L’odyssée de l’espace

© frédéric raevens
Nicolas Balmet
Nicolas Balmet Journaliste

Il y a quelques semaines, nous étions dans les premiers à découvrir les plans du groupe maltais Corinthia Hotels qui s’apprête à faire renaître, à Bruxelles, le célèbre Astoria. Pensé en 1909 par notre bon vieux Léopold ii, puis fermé près de cent ans plus tard, le bâtiment attendait patiemment qu’on lui rende son éclat. Le chantier est prometteur. Parmi les vertus de l’édifice vantées par ses propriétaires, nous avons entendu que  » par rapport au 5-étoiles d’origine, il y aura moins de chambres, car on les voulait plus grandes « . Quelques mois plus tôt, c’est le palace parisien du Ritz qui, pendant sa rénovation, en ôtait dix-sept. Dans la même capitale, l’Hôtel de Crillon, qui a tout refait du sol au plafond pour une inauguration prévue cet été, passera de 147 unités à 124 afin de se donner, lui aussi, de l’air. On a déjà tous eu cette impression que, de la Ville lumière à New York, nos lieux de repos exagéraient un peu côté exiguïté. Changement d’époque, la conquête spatiale n’est plus seulement une affaire de galaxie, mais également d’une hôtellerie qui se réinvente sur tous les fronts.

Si l’Astoria revit et annonce une suite présidentielle de 270 m2 qui sera  » la plus belle du monde « , il s’amuse à revisiter son propre passé tout en l’actualisant. Avec des hautes ambitions et de gros moyens – 80 millions d’euros -, mais en repartant néanmoins de pas grand-chose. Exactement ce que fait Dubai chaque jour, chaque minute, en brandissant des buildings de dingue sur les ruines d’un hameau où vivotaient jadis quelques pêcheurs de perles. Et où l’espace, là encore, ressemble à une odyssée perpétuelle et sans fin, projeté vers une Exposition universelle de 2020 – autant dire demain – qui façonne des extravagances plus rapidement qu’elle ne respire. Un miroir aux alouettes, clairement. Un témoin peu convaincant de cette société qui va trop mal que pour aller trop vite. Mais on le sait : les plus beaux lendemains sont nés de veilles faites de rêves, d’audaces et de folies. Des bulles d’imagination dans lesquelles tout est plus grand et plus beau. Comme dans ces territoires africains immensément silencieux où l’on respire au rythme des lionnes, des rivières, des traditions et d’une nature qui ne connaît aucune frontière. Comme dans cette région nommée Baja qui sert de lien entre les Etats-Unis et le Mexique, splendeur baignée de soleil qu’un cinglé des temps modernes proposait récemment de couper par un mur. Réduire les espaces, alors qu’on n’a jamais eu autant besoin de les agrandir, quelle vaine idée…

NICOLAS BALMET

DES BULLES D’IMAGINATION DANS LESQUELLES TOUT EST PLUS GRAND ET PLUS BEAU.

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