« Le lieu, la mémoire et la poésie n’ont pas besoin de réclames mais bien d’harmonieuses mises en place ou de mises en question radicales pour être véritablement pertinentes dans notre regard car, pour elles, dormir, serait cesser d’être « , écrit Laurent Busine, le directeur du Musée des arts contemporains, dans son introduction à  » Anagramme « , l’exposition qui s’ouvre au Mac’s ce 29 janvier. Ne pas croupir, éviter de stagner, s’émerveiller, découvrir,… autant de principes qui président à l’esprit de l’institution, depuis son ouverture au public en 2002. Pour  » Anagramme « , ces principes sont d’autant plus pertinents que l’expo invite à découvrir une partie de la collection du musée. (photos : à gauche :  » Pavillon  » (verre, acier, plasticine) (2002) de Michel François ; à droite : photo noir et blanc  » Sans titre  » (torse) (1988) de Balthasar Burkhard). Acquises, données ou en dépôt, peintures, photographies, vidéos, et autres installations viennent grossir les réserves chaque année. Des réserves qui comptent aujourd’hui plus de 150 £uvres.

La rotation de la collection dans les salles lors des expositions temporaires évite de figer le lieu d’exposition. Mais, en revanche, laisser dormir certaines de ces £uvres les privent de leur souffle : votre regard. L’exhaustivité n’étant pas de mise, le choix s’est donc principalement porté sur des pièces qui n’ont pas ou peu été montrées jusqu’à présent.

Au fil de notre cheminement, des endroits intimes physiquement marqués ou  » imposés  » par la nature de l’£uvre (les vidéos, par exemple) nous mettent en relation particulière avec les  » incontournables  » que sont Marthe Wéry, Bernd Lohaus ou encore Ann Veronica Janssens. Mais aussi – et, on le sait, c’est ce qui fait aussi l’identité du Mac’s – avec des artistes moins connus mais non moins signifiants sur la scène de l’art vivant. Loin de toute monstration classique, cette scénographie se veut naturellement anagrammatique : elle revisite la circulation initiale du musée. Une manière de tenter de répondre à la question que se pose encore Laurent Busine :  » Comment pouvons-nous être curieusement troublés en voyant à nouveau et différemment ce que nous pensions connaître, en reconnaissant à travers des réunions et des mélanges ce que nous pensions regarder pour la première ou la centième fois ?  » L’émerveillement nuit à la mort.

Du 29 janvier au 7 mai prochains, au MAC’s, à 7301 Hornu. Tél. : 065 65 21 21.

Baudouin Galler

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