Les révolutions ont toujours leurs partisans et leurs détracteurs. Celles qui traversent la mode n’échappent pas à la règle. Aussi, face au boum de la diffusion des défilés en temps réel sur le Net, voit-on deux camps rivaux s’affronter. D’un côté, les  » pour « , qui estiment qu’après tout, un show est fait pour être vu. Et si c’est par le plus grand nombre, c’est encore mieux. Pas mal de créateurs italiens ont ainsi adhéré, lors de la dernière Fashion Week de Milan, au projet de la Camera della Moda (l’organisme qui chapeaute les défilés) qui leur proposait de montrer leurs collections en direct via son site. Son équivalent londonien, le British Fashion Council, est allé un pas plus loin encore en annonçant tout de go que les défilés qui auraient lieu dans ses tentes seraient retransmis en live – que le label le souhaiteà ou pas. Se rangent aussi sous la bannière du libre accès des créateurs comme Marc Jacobs, Giorgio Armani ou encore Christopher Bailey, directeur artistique de Burberry, pour qui cela  » permettra aux gens de sentir l’énergie et l’ambiance où qu’ils soient dans le monde « . Chez Proenza Schouler, les internautes pouvaient même commander instantanément certaines pièces vues sur le podium par écran interposé !

Face à ces disciples du tout au Net, les  » anti « . Parmi eux, la styliste Isabel Marant défendait, dans une interview accordée à Grazia UK, l’idée que les collections doivent être présentées uniquement à la presse  » qui est en mesure d’en comprendre le message, pour ensuite le transmettre « . Didier Grumbach, président de la Fédération française de la couture, adopte une position plus radicale encore en proposant de réserver la primeur sur les collections à quelques journalistes triés sur le volet. Et de ne défiler que dans un second temps, sur podium et sur le Net, quand les collections sont déjà en vente. Parce que, ironisait-il dans le Fashion Daily News,  » en présentant à tous les journalistes à la fois, on ne présente plus à personne : autant regarder Style.com sur son téléphone « .

Pour rabibocher tout le monde, autant que faire se peut, on vous invite à découvrir les tendances de l’hiver prochain. Pas en direct, pas au moment où elles sont en boutique, mais quelque part entre les deux, trois semaines après leur présentation. Et pas seulement sur mais aussi en pages 18 à 21. Pour réconcilier les défenseurs et les adversaires d’une révolution, rien de tel que le compromis.

Delphine Kindermans Rédactrice en chef

« Face à ces disciples du tout au Net, les anti. »

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