’ITALIE

Si l’événement plane haut dans les sphères théoriques, le résultat est abordable pour le grand public également, qui y trouvera plaisir à découvrir les installations, vidéos et autres interventions des multiples créateurs invités. La Biennale sera par ailleurs l’occasion de mieux comprendre l’Italie : un volet de la manifestation, Monditalia, se consacre à ce pays, sous tous ses facettes. Plus d’une quarantaine de spécialistes ont ainsi été sélectionnés pour donner leur vision d’une nation en mutation. Notre compatriote Cédric Libert, architecte de formation, professeur et critique, participera à ce volet, avec une équipe française, pour le projet Mediterranea, qui offre un focus sur les îles italiennes, comme autant d’individualités culturelles, à travers photos, vidéos, dessins et représentations 3D, mais aussi via une balade sur la lagune. Rafraîchissant.

www.labiennale.org Du 7 juin au 23 novembre prochains.

PAR FANNY BOUVRY

 » La Biennale se met réellement à la recherche.  »

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