Barbara Witkowska Journaliste

Dès la plus haute antiquité, ces boules de nacre, gourmandes et sensuelles, aux volumes parfaits, fascinent les hommes. Montées en collier ou en sautoir, associées aux pierres précieuses, elles composent de vraies ouvres pleines de poésie. Laissez-vous, aujourd’hui, envoûter aussi par l’audace créative des joailliers et découvrez les perles top tendance.

Les perles sont, de nouveau, au top de la tendance. Le collier court, simplissime et classique, est toujours d’actualité, tandis que les joailliers rivalisent d’imagination pour nous éblouir avec des parures plus sophistiquées. Que de merveilles dans les collections ! Boucheron vient de lancer une toute nouvelle ligne, dédiée à la perle. Elle mise sur l’audace créative et s’affirme avec un style original où apparaissent l’asymétrie et certains motifs emblématiques du joaillier. Le serpent, par exemple. Il se love autour d’une perle d’or qui termine un superbe collier de perles multicolores. En version  » vintage « , Boucheron nous propose trois sautoirs qui seront du plus bel effet sur les tenues vaporeuses d’été. On hésite entre les perles multicolores qui se mêlent à des chaînettes d’or jaune, rythmées de diamants et les sautoirs de perles blanches, associées soit à des diamants, soit à des saphirs roses. Unique en son genre, un collier de perles multicolores est rehaussé d’une maille jersey en or jaune pavée de diamants qui s’achève sur une perle blanche. Enfin, comment résister à la sobriété élégante de ces deux rangs de perles blanches ou noires, agrémentés d’un superbe fermoir ? Ce dernier emprunte le motif emblématique de Boucheron : Ava, un diamant (ou un saphir rose) entouré d’un rond ou d’un carré, lui-même serti de diamants. Ces nouveaux colliers sont la preuve scintillante que les artisans-artistes des ateliers de joaillerie peuvent produire des bijoux époustouflants mais légers et faciles à porter.

Van Cleef & Arpels, l’autre maison mythique de la place Vendôme, fait triompher les perles dans trois superbes créations. Eclat et légèreté, rythme des motifs symétriques caractérisent les boucles d’oreille  » Prisca « , composées d’une perle blanche et d’une perle grise, avec diamants tailles  » poire  » et  » baguette  » sur or gris. Le fermoir boucle (l’un des motifs fétiches du joaillier) en diamants rehausse le collier  » Artémise  » en perles blanches. Une très belle nuance grise de deux perles poire magnifie la bague  » Toi & Moi  » en or gris et diamants.

Longtemps spécialiste de la perle, Chaumet a imaginé, dans la collection  » Frisson « , une ligne en or gris autour de la perle de Tahiti en forme de goutte couleur gris argenté. Ludique, la pampille de la bague  » danse  » au rythme des mouvements des doigts. Le collier et les pendants d’oreille optent pour de fines chaînes serties de diamants et de saphirs roses, travaillés en asymétrie. L’ensemble est ravissant, plein de douceur, poésie et féminité.

Les perles sont indissociables du  » style de Chanel « . Synonymes de pureté et d’harmonie, les grands sautoirs accompagnaient à merveille les parements de satin blanc ou les envolées de tulle noir de Mademoiselle. En version plus actuelle, on craque pour le sautoir  » Sphères « , composé de perles multicolores des mers du Sud et de Tahiti, parsemé de 8 boules en or, pavées de diamants jonquilles, verts ou chocolat. Envie d’une parure vraiment spectaculaire ? La ligne  » Air  » réunit un collier et des boucles d’oreille. Le premier associe 3 020 diamants et 13 perles des mers du Sud, tandis que les deux perles des boucles d’oreille s’entourent de 438 diamants.

Chez Piaget, la parure faisant partie de la collection  » Jardin des sens  » ne manque ni de caractère ni d’astuces. Une petite  » cage  » sertie de diamants peut s’ouvrir grâce à un mécanisme secret. A l’intérieur, on peut glisser soit une perle grise soit une minuscule boule en bois de hêtre. Cette dernière peut éventuellement être imprégnée de votre parfum préféré (jamais la perle !).

La Maison de la perle a été créée, à Bruxelles, il y a trente-cinq ans. Jean-Nicolas Holemans, son propriétaire depuis huit ans, continue, dans les créations maison, à préserver la simplicité et la pureté des formes, afin de servir au plus juste la délicatesse de la perle. Perles blanches de Japon, gold et blanc argenté d’Australie, perles grises, vertes et aubergine de Tahiti, perles rosées et orangées de Chine déploient leurs nuances somptueuses à côté des diamants, saphirs, rubis et émeraudes et aiment flirter, parfois, avec des pierres fines, tels le péridot, l’aiguë marine ou la tourmaline.

Enfin, la créatrice de joaillerie bruxelloise Marie-France Vankueken a une prédilection pour des colliers de perles multicolores et torsadés, entrecoupés de motifs en or qui personnalisent les parures. Ses perles baroques aiment mélanger les genres et sont travaillées avec des incrustations d’ambre, de corne ou de bois rare. Quant aux fermoirs, ils sont tellement raffinés qu’ils en deviennent des bijoux à part entière.

A la recherche de la perfection

D’où viennent les perles ? Elles sont sécrétées par des mollusques appelés méléagrines : une grande famille d’huîtres que l’on peut comparer aux belons. Lorsqu’un parasite, un grain de sable ou un animal minuscule, par exemple, pénètre à l’intérieur, la méléagrine, pour se protéger, va sécréter de la matière perlière. C’est une réaction tout à fait naturelle. Les perles naturelles ou sauvages existent toujours, mais ne sont plus pêchées, car elles se trouvent dans des profondeurs trop importantes. Cependant, dans le passé, on en a pêché énormément, de sorte qu’aujourd’hui on vit toujours sur un acquis. Les perles sauvages ne représentent que 1 % du  » stock  » mondial et ne sont plus très demandées. Aujourd’hui, toutes les perles sont de culture. Ce qui signifie qu’elles ont une excellente traçabilité, sont mieux connues et mieux contrôlées. Pour créer une perle de culture, l’homme provoque  » l’accident « , en introduisant un parasite artificiel, souvent un bout de nacre, plus proche de la perle. Il s’agit toujours d’une opération très délicate.  » On croit que c’est le Japonais Mikimoto qui a inventé les perles de cultures, explique Jean-Nicolas Holemans, propriétaire de la Maison de la Perle à Bruxelles. Or c’est William Saville Kent, un pêcheur employé des services des pêches d’Australie qui, en 1890, a inventé le principe. Mikimoto s’est emparée de l’idée et l’a déposée.  »

Les perles ont quatre origines : Tahiti, l’Australie, la Chine et le Japon. Le pays d’origine influence la coloration naturelle et la grandeur. Les perles australiennes sont les plus recherchées car elles sont extrablanches et extragrandes (24 mm de diamètre). Tahiti est connu pour les perles noires, ainsi que les perles grises, animées de nuances vertes, jaunes ou bleues. Elles peuvent également atteindre un diamètre de 24 mm. Le fameux  » orient « , ce halo magique, est réservé aux perles japonaises et chinoises. Les premières sont blanches avec un orient crème, rosé ou argenté. Elles ne peuvent pas dépasser 11 mm de diamètre. Parmi les perles chinoises, il y en a d’aussi blanches que les japonaises, mais il y a, aussi, des perles de différentes couleurs pastel. On peut trouver, par exemple, une perle rose avec un orient argenté. L’orient prime dans les perles japonaises. Les chinoises sont prisées, en revanche, pour leurs couleurs pastel.

La perle parfaite ? Elle est la plus ronde possible. Sa couleur est blanche ou noire. La matière est chaleureuse et la peau parfaitement régulière et nette, sans la moindre bosse. Une perle se mesure en diamètre. Les plus grosses ont 24 millimètres de diamètre. Si vous en avez une, gardez-la précieusement, elle vaut une fortune ! On pourrait aussi ajouter que si les perles rondes constituent 98 % de la production, il y a également des perles  » poires  » (1 %) et des perles  » boutons « , légèrement aplaties (1 %), qui peuvent elles aussi être parfaites. Les perles baroques ont exactement la même provenance mais leurs formes sont bizarres et totalement irrégulières. Leur nombre est impressionnant : on obtient 1 perle ronde pour 200 perles baroques ! C’est la raison pour laquelle, selon les puristes, les perles baroques appartiennent au monde des bijoux de fantaisie.

Un peu d’histoire

On en parle déjà dans certains écrits sanskrit. Mais il semble que les premières perles ont fait leur apparition au Moyen-Orient. Une autre version situe leur origine en Afrique du Sud. L’Inde a également été un gros consommateur de perles. Dans ce pays, il y a toujours eu un lien entre l’astrologie, la culture et les pierres précieuses. Chaque pierre est associée à un astre et la perle est ainsi associée à la Lune. En Europe, les perles, tout comme les pierres précieuses, étaient rares. En France, l’aristocratie était la seule couche sociale autorisée à porter des perles et des pierres précieuses. C’était un droit royal. Les pierres étaient associées au pouvoir et avaient la caractéristique d’être  » invincibles « . Le pouvoir religieux avait le même privilège, les papes portaient beaucoup de pierres, des émeraudes, notamment. La première femme roturière à porter les pierres précieuses fut Agnès Sorel, la favorite de Charles VII, au début du xve siècle. En arborant, un jour, une broche en diamants, elle a fait scandale, mais a cassé également ce système de privilèges.

Autrefois, les femmes étaient couvertes de perles. Selon la légende, celles-ci facilitaient l’accouchement. Il est clair que la perle est la  » pierre précieuse  » qui a été la plus portée et en plus grande quantité. Elle véhicule une notion de beauté absolue et de grande noblesse. Elle est douce et ronde, très féminine. Et puis, c’est la seule pierre précieuse qui est portée à même la peau, d’où sa sensualité extraordinaire. C’est elle, aussi, qui a frappé le plus l’imaginaire populaire et est devenue une sorte de référence dans le langage. On dit, par exemple, d’une personne que  » c’est une perle  » ou encore on parle  » des perles de la littérature « . La perle la plus célèbre ? C’est la  » Pelegrina « . Elle a appartenu à Philippe II, roi d’Espagne, puis a été vendue à la couronne de France. A la fin du xixe siècle, c’est le prince Ioussoupov, lié à la famille impériale de Russie et meurtrier de l’aventurier Raspoutine, qui l’a acquise. En 1970, elle a été vendue en vente publique et… a disparu. Personne ne sait où elle se trouve aujourd’hui. En forme de  » poire « , elle est très régulière, très légèrement teintée et a deux petits centimètres de diamètre. Elle réapparaîtra un jour, peut-être…

Carnet d’adresses en page 82.

Barbara Witkowska

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