Plus que le danger lui-même, c’est bien souvent la perception que l’on en a qui nous paralyse. Ainsi, lors d’une enquête menée par Europ Assistance dans les semaines qui ont suivi le 22 mars dernier, un Belge sur deux déclarait qu’il ne partirait pas en vacances l’été suivant. Soit 10 % de plus qu’en 2015. Bien que la majorité des sondés se défendent d’avoir pris en compte la menace d’attentat dans leur décision, cette dernière a certainement conditionné les résultats de l’étude. Et même si les faits ont eu lieu sur notre sol, des destinations  » soleil  » traditionnellement choisies par nos compatriotes sentent directement passer le vent des bombes : en Tunisie, en Egypte et au Maghreb en général, les intentions de réservations, déjà en nette baisse, chutent alors brutalement. Pourtant, si ces contrées ont pu laisser de dramatiques souvenirs par le passé, notamment après les massacres de Sousse, les voyageurs étrangers n’y sont à ce moment précis pas particulièrement visés par les terroristes. Pourquoi ce verdict paradoxal, dès lors ? Tout simplement parce que les attaques à Bruxelles nous ont  » rendu plus prégnante la réalité de ce qu’est un attentat « , expliquait Elise Mertens, marketing manager chez Europ Assistance. Et, dans l’imaginaire collectif, les régions à risques se situent toujours loin de notre bonne vieille Europe. Malgré Charlie, le Bataclan, la station Maelbeek et Zaventem. Conséquence : tandis que le ministère des Affaires étrangères US les déconseille, faisant fuir les Américains, la France et l’Espagne voient encore leur cote monter auprès des touristes de chez nous – la seconde grimpant de 12 % à 17 % de locations belges. Plutôt cynique, quand on sait ce qui s’est passé à Nice lors de la Fête nationale, et les contrôles renforcés dans la péninsule ibérique en juillet et août…

Raison de plus, sans doute, pour se forcer à ouvrir son horizon et partir à la découverte de territoires moins courus mais vantés pour leur relative sécurité par les voyagistes : le Cap-Vert, le Maroc, la Namibie, le Panama, le Laos ou les milliers d’îles jusqu’ici préservées des Philippines, à la rencontre d’une faune sous-marine et de paysages à couper le souffle. Sans être tétanisé par la peur, mais la vigilance en bandoulière quand même. Un peu comme on reste attentifs, désormais, dans la rame de métro ou à l’aéroport.

DELPHINE KINDERMANS

DANS L’IMAGINAIRE COLLECTIF, LES RÉGIONS À RISQUES SE SITUENT LOIN DE NOTRE BONNE VIEILLE EUROPE. MALGRÉ CHARLIE, LE BATACLAN, LA STATION MAELBEEK ET ZAVENTEM.

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