Lovés dans des cocons sensuels, crèmes et parfums apaisent nos appétits de tendresse.

Le confort, ça commence dans la salle de bains. Finis les acides de fruits qui décapent l’épiderme, les gants de crin qui fouettent les sangs et le rouge à lèvres sans transfert qui ratatine la muqueuse labiale. Au stress qui grignote le mental et aux bistouris qui tirent les peaux la cosméto répond :  » Mollo !  »  » Dans un monde où tout bouge très vite et où la technologie prend le pas sur l’humain, nous avons besoin d’être réconfortés et de faire une pause, explique la sociologue Danielle Rapoport. On assiste à un recentrage sur les valeurs de l’intime, du personnel, avec une revendication du plaisir déculpabilisée.  » En résumé, il n’y a plus de mal à se faire du bien.

Les instituts renaissent donc en sas de décompression et les salons de coiffure en maisons de beauté. Les magasins deviennent les  » lieux d’harmonie intérieure « , tel Sephora Blanc, qui a ouvert, à Paris, au début de décembre, à Bercy Village. Cette boutique cocon tout en courbes, en douceur et en clarté entend donner du sens à la beauté. Trois espaces circulaires (rituels de bain, rituels de soin et cultures du monde) se succèdent dans un parcours initiatique visuel, tactile et olfactif qui vise à réconcilier le corps et l’âme. Entre les trois, des  » sas de déconditionnement et d’expérience sensorielle  » vous invitent à la pause, à la lecture ou au massage, loin du tumulte urbain. On y entre pour faire le plein de soins câlins, comme dans un ventre maternel. Et, comme on s’y sent bien, on y revient, pour les groupes de cosmétiques, le confort New Age… C’est tout bénéfice.

Bref, l’époque n’a plus qu’un mot à la bouche : polysensorialité. Les essences jouent sur l’humeur, les crèmes parlent à notre cerveau, les couleurs nous dynamisent ou nous déstressent (voir l’encadré ci-dessous). Bleu lavande et parfum fleur d’oranger, la crème Douceur de vie de Guinot flatte tous les sens et repose les traits. Les Masques visage et cheveux Secret d’Angel de Thierry Mugler nous enveloppent d’un cocon de tendresse. Les Parfums de peau Serge Lutens et la ligne Perfection du corps Truth de Calvin Klein ne parlent que d’intimité, de sensualité et de personnalisation.

Dans les pots, c’est la révolution.  » Une crème confortable est non seulement agréable à appliquer, mais laisse également la peau douce, souple, à l’aise toute la journée, sans coller ni briller « , estime Daniel Maes, directeur de la recherche chez Estée Lauder. Et, pour y parvenir, les formules sont déjà loin de la simple émulsion  » eau dans huile  » et des liposomes. Idealist, le dernier soin mi-crème, mi-sérum de la marque, inaugure une nouvelle génération de  » perfecteurs de peau  » :  » Sa texture est formulée avec une race inédite de polymères non occlusifs dispersés dans une émulsion  » eau dans eau « , sans aucune huile « , explique Daniel Maes. Il est censé lisser l’épiderme sans acides de fruits, atténuer les défauts avec des pigments correcteurs optiques, contrôler la production de sébum et lutter contre les radicaux libres grâce à un cocktail de vitamines. Les gels-crèmes pénètrent en un clin d’oeil, les silicones apportent fondant et velouté, les microéponges absorbent l’excès de sébum. On entre peu à peu dans l’ère des nano-émulsions (système d’homogénéisation très haute pression), encore plus fines, encore plus douces. Très difficile à maîtriser, cette technologie est déjà à l’oeuvre dans le Lait corps Ressources Lancôme et la Solution déstressante Chanel. On pourrait encore citer d’autres petites merveilles, la structure lamellaire du Soin contour des yeux Ophycée de Galénic, qui mime la couche cornée, ou le Sérum antisoif Clarins, une étonnante formule  » biphasée « . Sans oublier l’effet leurre, qui ajoute au confort moral : la plupart des crèmes anti-âge contiennent des polymères à effet tenseur et des pigments optiques piégeant la lumière. A tester notamment Anti Gravity Firming Lift Cream de Clinique.

Le maquillage découvre, lui aussi, les vertus du confort. Mascaras Stretch, poudres microfibres…  » C’est dans ce domaine que les textures ont le plus évolué, souligne Dominique Moncourtois, du studio de création de Chanel. Grâce à la microencapsulation des pigments et aux silicones volatils, les fards ont gagné en douceur, en glissant et en tenue. Mais, aujourd’hui, le confort, c’est surtout la sensation peau nue.  » D’où l’arrivée de fonds de teint et de fards à l’eau qui donnent une impression de fraîcheur à l’application et se font oublier toute la journée. Pour ces gourmandises cutanées, les cosmétologues du monde entier guettent les innovations de l’industrie textile, automobile, voire militaire ou agroalimentaire.  » Nous coopérons avec les fabricants de crèmes dessert, qui maîtrisent parfaitement les gélifiants et les émulsifiants « , avoue Dominique Moncourtois, qui rêve pour Chanel de blushs meringués et de fonds de teint café liégeois. Même les packagings s’y mettent : ronds, doux, caressants, ils se lovent dans la main comme des grigris.  » Quand on ferme nos boîtiers de maquillage, le bruit est aussi cossu que celui d’une portière de Jaguar « , précise Dominique Moncourtois.

Marianne Lenz

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