Après la grande rétrospective consacrée à Jean-Michel Basquiat, le plus vaudou des street artistes, la Fondation Cartier, à Paris, compte bien encore nous envoûter. Grâce à Vaudou (*), on va enfin tout savoir sur ce mystérieux culte religieux originaire de l’Afrique de l’Ouest.

Pleins feux sur les bocio. Rarement affiche d’exposition aura fichu autant la trouille : une statuette bocio bicéphale sortie tout droit de l’enfer qui ferait passer Eraserhead, le film monstre de David Lynch, pour une love comédie avec Ashton Kutcher. Mais, désormais, on n’aura plus l’air idiot quand on nous parlera des  » maaaagnifiques  » sculptures bocio qui nous épouvantaient jusqu’ici.

Ces figurines sont la clé de lecture de la culture vaudou. Façonnées à partir d’ossements, de cordes et de mèche de cheveux puis recouvertes d’argile, elles sont utilisées dans le but de nuire ou de protéger. On les trouve à l’intérieur des maisons, des temples, dans les champs ou aux croisements des routes. Autant de mots pour dire  » poupée vaudou  » ? Sauf que la Fondation Cartier nous rappelle que les bocio ne sont pas qu’un cliché gore de série Z mais un objet alchimique jouant le rôle d’intercesseur entre le monde visible et invisible.

La puissance esthétique des arts premiers. C’est Jacques Kerchache qui est à l’origine de cette entrée en pays ésotérique. Si le nom de cet explorateur, disparu en 2001, n’est pas très connu du grand public, il faut rappeler que ce génial autodidacte révéla en pionnier la beauté et la puissance esthétique des arts premiers. L’homme se dressait contre la vision strictement ethnographique de ce que l’on appelait encore les arts primitifs… Initiateur du musée du Quai Branly inauguré sous la présidence de Jacques Chirac, il mena de nombreuses fouilles dès le milieu des années 60 au Dahomey, l’actuelle République du Bénin, berceau du vaudou. C’est sa collection personnelle et ses travaux de recherche qui sont exposés à la Fondation Cartier. La scénographie a été confiée à Enzo Mari, grand manitou du design italien qui a opté pour une ultrasobriété.

Un cinéma gothico-glamour. L’expo Vaudou est aussi l’occasion de faire un sort au cinéma zombie de Jacques Tourneur. Ce réalisateur hollywoodien des années 40 est à l’origine d’une imparable trilogie du film d’horreur ( La Féline, L’Homme-Léopard et Vaudou), produite par Val Lewton pour les studios de la RKO (disponibles en coffret DVD chez Montparnasse éditions). Trois joyaux épurés et ciselés dans un noir et blanc gothico-glamour. Ensorcelant.

(*) Vaudou, du 5 avril au 25 septembre prochain, à la Fondation Cartier : 261, boulevard Raspail, à 75014 Paris. Tél. : +33 1 42 18 56 50. www.fondation.cartier.com

ANTOINE MORENO

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