Elles sont de plus en plus nombreuses à savourer ce plaisir à haute valeur trendy. Oui, les femmes aiment se retrouver entre elles. Au programme : sorties entre copines et idées 100 % filles.

Certaines sont venues en bande, d’autres en solo. Trentenaires ou quadras, toutes sont sur leur trente et un. Glamour et trendy. Non, il ne s’agit pas d’un casting pour  » Sex and The City « , mais bien de l’hyper-branché  » Wooomen on Top  » (www.5emesaison.be) qui a pour cadre le très sélect hôtel Conrad, à Bruxelles. L’un des seuls hommes admis dans ce cocktail ladies only, servi dans la cour intérieure du 5-étoiles aménagée en plage, en est tout simplement l’initiateur.  » Les femmes souhaitent s’éclater entre elles lors d’une fête entièrement consacrée à leurs désirs, explique Daniel Camus. Le coup d’envoi de la soirée a lieu à 20 heures, chaque troisième vendredi du mois. Vu le succès, nous aimerions adapter ce concept à d’autres pays…  »

Pour Anne-Françoise et ses amies,  » Wooomen on Top  » est déjà devenu une tradition.  » ça nous permet de nous évader de notre train-train, boulot, mari, enfants, confient-elles. Le resto, c’est sympa, mais ici, il s’agit de se faire plaisir et de profiter d’un moment qui n’appartient qu’à nous.  » Les jeunes femmes avouent aussi aimer comparer leur look avec celui des autres convives. Et elles sont nombreuses, aussi, à adorer l’idée  » d’une soirée entre nanas « , nettement plus décontractée.

Après avoir siroté un verre, les participantes sont invitées à se rendre dans l’une des somptueuses salles de fête de l’hôtel. Aux petits soins, les organisateurs leur offrent une rose. Joliment décorées, les tables portent des noms de cocktails.  » Quelle joie d’être dans un décor si raffiné « , s’enthousiasme Sandra en ouvrant de grands yeux. Chacune des soirées est déclinée autour d’un thème (beauté, bien-être…) et d’un dress code précis (1). Ce soir : ambiance latino et couleurs flashy. Pendant que certaines suivent les cours de salsa et meringue, d’autres se refont une beauté dans le corner maquillage Estée Lauder ou goûtent au buffet. Une tombola et un défilé lingerie d’Eva Luna font également partie du programme. Venue de Tournai, Julie est ravie, dit-elle, par  » les animations et le cadre magnifique. Les  » Wooomen on Top  » apprécient le beau et c’est très agréable d’être entre filles car il n’y a guère d’arrière-pensées.  » Cool, l’ambiance devient toutefois explosive vers minuit quand une DJette met le feu aux platines… et que les hommes entrent sur la piste de danse.

Pour le plaisir !

Tant les  » Wooomen on Top  » que les indéscotchables amies de  » Comme t’y es belle « , le premier film de Lisa Azuelos, à l’affiche au printemps dernier, sont représentatives d’un véritable phénomène de société : la bande de copines en tant que cellule indépendante, amusante et solidaire. La série télé américaine  » Sex and The City  » annonçait déjà la couleur. Tirée du roman de Candace Bushnell, elle met en scène quatre New-Yorkaises dans le vent. Le récit de leurs ébats sexuels et de leurs peines de c£ur fait un tabac. A l’attention des fans, signalons que Candace Bushnell est aujourd’hui de retour avec une nouvelle saga girly titrée  » Lipstick jungle  » (Albin Michel).

L’historienne française Florence Montreynaud (2) affirme que l’amitié féminine a toujours existé.  » On s’en méfiait beaucoup, dans le système patriarcal car, tant que les femmes étaient isolées, elles restaient faibles « , souligne-t-elle. Alors que certaines cultures favorisent les retrouvailles entre femmes (exemple : le hammam en Orient), nos pays privilégient la mixité sociale.  » Aujourd’hui, nous assistons à une révolution, enchaîne l’historienne. Les relations entre filles célèbrent l’accès au plaisir des femmes. L’afficher dans un espace public (resto, bar, boîte) est une transgression nouvelle, qui est également octroyée à la classe moyenne. Marquées par le sens du devoir envers autrui, les femmes aspirent enfin au devoir envers elles-mêmes.  »

Si le Conrad mise sur les soirées women, d’autres lieux belges, eux, privilégient la mixité. Aux  » Célibataires du jeudi  » (Novo Brasil, à Bruxelles), par exemple, les filles ne payent pas l’entrée et sont priées de laisser des messages à ceux qui leur plaisent. Consacré à la génération des trentenaires, le nouveau livre de la sociologue belge Bernadette Bawin (3) décrit parfaitement  » ces femmes libérées, qui veulent une relation avec un homme, sans en être prisonnières. Elles gagnent de l’argent, veulent le dépenser et vont jusqu’à adopter les codes masculins (alcool, joints, drague, sexe kleenex).  »

Partout, on trouve désormais des soirées filles. A l’étranger ? L’Amazone Night (4310 Club) à Lausanne, le Member’s et le Bahía à Madrid, ou le resto-bar-club L’Etoile, à Paris ( » Girls privilege « ). Régine, la reine de la nuit met, elle aussi, les femmes à l’honneur avec  » Au Bonheur des Dames « . Les filles les plus branchées ont droit à l’entrée gratuite, l’open bar, le buffet et les stripteaseurs ! A 23 h, les hommes sont de la partie…

 » Le sexe est omniprésent dans nos sociétés « , note Bernadette Bawin. Pour preuve, le succès croissant des Chippendales. Mais comme le précise Florence Montreynaud,  » l’ambiance est dépourvue d’ambiguïté. » Si les soirées Tupperware ont toujours la cote, elles sont toutefois détrônées par les démonstrations de lingerie et de sex toys à domicile. Entre filles, on ne se gêne plus pour aborder les dessous de l’affaire. La chaîne française Paris Première a lancé la série-réalité  » Ladies Night, elles ne parlent que de ça « . Cinq nanas (la fleur bleue, l’aristo, la branchée, la mère de famille ou l’extravertie) y déballent leurs épisodes amoureux.

Florence Montreynaud, elle, fait partie de plusieurs bandes :  » Outre mon groupe de lecture et de politique, je suis membre d’un groupe de sexe. Entre pairs, on ne révèle pas nos peurs et nos fantasmes de la même manière.  » Bernadette Bawin rappelle que l’idée a germé dans les milieux intellos. Dans les années 1970, jeune mère de famille, elle se rendait, une fois par semaine, au Café des femmes à Liège.  » Interdit aux hommes, il nous permettait de nous retrouver autour d’un débat ou d’une fiesta, s’enthousiasme la sociologue. Nos filles sont le produit du féminisme. Elles prolongent cet héritage, qui leur a ouvert la voie.  »

L’union fait la femme

Dans une société aux rapports humains compliqués (familles disloquées, par exemple), Bernadette Bawin observe que les gens s’ancrent dans l’amitié.  » On évolue avec ses amis, qui constituent la famille choisie, fait-elle remarquer. Fragilisé par ce monde individualiste, on a besoin de leur soutien.  » Les filles ont l’art de se parler et de s’entraider. La sociologue souligne le succès belge des réseaux de femmes actives. Revendiquant leur profession, elles échangent conseils, affaires et impressions. Dans le même esprit, Belgacom a imaginé la Ladies Networking Evening à l’attention des pros de la communication. Nombreuses sont les associations et les actions féminines. Cyber-solidaires, les femmes se retrouvent aussi sur Internet autour de sites, magazines ou clubs. La toile européenne des femmes francophones regroupe des sites aussi divers que Vie féminine (mouvement d’action socio-politique), Les amies du vagin et Rondinet (pour les rondes).

Les vacances également sont propices aux évasions entre copines. Il existe, en effet, des choix 100 % féminins. Voyage en Rose (tour opérateur Ensemble Sous l’Eau) propose des destinations alliant la détente, l’aventure, la culture et les mondanités (exemple : la croisière Mer Rouge). Pour les célibataires, il y a l’option  » Voyage du C£ur « . L’agence  » Femmes du monde  » (www.femmes-du-monde.com) propose d’aller à la rencontre des Marocaines, Maliennes, Jordaniennes ou Turques. Pour les plus sportives, il y a encore le rallye Aïcha des Gazelles : la traversée du Sahara marocain s’y accompagne d’une mission humanitaire.

Une étude américaine ayant révélé que la moitié des hommes d’affaires sont des femmes, les hôtels multiplient les chambres aux accents féminins : décor adapté, produits de beauté, bougies parfumées, CD relaxants, pyjamas de soie, alimentation naturelle… Le succès est tel que des étages entiers leurs sont parfois consacrés. Et il existe aussi des hôtels, tenus par des femmes, qui ne reçoivent que des femmes : Zurich (Lady’s First), Málaga (Los Olivos), Florence (B&B), Canada (The Back Hills), Nouvelle Zélande (Hecate House).

Et aussi…

Entre copines, on peut encore s’adonner à une activité originale. Démonstration de cosmétiques, bijoux ou maquillages à domicile, venue d’un cuistot à la maison (www.chefathome.be), cours de cuisine (www.mmmmh.be) ou stage d’été. Les ateliers La Gaumette (www.lagaumette.be) proposent, à Bruxelles et en Gaume, des initiations à l’art floral, la maroquinerie, la peinture sur bois, la pâtisserie. Tout cela sans oublier la littérature pour ladies. Elle a toujours existé, mais sous l’impulsion de Bridget Jones, elle a fait des petits. Même si la version rose est encore en vogue, Danielle Steel et Mary Higgins Clark cohabitent avec la  » chick lit  » (littérature de poulettes). Les héroïnes sont jeunes, branchées, sexy et n’ont pas froid aux yeux. Fleuve Noir les conjugue à toutes les sauces. Sur le site Internet (www.fleuvenoir.fr), via  » Girl Attitude « , l’éditeur s’adresse aux lolitas comme aux mères de famille en quête d’astuces beauté ou séduction. Alors que Belfond édite le croustillant  » Crime et couches-culottes », « Le Point » pimente l’été avec Sam Jones et son  » Indispensable petite robe noire  » ou  » Y’en a marre des blondes « . Le xxie siècle s’annonce indéniablement féminin…

(1) Prochain  » Wooomen on Top  » :

le vendredi 15 septembre.

Thème: glamour & passion.

Dress code : le rouge.

(2) Florence Montreynaud,  » L’aventure des femmes,

xxe-xxie siècles « , éd. Nathan

(version renouvelée en octobre 2006).

(3) Bernadette Bawin-Legros,  » Génération désenchantée –

Le monde des trentenaires « , éd. Payot.

Kerenn Elkaïm

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