L’Italie ne serait pas ce qu’elle est sans Roberto Cavalli, 70 ans en novembre prochain. Quarante ans déjà que ce créateur jet-setteur, dégaine de rock star, cigare au bec, inonde la mode de ses imprimés animaliers ou fleuris, de sa vision ultrasexy de la femme. Retour sur les temps forts de sa carrière.

Ses racines

 » Je suis né à Florence en 1940, et je baigne dans l’art depuis que je suis tout petit « , raconte Roberto Cavalli, qui a grandi, non pas entouré d’aiguilles et de tissus, mais bien de pinceaux et tubes de peinture. Avec un grand-père très actif dans le mouvement pictural des Macchiaioli, il était normal que l’Italien se laisse influencer par ses racines.  » J’ai étudié à l’Académie des beaux-arts de Florence, et j’ai démarré ma carrière comme peintre. L’art a toujours été ma première source d’inspiration. « 

Du dessin à l’imprimé

Il suffit parfois d’une étincelle de génie pour faire naître un empire. Un précepte vérifié dans le cas de Roberto Cavalli. Au milieu des années 60, le voici qui fait des infidélités à son chevalet pour observer le travail d’impression sur soie. L’idée, inédite, jaillit : imprimer ses dessins sur des vêtements entiers, interrompus uniquement par les coutures et détails décoratifs. Succès immédiat et l’envie de transposer ce procédé sur du cuir.  » J’étais le premier créateur à imaginer une nouvelle technique d’impression sur une peau souple. J’aime l’innovation car elle est synonyme d’évolution « , confie le créateur. Cardin et Hermès, entre autres, font appel à ses services. De quoi décider Roberto Cavalli à travailler en nom propre.

Après le cuir, le jeans

La griffe, fraîchement créée, fait sensation au Salon parisien du prêt-à-porter, en 1970. Robes de soirée et maillots de bain, le tout en cuir imprimé. Stupeur, mais applaudissements. Idem, lorsque défilent, à Florence, des tops habillées en jeans, une matière alors pratiquement inconnue dans la sphère fashion.

Eva, le grand amour

 » Eva, ma femme, la mère de mes enfants, mon bras droit au travail.  » En quelques mots, Roberto Cavalli dresse le portrait de celle qui partage sa vie depuis maintenant 33 ans. Ces deux-là se rencontrent à Saint-Domingue, lors du concours de Miss Univers. Lui, membre du jury. Elle, représentante de l’Autriche. Ils ne se quitteront plus. Un mariage en 1980, trois bambins (qui s’ajoutent aux deux enfants qu’il a eus d’un premier mariage), et une entreprise gérée main dans la main. Eva Cavalli, née Duringer, dirige en effet le bureau créatif de toutes les lignes qui naissent sous le label Cavalli. Elle vient d’ailleurs saluer à ses côtés, en fin de défilé. Le sens de la famille de Roberto ne s’arrête pas là, puisque sa fille Cristiana supervise ses bars et clubs, Tommaso s’occupe du vignoble familial en Toscane et Rachel occupe le poste de directrice des accessoires de la griffe principale.

Sexy attitude

Les années 80, très girl power, et le début des années 90, empreintes de minimalisme, laissent quelque peu Roberto sur la toucheà Mais Eva, sa muse de toujours, lui suggère de prendre ces tendances à contre-pied. En 1994, ses jeans Stretch – une révolution de plus à son actif – mettent désormais en valeur les formes de ses fans. Place à une féminité ultraglamour. Une philosophie qui convient parfaitement à Roberto Cavalli, amoureux de la mode et des belles femmes. Celui qui peut devenir dingue uniquement en plongeant ses yeux dans ceux d’une signora milite avant tout pour la beauté féminine :  » La femme Cavalli est la plus sensuelle au monde. Elle est extrêmement séduisante, attentive à la mode et jamais vulgaire.  » Qu’importe si le résultat frôle parfois la provoc’à

La nature en imprimé

En marge de son travail sur le jeans, Roberto Cavalli se concentre sur les imprimés, qui feront, à force, partie intégrante de son ADN. Fou d’animaux – il possède chez lui des perroquets, trois chiens, trois chats, deux singes et rêve d’acquérir un bébé léopard -, il puise son inspiration dans la faune et la flore.  » Dieu est le plus grand créateur que je connaisse. Pensez à la peau ou à la fourrure d’un félin, à ses couleurs et motifs. J’ai simplement copié cette nature, afin de retranscrire un peu de cette beauté dans ma mode.  » De tous les imprimés animaliers, celui qui remporte tous ses suffrages est évidemment le léopard, qu’il décline au gré de ses collections, comme un gimmick.  » J’ai toujours été fasciné par l’Afrique et cet animal. Il est à la fois élégant, séduisant et attirant. « 

Stars et strass

Il prend la pause à côté de Sharon Stone, Paris Hilton, Lindsey Lohan, Maria Carey ou Halle Berry.  » Je ne peux pas dire que j’entretiens une relation personnelle avec toutes les célébrités qui choisissent de porter mes créations. Mais je peux vous assurer que j’ai établi une amitié profonde avec des personnes comme Jennifer Lopez, Victoria Beckham ou Cindy Crawford.  » Comme il se doit, il accueille tout ce beau monde sur son yacht à 24 millions d’euros.  » Ce bateau touche au business. C’est un lieu de rendez-vous pour tous mes amis célèbres que j’aime rencontrer durant une soirée ou des vacances. Mais j’ai par ailleurs un dinghy appelé Freedom. Ce n’est que lorsque je navigue à son bord que je peux sentir la mer sur ma peau. « 

Oiseau de nuit

 » Le monde de la nuit est à la fois drôle et séduisant. Il fait partie intégrante de ma vie « , avoue Roberto Cavalli. En 2001, il sauve de l’oubli le traditionnel Caffè Giacosa de Florence, en l’annexant à sa boutique. L’année d’après, il ouvre le Just Cavalli Cafè, à Milan qui valorise la Torre Branca, conçue par Gio Ponti en 1933. Il fonde aussi le Cavalli Club Firenze, dans une petite église désaffectée et, plus dernièrement, le Cavalli Club de Dubaï, haut lieu du luxe, avec ses trois restaurants, son bar et sa boutique, le tout parsemé de 463 000 cristaux Swarovski, décoré de vison blanc écologique et divisé par une tenture de 100 mètres, censée reproduire le Ponte Vecchio de Florence. Rien n’est trop, pour Roberto.

automne-hiver 10-11

Depuis trois saisons, cet adepte d’une mode tapageuse semble quelque peu s’assagir. Dans sa collection hiver 10-11, les imprimés animaliers se font plus légers, tandis qu’il renoue avec le style bobo romantique qui a fait son succès dans les années 70à  » Ces créations évoquent l’image d’une bohémienne de luxe, extrêmement féminine et sophistiquée, qui se moque des règles de la bourgeoisie. Une silhouette créée à travers un jeu délicat de superpositions, pour une allure floue et déstructurée. « 

L’avenir

Quand on présente à Roberto Cavalli une offre de rachat de 600 millions d’euros pour son entreprise, le richissime créateur la balaie d’un revers de la main. Et quand on lui parle d’avenir, celui qui a toujours affirmé que sa société mourrait avec lui, répond :  » Pour moi, le présent est bien plus important que le futur.  » Indiscutablement, carpe diemà

Par Catherine Pleeck

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