Découvrir son musée Barnes, flâner dans ses quartiers arty, déguster la cuisine de ses chefs… Rendez-vous à  » Philly « , une mégapole aux multiples découvertes.

Cinquième ville des États-Unis, Philadelphie (Pennsylvanie) a longtemps vécu dans l’ombre de sa grande soeur, l’exubérante New York. Mais depuis quelques années, Philly, comme l’appellent tendrement ses habitants, s’est affirmée. Elle se reposait sur ses illustres lauriers – c’est ici que la Constitution américaine fut écrite. Et voilà qu’aujourd’hui la ville fait entendre qu’elle existe, certes pour ses monuments historiques, mais aussi pour ses cafés, ses restaurants, son art de vivre, ses petites rues pavées et ses ambitions green, autant d’atouts pour un séjour d’été. Depuis peu, les amateurs d’art du monde entier ont les yeux rivés sur Benjamin Franklin Parkway, la grande avenue verdoyante où Philadelphie égrène ses musées. C’est là, dans un bâtiment flambant neuf jouxtant le Philadelphia Museum of Art et le musée Rodin, que la Fondation Barnes a emménagé le 19 mai dernier. Cette collection de plus de 600 peintures impressionnistes et postimpressionnistes (dont 181 Renoir et 69 Cézanne) était jusqu’à maintenant exposée à l’extérieur de la ville, dans la demeure de feu son propriétaire, le richissime docteur Barnes. À sa mort, il avait fait promettre qu’elle ne déménageât jamais, bien que sa maison fût lointaine et difficile d’accès. Les voeux du docteur ont fini par être trahis.  » Pour le meilleur, estime Dereck Gillman, président de la Fondation Barnes. En rendant la collection plus accessible et mieux éclairée, nous lui offrons une nouvelle vie.  » Ne manquez pas ce must, vous en ressortirez ébloui. Réservez-vous aussi une demi-journée pour partir à la découverte de l’art contemporain de Philadelphie et ses quelque 3 000 fresques urbaines. Sur les murs du centre-ville et des quartiers pauvres de la périphérie, elles racontent les rêves, les espoirs, les héros et les histoires de ceux qui peuplent la  » ville de l’amour fraternel « , selon la racine grecque du nom de Philadelphie. Du street art parfois kitsch, mais émouvant à souhait.

Fondation Barnes, www.barnesfoundation.org

DES RUES PROPICES À LA FLÂNERIE

Dans une chanson restée célèbre, Bruce Springsteen a rendu hommage aux rues de Philadelphie, qu’on peut parcourir presque entièrement à pied, et ce sans jamais se perdre, puisqu’elles ont été conçues pour se croiser à angle droit. Il y a d’abord Chestnut, Walnut et Market Streets, plantées de buildings Belle Époque et de gratte-ciel modernes dont la silhouette compose l’une des plus belles skylines des États-Unis. En guise d’introduction, rendez-vous au restaurant R2L, au 37e étage de la tour Liberty. Vous y admirererez la vue panoramique en dégustant de délicieux miniburgers. Ensuite, il faudra se rendre dans Old City, le quartier des premiers colons, pour en explorer les petites rues pavées, bordées de maisons en brique rouge. Delancey Street est l’une des plus jolies, tout comme Pine Street, la  » rue des antiquaires « . Un peu plus au nord, Second et Third Streets concentrent plus de 40 galeries d’art. Tous les premiers vendredis du mois, elles ouvrent leurs portes jusqu’à 21 heures et c’est tout le quartier, verres de vin gratuits à l’appui, qui entre en fête.

R2L, 50 South 16th Street, tél. : + 1 215 564 5337.

UNE VILLE VERTE

En 1682, au moment de concevoir Philadelphie, son fondateur, le quaker William Penn, avait un rêve : celui d’en faire une  » ville verte de campagne « . Cinq jardins se répartissent donc dans le centre-ville, le plus chic étant Rittenhouse Square. Dans cet écrin bordé d’immeubles cossus et de boutiques de luxe, on croise des joggeurs, des mamans avec leur poussette, des intellos plongés dans un livre et des musiciens de plein air, que la ville commissionne pour des concerts gratuits le mercredi soir en été, quand ils ne jouent pas spontanément à toute heure. Visionnaire, Penn avait aussi doté la ville de l’immense Fairmount Park, grand comme dix fois Central Park. On l’explore à vélo ou en kayak sur la rivière Schuylkill. Aujourd’hui, Philadelphie s’est lancé un nouveau défi : devenir, d’ici à 2015, la ville la plus verte des États-Unis. Pistes cyclables, jardins communautaires et immeubles écologiques poussent à tous les coins de rue. Pour une visite guidée, rendez-vous sur le toit végétal du Peco Building, siège de la plus grande compagnie d’électricité de la ville, recouvert de plantes originaires de la toundra sibérienne.

Peco Building, www.peco.com

PIONNIÈRE GASTRONOMIQUE

Connaissez-vous les  » Philly cheesesteaks  » ? Ces gros sandwichs fourrés de fines tranches de boeuf et de fromage fondu sont aussi bons à dévorer que difficiles à digérer ! Les meilleurs de la ville sont servis chez Jim’s, Pat’s et Gino’s. Mais la gastronomie locale ne saurait se limiter à cette spécialité populaire. Philadelphie héberge certains des meilleurs chefs du pays, comme Georges Perrier, Marc Vetri et le jeune Jose Garces, aux commandes du restaurant de tapas Amada. C’est ici aussi que Stephen Starr, le roi des tables branchées, a lancé Buddakan et Morimoto avant d’exporter ses concepts à New York. Il compte désormais une vingtaine de restaurants dont chacun d’entre eux vous plongera dans une expérience holistique. Chez Talula’s Garden, vous dégusterez une cuisine inventive à base de produits de la ferme, à condition de pouvoir décrocher une réservation. À moins que vous n’alliez vous approvisionner directement au Reading Terminal Market ? Plusieurs stands de ce marché locavore sont tenus par des Amish, des vrais, en jupe longue et coiffe blanche pour les femmes, collier de barbe et chapeau noir pour les hommes. Ils vous régalent de leur production étiquetée organic forcément, puisque dans cette communauté en marge de la société de consommation le bio n’est pas une mode : c’est un mode de vie. Ils reflètent l’un des ingrédients qui font le charme de Philadelphie : tolérance religieuse, tradition et modernité, énergie toute citadine et convivialité de petite ville. Une recette à essayer, pourquoi pas, à la maison.

Amada, 217, Chestnut Street. Tél. : + 1 215 625 2450.

Talula’s Garden, 210, Washington Square. Tél. : + 1 215 592 7787.

Reading Terminal Market, 51, North 12th Street. Tél. : + 1 215 922 2317.

PAR CLAIRE DERVILLE

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