Issus du même terroir que les grands bordeaux qu’ils représentent, bénéficiant de la même technologie, les seconds vins ne manquent pas d’arguments pour séduire les fins gourmets. Voici les 15 choix de Weekend, après dégustation.

17,89 euros. Colruyt.

17,90 euros. Savour Club, tél. : 02 732 07 70.

9,50 euros. Cooreman, tél. : 02 466 72 17.

17,90 euros. Delhaize.

17,90 euros. Savour Club, tél. : 02 732 07 70.

16,90 euros. Delhaize.

11,95 euros. Leymarie, tél. : 081 81 14 02.

15,50 euros. Veluvins, tél. : 02 520 60 68.

18,34 euros. Veluvins, tél. : 02 520 60 68.

20,03 euros. V.P.S., tél. : 02 242 02 69.

21,60 euros. Leymarie, tél. : 081 81 14 02.

25,20 euros. De Coninck, tél. : 02 353 07 65.

26,70 euros. De Coninck, tél. : 02.53 07 65.

17,90 euros. De Coninck, tél. : 02 353 07 65.

22,50 euros. Catulle, tél. : 02 426 61 00

Depuis que les crus classés du Bordelais réservent leurs saveurs aux portefeuilles bien garnis, les seconds vins connaissent un essor sans précédent. L’idée n’est pas nouvelle. Le Pavillon Rouge du château Margaux est né en 1908. Le Château Pichon-Longueville Comtesse de Lalande envoya un second vin à l’Exposition de Moscou, en 1874… A l’origine, le second vin rassemble la production des jeunes vignes ou des cuvées jugées trop légères pour le grand vin. Celui-ci en sort grandi et son cadet, réalisé avec le même  » savoir faire « , peut séduire pour un prix plus débonnaire. En voici 15, retenus par notre jury après plusieurs dégustations à l’aveugle.

1. Amiral de Beychevelle 2002, Saint-Julien.

Son nom vient de baisse voile ( » beyche velle  » en gascon), salut des bateaux au duc d’Epernay, amiral de France et propriétaire de la forteresse médiévale qui précéda cette élégante demeure (XVIIIe siècle) et ses magnifiques jardins. Ce vaste domaine de 250 ha en réserve 90 aux cabernet- sauvignon (62 %), merlot (31 %), cabernet franc (5 %) et petit verdot (2 %). Remarquablement soigné, il peaufine l’un des meilleurs saint-julien. Le brillant second vin développe un nuage d’épices, de chêne et une belle fraîcheur ponctuée par la touche métallique du cabernet.

2. Le Benjamin de Beauregard 2001, Pomerol.

A Pomerol, où abondent petites propriétés et maisons de campagne, posséder 17,5 ha de vignes commandées par un vrai château, cela se remarque. D’autant qu’un architecte américain, sous le charme, en a construit une parfaite réplique à Port Washington (Long Island). C’est aussi un excellent cru nourrit par le merlot (70 %) et le cabernet franc. Prolongeant le nez (cassis, sureau, poivre, café, réglisse), la bouche du Benjamin apparaît concentrée, savoureuse, mais encore dominée par le chêne. Voilà qui mérite bien 3-4 ans de garde.

3. Château Bertrand Braneyre  » Cuvée Evelyne  » 2002, Haut-Médoc.

Acquis en 1993 par notre compatriote Ludwig Cooreman, cette propriété est passée de 11,5 à 16 ha plantés en merlot (40 %), cabernet-sauvignon (35 %), cabernet franc (17 %) et petit verdot. Dans le même temps, d’importants investissements dans les chais, le matériel et le vignoble lui permettent de s’affirmer sur les marchés internationaux. L’assemblage des jeunes vignes (en dessous de 30 ans !) et des cuvées plus légères, soit 30 % de la récolte, constituent la  » cuvée Evelyne « . Equilibré et joliment structuré sur des tanins sans rudesse, le 2002 marque sa jeunesse au palais.

4. Le Cloître du Château Prieuré-Lichine 2000, Margaux.

Ancien couvent de bénédictines, ce prieuré commercialisait ses vins bien avant la Révolution française et sa laïcisation. Alexis Lichine, critique et auteur d’ouvrages sur les vins, l’acquiert en 1954, lui donne son nom et l’enrichit de plusieurs parcelles. Depuis 1999, il appartient à la famille Gallande dont 2000 est le premier millésime. Fruité et riche, ce second vin atteint un séduisant niveau de qualité.

5. L’Esprit de Chevalier 2001 blanc, Pessac-Léognan.

Vignoble mythique des graves de Pessac, le domaine de Chevalier, agrandi et drainé, a pour originalité le tri exclusif à la vigne. Ce qui exige de nombreux passages pour ne cueillir que les grains sains et mûrs. En 1991, année difficile, la récolte des raisins blancs a pris 1 100 heures de travail par hectare ! La vinification joue la qualité de l’extraction, le séjour dans le chêne et la complexité. L’Esprit confirme des fleurs blanches, un boisé délicat et une chair mûre soulignée par une acidité mentholée.

6. Les Fiefs de Lagrange 2001, Saint-Julien.

Frappé par la crise économique des années 1930, Lagrange vivote chichement lorsqu’en 1987 Suntary débarque. Le géant nippon investit et ressuscite ce troisième cru avec les conseils et l’aide de Michel Delon (château Léoville-Las-Cases), du professeur Emile Peynaud puis de son collaborateur Marcel Ducasse. Dans la foulée, la seconde étiquette, Les Fiefs de Lagrange, adopte la même constance. Tout en promesses, le 2001 récite fruits, cardamome, café et réglisse avec une savoureuse jeunesse.

7. Les Fiefs de Lagrange 2002, Saint-Julien.

La vente de plusieurs parcelles durant sa période grise n’empêche pas Lagrange d’être l’un des plus vastes vignobles (109 ha) du Médoc et, ce qui ne court pas les domaines, d’un seul tenant. Mis en valeur par l’élevage, le cadet 2002 festoie dans les fruits (cerise noire modérément compotée) et intègre un beau boisé étayé d’épices. Equilibré par des tanins bien assimilés, il fait déjà chavirer les papilles. Et ce n’est qu’un début.

8. Marquise d’Alesme 2002, Margaux.

C’est le deuxième vin du Château Marquis d’Alesme Becker, un troisième cru au classement de 1855 très peu connu. Ce qui n’a pas empêché l’impression d’une étiquette de circonstance, en 1966, pour célébrer son 350e anniversaire ! Le domaine compte aujourd’hui 16 ha de merlot (45 %), cabernet-sauvignon (30 %), cabernet franc (15 %) et petit verdot. Ce 2002 nous a étonnés par sa tenue. Réglisse, café, cacao sillonnent un vin jeune au fruité mêlé d’épices et rythmé par des tanins encore bruts. Pour dans 2 ou 3 ans.

9. Moulin de La Lagune 1999, Haut-Médoc.

Premier cru classé rencontré en venant de Bordeaux, dont il n’est distant que d’une quinzaine de kilomètres, La Lagune et sa belle chartreuse du XVIIIe siècle règnent sur 77 ha de vignes. En 1999, le deuxième vin associe 40 % de cabernet-sauvignon, 34 % de cabernet franc et 26 de merlot cultivés sur un terroir de graves fines presque sableuses évoquant davantage les communes de Pessac et Léognan que les sols du médoc. Le Moulin de La Lagune exhale des notes de torréfaction, cacao et fruits cuits dans une matière  » viandeuse  » et complexe sur des tanins fondus. Il est à boire.

10. La Parde de Haut-Bailly 2002, Pessac-Léognan.

1955, le Belge Daniel Sanders assure le renouveau de Haut-Bailly. Son fils Jean poursuit son £uvre. 1988, le banquier Robert G. Wilmers apporte des capitaux et accorde sa confiance à son prédécesseur. Dans de telles conditions, les 28 ha de cabernet-sauvignon (65 %), merlot (25 %), cabernet franc et une vinification pointue donnent des vins superbes, fins, veloutés et persistants. Des qualités qui honorent La Parde 2002 au bouquet racé sur une bouche soyeuse et d’une étonnante pureté de fruits. Le plaisir !

11. Prélude à Grand-Puy Ducasse 2000, Pauillac.

Repris au classement de 1855 sous le nom d’Artigues-Arnaud, ce cinquième cru gère 3 parcelles (40 ha) de cabernet-sauvignon (60 %) et de merlot. Après une période sans gloire, la propriété renaît dans les années 1970 pour retrouver du panache deux décennies plus tard. Prélude provient de vignes d’une vingtaine d’années. Marqué de touches légères de torréfaction, le 2000 évolue avec souplesse dans une matière mûre et harmonieuse sur des tanins aimables. De quoi permettre d’attendre son aîné.

12. Réserve de la Comtesse 2001, Pauillac.

La sobre élégance du château Pichon-Longueville sied particulièrement à celle de ses vins. Energiquement dirigé par May-Eliane de Lencquesaing, il cumule les réussites.

A la puissante distinction des pauillac, il joint une finesse, de la rondeur et une chair séduisante que justifie sa proportion en raisins merlot et une petite dizaine d’hectares (sur les 75 du vignoble) sur saint-julien.

Des qualités qui se transmettent au second vin d’une réjouissante régularité. Lactique, le 2001 attaque avec fruité et se prolonge en souplesse sur un bois et des tanins élégants.

13. Saint-Paul de Dominique 2000, Saint-Emilion Grand Cru.

Le château La Dominique doit son nom à Saint-Domingue (Antilles) où son riche propriétaire fit fortune. Aujourd’hui, il doit sa classe à un industriel, Clément Fayat qui, depuis 1969, se bat pour l’introduire parmi les meilleurs saint-émilion, c’est-à-dire dans les grands crus classés.

Ce voisin de Cheval Blanc et de l’appellation pomerol peaufine 23 ha de merlot (80 %), cabernet franc (15 %) et cabernet-sauvignon.

Le cadet, Saint-Paul de Dominique étiquette un vin charnu, ample, mûr et souple avec des notes toastées, des épices orientales et des fruits noirs.

14. Le Sillage de Malartic 2003, Pessac-Léognan.

Depuis sa reprise, en 1997, par l’entrepreneur belge Alfred-Alexandre Bonnie, Malartic-Lagravière prospère et se dote de nouveaux chais, d’une cuvée ultramoderne et d’une installation conçue pour éviter au maximum la manipulation des raisins. Soins, technologie, situation et terroir confortent un vin absolument transcendant. Cela vaut aussi pour les excellents seconds crus. Délicieux, le blanc 2003 joue la fraîcheur du sauvignon (80 %) et des agrumes dans un vin élégant, d’une jolie finesse et persistant au palais. Au même prix, mais en 2001, le rouge balance fruits et épices dans une matière médiane sur des tanins fondus.

15. Les Tourelles de Longueville 2001, Pauillac.

Pour l’amateur, l’histoire de Pichon-Longueville commence avec son rachat, en 1988 par Axa. Le groupe d’assurances replante des parcelles, double le vignoble, fait appel à Michel Cazes (château Lynch-Bages), thésaurise les réussites et lance Les Tourelles de Longueville pour faire patienter les collectionneurs de Pichon Baron et réjouir les autres. Servi par une belle mâche, des arômes de cèdre, de grillé et de fruits noirs ponctués par une touche d’eucalyptus, le 2001 est vineux et pas pressé de s’ouvrir.

Serge Tonneau

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